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"On va se chauffer comme un diesel": le défi de rouvrir sa terrasse avec pluie, jauges et couvre-feu


Paris, France | AFP | lundi 17/05/2021 - "On va se chauffer comme un diesel" pour "être vraiment prêts le 9 juin et encore plus le 30", dit la bistrotière Stéphanie Mathey. Entre météo capricieuse, jauges, riverains à cran et couvre-feu à 21h, rouvrir une terrasse de café ou restaurant mercredi est un exercice de haute voltige.

Dans deux jours, cafés, bars, brasseries et restaurants de tout le territoire qui possèdent une terrasse - 40% d'entre eux - pourront, après sept mois de fermeture, rouvrir ces espaces à 50% de leur capacité, avec des tables de six maximum, des règles très contraignantes qui rendront l'exploitation très peu rentable... d'autant que la météo est très incertaine.

Anne colle son nez à la vitre du Débonnaire, un bar restaurant du XIIIe arrondissement encore en travaux, et scrute les deux ouvriers qui installent le bar en laiton. "Ca va être magnifique ! J'adore les couleurs. C'est le seul bistrot du quartier, l'ambiance est familiale", dit à l'AFP cette "voisine et habituée".

Avec ses murs jaunes, roses et bleu turquoise ou marine, l'établissement a pris "un petit air de Floride", se réjouit sa gérante, Stéphanie Mathey, aussi à la tête de deux autres bistrots dans les XIIIe et XVIIIe arrondissements.

Elle juge "hyper stressante" la réouverture avec une demi-capacité pour ses "micro-terrasses" et se donne "quelques jours d'observation".

"On va se chauffer comme un diesel, chauffer l'équipe qui n'a pas travaillé depuis très longtemps" - tous les salariés ont répondu présent -, "retrouver où se trouvent les couteaux, les fourchettes", plaisante-t-elle, "pour être vraiment prêts le 9 juin et encore plus le 30".

"Mais remettre tout en marche pour quatre tables, est-ce que ça vaut le coup ? C'est une vraie question et je n'ai pas la réponse", dit-elle. 

L'alternative serait de maintenir les établissements fermés jusqu'au 9 juin, date à partir de laquelle cafés et restaurants pourront à nouveau accueillir des clients en intérieur, toujours en nombre limité, avec un couvre-feu décalé à 23H00, mais nombre de professionnels s'y refusent.

Envie de boire une pression sous une bâche, en pleine averse ?

Et la pluie pourrait encore compliquer les choses, les terrasses, qui doivent rester "à l'air libre", ne pouvant être "à la fois closes et couvertes", selon les termes du protocole sanitaire.

Sur une petite terrasse de moins de dix tables, le restaurateur peut toutefois échapper à la jauge de 50% s'il installe une "séparation" - paroi, panneau, paravent, jardinière - à hauteur du convive assis, mais tout cloisonnement latéral empêchant le "renouvellement de l'air naturel" ou bâche pour protéger les clients de la pluie, sont proscrits.

"Il faudra utiliser des parasols", dit à l'AFP Olivia Polski, adjointe au commerce de la maire de Paris Anne Hidalgo. "Les équipes de la Ville ont commencé ce lundi à inspecter les extensions de terrasses: pour ceux qui ne respectent pas la réglementation, il y aura d'abord une médiation... puis des sanctions". 

Mardi, aura lieu la dernière réunion de la concertation organisée par la municipalité entre professionnels et associations de riverains - parfois très virulentes -, visant à mieux encadrer et pérenniser les terrasses "éphémères" autorisées depuis l'été dernier sur des places de parking. Un nouveau règlement sera présenté au Conseil de Paris le 6 juillet.

Au Débonnaire, certains clients ont appelé pour réserver, mais Stéphanie Mathey leur a "gentiment dit non". "On n'a pas envie d'avoir des tables vides", si un ciel nuageux venait à décourager les convives, explique-t-elle.

Elle a aussi renoncé à installer des tables supplémentaires, de crainte d'indisposer le voisinage. "On ne l'a pas senti, on s'est dit que ça nous porterait préjudice à long terme".

Au-delà de la réouverture, la période estivale s'annonce difficile: l'an dernier les Parisiens étaient partis s'oxygéner sur le littoral et à la campagne et cet été, après une période de restrictions encore plus longue, ils devraient à nouveau déserter la ville et ses bars, cafés et restaurants.

le Lundi 17 Mai 2021 à 05:52 | Lu 149 fois