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Observation des baleines : nouvelle réglementation, plus de contrôles


"On veut mettre l’accent sur quatre axes : la vitesse, les équipements de sécurité, les contrôles des prestataires touristiques d'observation des baleines et les clubs de plongée", résume Emilia Chavez, directrice de cabinet au haut-commissaire. Crédit photo : haut-commissariat.
"On veut mettre l’accent sur quatre axes : la vitesse, les équipements de sécurité, les contrôles des prestataires touristiques d'observation des baleines et les clubs de plongée", résume Emilia Chavez, directrice de cabinet au haut-commissaire. Crédit photo : haut-commissariat.
Tahiti, le 5 juillet 2025 - Sous l’impulsion d’une nouvelle réglementation sur l’observation des baleines, l'action de l'Etat en mer place cette année les prestataires touristiques dans leur ligne de mire afin de bien vérifier le respect de ces nouvelles consignes qui visent à mieux concilier tourisme et faune marine.

Chaque année, à l’orée de la haute saison touristique, lorsque cétacés, plaisanciers et professionnels du nautisme convergent vers les lagons, l’État remet à l’eau son dispositif de surveillance. L’édition 2025 de la campagne nationale sur la sécurité des loisirs nautiques et de la plaisance a été lancée le 21 juin. Elle s’étendra jusqu’à la fin octobre.

Mais si l’opération reste fidèle à ses objectifs historiques – sécurité des usagers, prévention des accidents, partage raisonné des espaces maritimes –, elle s’accompagne cette année d’un changement de focale. La gendarmerie maritime entend cibler, entre autres, les excursions d’observation de baleines, soumises depuis l’an dernier à un encadrement strict.

"On veut mettre l’accent sur quatre axes : la vitesse, les équipements de sécurité, les contrôles des prestataires touristiques d'observation des baleines (whale watching, ndlr) et les clubs de plongée", résume Emilia Chavez, directrice de cabinet au haut-commissaire.
 
Un whale watching plus encadré

Depuis juillet 2024, un arrêté du Pays encadre plus rigoureusement les conditions de pratique du whale watching, en réaction à une multiplication des dérives signalées ces dernières années, notamment par les associations telles que Mata Tohora : trop grande proximité avec les cétacés, dérangement répété de groupes de baleines, mises à l’eau anarchiques, pressions touristiques croissantes sur les zones sensibles.

À présent, les prestataires doivent se plier à des règles précises. "L’observation est autorisée uniquement entre 7 h 30 et 17 h 30. Dans la zone des 300 mètres autour des baleines, seuls trois bateaux peuvent être présents simultanément. Et chaque société ne peut déployer qu’un seul bateau disposant d’une dérogation", précise le commandant Christophe Da Silva, chef de la brigade nautique de Papeete.
 

Des drones seront également déployés pour couvrir une plus grande zone de contrôle. Crédit photo : haut-commissariat.
Des drones seront également déployés pour couvrir une plus grande zone de contrôle. Crédit photo : haut-commissariat.
Aussi, seuls les guides agréés pourront réaliser la mise à l’eau des passagers - dans la limite de six personnes plus le guide. À défaut, l’activité se limite à l’observation depuis l’embarcation. Quant aux particuliers, le rappel est sans ambiguïté : "Ils n’ont jamais été autorisés à pratiquer le whale watching", insiste le commandant.
 
Les contrevenants s’exposent à des sanctions lourdes : retrait temporaire ou total de la dérogation, poursuites pénales en cas de récidive ou de comportement dangereux. La priorité des forces de sécurité est claire : faire respecter ces règles pour éviter que la pression touristique ne nuise à des espèces déjà fragilisées. Des drones seront également déployés pour couvrir une plus grande zone de contrôle.
 
Une coordination sur l’ensemble du territoire

L’an passé, les autorités avaient réalisé quelque 130 contrôles sur l’ensemble de la saison, principalement axés sur les jet-skis, les équipements de sécurité et les clubs de plongée. En parallèle, le JRCC (Centre de coordination de sauvetage aéromaritime) avait été mobilisé sur plus de 450 opérations de secours.
 
Pilotée dans le cadre de l’action de l’État en mer, la campagne 2025 s’appuie sur une coordination resserrée entre la gendarmerie nationale, la gendarmerie maritime, la police nationale et les services du Pays - notamment la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM), la Direction de l’environnement (DIREN) et la Direction de la jeunesse et des sports (DJS). Sur le terrain, ce sont près de 40 à 50 pilotes de la gendarmerie maritime qui seront mobilisés, avec une flotte de quinze bateaux et trois jet-skis pour couvrir l’ensemble des archipels.
 

La plongée pas épargnée par les contrôles

Depuis dix-huit mois, la gendarmerie a intensifié ses contrôles dans les clubs de plongée de Polynésie. "Avec l’IJSPF, nous avons constaté une légère hausse des accidents de plongée", indique le commandant de la brigade nautique de Papeete, Christophe Da Silva. Une vigilance accrue qui a conduit au contrôle de l’ensemble des clubs de Tahiti, Moorea, Bora Bora et Rangiroa.

Les vérifications se déroulent à la fois à terre et en mer. Dans les locaux, les gendarmes examinent l’état du matériel - détendeurs, gilets stabilisateurs, bouteilles - la conformité de l’affichage des diplômes, les autorisations de navigation, ou encore le statut des salariés. Les paramètres des plongées sont également passés au crible afin de s’assurer, par exemple, qu’un moniteur de niveau 1 n’a pas encadré une sortie au-delà des 20 mètres réglementaires.

En mer, les gendarmes peuvent inspecter les embarcations et même effectuer des plongées d’observation. À Rangiroa notamment, plusieurs établissements ont été rappelés à l’ordre pour des manquements mineurs. Dans de plus rares cas, des infractions plus sérieuses ont également été relevées.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Samedi 5 Juillet 2025 à 13:45 | Lu 1392 fois