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Ocean VikingFin de première mission pour l'Ocean Viking, prêt à repartir malgré un contexte hostile


A BORD DE L'OCEAN VIKING, France | AFP | mardi 27/08/2019 - L'Ocean Viking, le bateau affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières, a regagné Marseille mardi après une première mission qui lui a permis de secourir 356 migrants au large des eaux libyennes, malgré un contexte difficile pour les ONG en Méditerranée.

Après 23 jours de mer, quatre sauvetages de canots en détresse, une tempête et un débarquement offshore des rescapés au large de Malte, le bateau s'est amarré en début d'après-midi dans le port de Marseille d'où il avait appareillé le 4 août, et d'où il se préparera à reprendre la mer sans doute "au cours du week-end" prochain pour une nouvelle mission, ont indiqué les responsables des deux ONG à bord.
Opérant dans un contexte de suspicions envers les organisations qui se portent au secours des migrants en Méditerranée, accusées de faire le jeu des passeurs, le bateau a patienté plus de douze jours en pleine mer, entre Lampedusa, l'ile italienne au large de la Sicile, et Malte, qui a finalement accepté de recueillir ses passagers vendredi soir suite à un accord de répartition entre plusieurs Etats européens.
Une situation difficile pour les personnes secourues, des hommes jeunes pour la grande majorité et beaucoup de mineurs de 15 à 18 ans voyageant seuls, contraints à la promiscuité sur le pont et au manque d’hygiène. Mais qui rend aussi les rotations des équipes totalement imprévisibles, pour MSF comme pour SOS Méditerranée, et coûteuses: une journée de l'Ocean Viking coûte 14.000 euros.

- Pire qu'avant -

"La situation en mer est vraiment pire qu'avant", ajoute Nicholas Romaniuk, coordinateur des opérations de secours. "On ne reçoit même plus d'alerte concernant les bateaux en détresse".
Deux des quatre sauvetages opérés entre le 9 et le 12 août ont pu être conduits parce que les embarcations avaient été repérées aux jumelles depuis la passerelle de l'Ocean Viking, grâce à une veille instaurée 24 heures sur 24 par les équipes de secours, rappelle-t-il. 
Ce fut le cas en particulier du dernier pneumatique secouru, le 12, avec 105 personnes à bord, qui a éclaté alors que les marins arrivés à leur portée distribuaient les gilets de sauvetage.
Deux autre opérations ont été lancées parce que les canots étaient survolés par des avions européens de l'opération Sofia en Méditerranée, qui n'ont cependant pas contacté l'Ocean Viking pour les signaler.
L'Europe a confié depuis plus d'un an aux garde-côtes libyens la tâche d'intercepter les embarcations se dirigeant vers ses côtes. Et depuis que l'Ocean Viking a quitté la zone des recherches et secours, au moins quatre interceptions ont eu lieu, de plus de 300 personnes, selon les recoupements de MSF. Dans la nuit de lundi à mardi, une autre aurait sombré avec 90 personnes à son bord, selon le réseau Alarm Phone qui essaie de tenir à jour ces macabres décomptes.
Les rescapés arrivés à bord ont tous raconté leur hantise d'être interceptés par les garde-côtes libyens qui les ramènent en Libye, où ils sont généralement placés en camp de rétention et maltraités.

- Ordures séparées - 

Pour cette raison, les départs continuent à un rythme accéléré grâce à une météo favorable, alors que plus aucun bateau humanitaire se trouve dans la zone des secours, relève encore M. Romaniuk.
D'un manière générale, très peu de bateaux humanitaires parviennent à maintenir leurs opérations en Méditerranée centrale, accusés de complicité avec les passeurs. "Notre job n'est pas de faire sortir les gens de Libye, mais d'empêcher qu'ils meurent en mer", répète pourtant M. Romaniuk.
Une dernière épreuve attendait encore les équipes en arrivant à quai: le débarquement des ordures. MSF a été accusé en 2018 par le procureur de Catane, en Sicile, d'avoir triché sur les ordures rapportées au port et de s'être débarrassé de "vêtements et d'effets appartenant à des rescapés risquant d'être contaminés par le virus HIV ou d'autres maladies" , résume Jay Berger, le coordinateur de MSF à bord.
"Ils cherchaient quelque chose pour nous bloquer", pense-t-il. Reste que désormais, "séparer les ordures relève de la simple précaution": celles des rescapés, distinctes de celles de l'équipage.

le Mardi 27 Août 2019 à 04:58 | Lu 214 fois