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"Onze mille préavis de grève" déposés à partir d'aujourd'hui


PAPEETE, le 03/05/2016 - Six organisations syndicales ont signé ce mardi matin un préavis de grève générale qui sera déposé aujourd'hui dans "onze mille entreprises sur les 28 000 que compte la Polynésie", selon Patrick Galenon, secrétaire générale de la CSTP-FO. Une action pour inciter le gouvernement à mettre en place des négociations au sujet de la réforme de la PSG 2. Une rencontre est d'ailleurs prévue cet après-midi avec le gouvernement et les syndicats pourraient ne pas s'y présenter.

Ils avaient annoncé la semaine dernière d'une menace d'un préavis de grève générale dans l'ensemble des entreprises polynésiennes. Aujourd'hui, c'est chose faite. Six organisations syndicales se sont retrouvées ce mardi matin au CESC pour signer un préavis de grève général dans chacune des entreprises où chaque syndicat est représenté. "Il y a un peu plus de 28 000 entreprises dans le Pays et O OE TO OE RIMA dit que nous allons déposer 11 000 préavis de grève", annonce Patrick Galenon, secrétaire générale de la CSTP-FO.

Dix points sont ainsi mis en avant :
- la PSG II
- le remboursement par le Pays de sa dette au régime général des salariés
- la réaffectation en dépense obligatoire de la CST au profit du RSPF
- la restitution des produits du fond de solidarité exceptionnel (FSE) au profit des salariés
- Non à la refonte du code du travail
- Prise en charge des salariés exposés aux radiations sur les sites de tirs
- Non à l'imposition sur les avantages en nature accordés au personnel par le CE
- Revoir les conditions d'admission au RSPF
- Application de la loi de Pays relative à la protection de l'emploi local
- la mise en place de la caisse de soutien au chômage

Des points que l'intersyndicale a déjà mis en avant lors de leur dernière conférence de presse, le 22 mars. Aujourd'hui, elles ne supportent plus de ne pas être écoutées. "Nous voulons préserver la PSG parce qu'on est en train de la sacrifier. Certaines personnes ont un ego démesuré et on voit que les plus démunis et les salariés commencent à avoir des problèmes et ils sont négligés", explique Patrick Galenon.

Le syndicaliste a vivement réagi aux propos tenus par le MEDEF dans les médias, lundi soir. "Le MEDEF se dit otage alors dites-moi qui en est l'instigateur. Monsieur Tapeta est toujours représentant du MEDEF au niveau du fond de gestion pour la formation, donc Monsieur Tapeta est à la fois le MEDEF et à la fois le gouvernement. Je ne comprends pas pourquoi le MEDEF se sentirait en otage alors que c'est l'instigateur et le complice. À un moment donné, il faut être sérieux".

Les préavis seront donc déposés dans la journée. Les six organisations syndicales qui les ont signés sont : la CSTP-FO, la CSIP, OTAHI, O OE TO OE RIMA, la COSAC et le FSEP, pour l'enseignement privé.

La CSTP-FO a d'ailleurs déposé des préavis lundi soir, au port autonome et à la manutention portuaire.

Ce mardi matin, les syndicalistes ont d'ailleurs reçu une invitation signée par la ministre de la solidarité, Tea Frogier. "Que représente-t-elle ?" a fustigé Patrick Galenon et de poursuivre. "La PSG concerne la santé et la solidarité, donc nous voulons discuter aussi bien avec la ministre de la solidarité, mais aussi avec le ministre de la santé et le décideur (le président NDLR). Sinon, cela ne sert à rien".

Du côté de la Présidence, on nous a assuré que le président Edouard Fritch sera bel et bien présent. Le rendez-vous est fixé à 14 h 30 dans la salle de conférence de presse, à la Présidence.

Est-ce que les organisations syndicales seront présentes ? Aucune certitude pour le moment, mais ce matin, elles nous ont confié qu'elles ne se déplaceront pas. Camperont-elles sur leurs décisions, on en saura un peu plus cet après-midi.

Si aucun accord n'est trouvé d'ici-là, le préavis de grève général sera effectif lundi matin à 00 heures.



Patrick Galenon
Secrétaire générale de la CSTP-FO

Est-ce-que vous demandez la tête de Monsieur Tapeta ?


"On ne demande pas la tête de Monsieur Tapeta, il a ses compétences et ses idées. Je me bats simplement sur le fait qu'on ne discute pas sérieusement avec des chiffres bien précis, notamment sur la maladie. On veut faire croire aux salariés et aux travailleurs que la caisse de retraite est en perdition, en fait c'est parce que le Pays doit, comme le disait la ministre, 24 milliards à la caisse de la retraite. Donc qu'ils remboursent d'abord ce qu'ils doivent et la caisse ne sera plus en perdition. Par contre, au niveau de la santé, c'est là qu'il y a des économies à faire. Malheureusement, on se trompe de cible et on préfère aller chercher sur les salariés les plus fragilisés et ceux qui ont perdu leur emploi. Il faut savoir qu'il y a à peu près 15 000 emplois qui ont été perdus depuis ces six dernières années, et on se retrouve avec plus de 80 000 personnes qui se retrouvent dans le besoin et ils sont mis sur la touche. Je ne pense pas que le gouvernement actuel, notamment, avec le responsable de la PSG, tel que c'est vu, on pourra s'en sortir. En fait la relance économique, il y a que cela de vrai et pour l'instant au lieu de croire aux énergies des forces extérieures, il faut croire d'abord en l'énergie des polynésiens."

Pensez-vous que votre mouvement sera suivi ?

"Tous sont des salariés qui cotisent à la CPS et c'est la CPS qui est en jeu parce qu'il ne faut pas oublier que c'est une caisse de prévoyance sociale. Donc c'est une assurance, les salariés cotisent pour que l'on puisse se soigner et que l'on puisse avoir une retraite décente. La solidarité est de la responsabilité du Pays. Alors on fait une confusion malhabile d'ailleurs pour faire croire que ce sont les syndicats qui sont irresponsables. En fait la solidarité c'est le propre du Pays et on préfère peut-être faire autre chose."

Comment allez-vous réussir à convaincre les salariés de se lever, parce qu'il y a certains mouvements de grève qui ont été peu suivis ?


"Est-ce que les gens ne se rendent pas compte tout de suite de ce qui va se passer ? Après on est dans la misère. Il faut savoir qu'il y a 2 000 à 3 000 entreprises qui ont fermé leurs portes depuis 2-3 ans. Aujourd'hui, on sait très bien qu'il y a des difficultés, donc il faut se serrer les coudes. Malheureusement, il y a certains qui veulent toujours vivre comme autrefois, c'est-à-dire dans le luxe et dans les privilèges, mais ce n'est plus possible, parce qu'il faut mieux distribuer le peu qu'on a et développer de nouvelles activités, dans l'économie bleue, dans les nouvelles technologies… non, on voit qu'on fait beaucoup de voyages et de communications.
Tout ce que je souhaite, c'est qu'on puisse négocier entre personnes intelligentes, censées et raisonnées. Le principe de se renvoyer la balle ne sert à rien. Dire que certains sont responsables et d'autres irresponsables ne sert à rien. J'attends que le MEDEF et le gouvernement, qui n'est qu'une seule personne, commence à y réfléchir, et que l'on se mette autour d'une table.
"


Six organisations syndicales ont signé ce mardi matin le préavis de grève général
Six organisations syndicales ont signé ce mardi matin le préavis de grève général

le Mardi 3 Mai 2016 à 11:48 | Lu 4798 fois