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Nukutepipi, atoll inclusive


PAPEETE, le 24 juillet 2019 - Doté d'installations dignes d'un palace de luxe, l'atoll privé de Guy Laliberté à Nukutepipi possède pas moins de 17 bungalows et 3 villas et de toutes les facilités d'un grand établissement hôtelier... En plus des nombreuses oeuvres d'art et installations très "personnelles" voulues par le propriétaire comme un studio d'enregistrement dernier cri ou un observatoire astronomique.

A mi-chemin entre le musée à ciel ouvert et l’hôtel de luxe, l’atoll de Nukutepipi est doté d’installations assez déconcertantes. Après six ans de travaux et un investissement global de plus de douze milliards de Fcfp, l’atoll est centré autour d’un village constitué de 17 bungalows, 2 villas « juniors » et la villa de Guy Laliberté. Un salon-bar doté d’une installation sonore de 100 000 watts se déploie sur la plage, juste à côté d’une immense piscine à débordement.
 
Le style architectural retenu à Nukutepipi est extrêmement sobre, voire assez terne. « On voulait avoir une vision assez intégrée de l’architecture avec des matériaux qui vont vieillir naturellement, se griser et disparaître dans l’environnement », explique Richard Dulude, architecte pour Guy Laliberté et Lune Rouge. « Pour nous, architectes et designers, c’est difficile d’intégrer le turquoise et le vert. Donc l’idée de tout mettre en gris et en noir, c’est justement de permettre à travers les fenêtres et les ouvertures d’en faire des tableaux colorés ».

Spa, centre d'affaires, mini-cinéma...

Outre un restaurant, une salle de jeu, un mini-cinéma, un « centre d’affaires », un spa avec deux salles de massage et une salle de sport, l’atoll est également doté d’un centre de plongée, d’un espace nautique et de plusieurs installations sportives avec terrains de tennis, de beach-volley, de basket, de tir à l’arc ou même parcours santé. Plus insolite, Guy Laliberté a fait installer un observatoire de 26 mètres de haut au-dessus de la forêt primaire, ou encore un véritable observatoire d’astronomie sur l’un des coins reculés de l’île, un studio d’enregistrement démesuré avec du matériel à la pointe de la technologie. « L’équivalent en terme d’équipements du studio du Capitole à Los Angeles », explique son staff.
 
Enfin, l’atoll est parsemé d’œuvres d’art. Tiki, statues, sculptures, tableaux ou œuvres de la collection privée de Guy Laliberté pullulent sur Nukutepipi.… La Pergola, une chapelle métallique de 9 mètres de haut de l’artiste belge Wym Delevoye, perdue au cœur de la forêt, est sans contestation possible l’élément le plus insolite de l’atoll. « Il y a un côté volontairement surréaliste de mettre en contraste une réalité avec une autre », explique Richard Dulude. « Guy est un grand collectionneur et partout dans ses résidences, l’art fait partie de son univers. »

​Travailler à Nukutepipi

Selon sa responsable de la communication, l’une des raisons pour lesquelles Guy Laliberté a souhaité ouvrir son atoll de Nukutepipi aux médias locaux est le nombre de Polynésiens qui ont travaillé sur place ces six dernières années. Au quotidien, le staff de l’île est composé de 40 personnes. Un chiffre qui monte à 120 quand il y a des invités sur place. En période de travaux, il n’y a jamais eu plus que 100 à 120 personnes en permanence sur le chantier, affirme l’équipe de Guy Laliberté. « Et en tout, sur les six ans, on peut considérer qu’il y a eu 300 à 500 personnes différentes qui ont travaillé sur le projet ».
 
Aujourd’hui, l’équipe de Nukutepipi recrute dans différents corps de métiers. Il est d’ailleurs possible de postuler en répondant aux offres d’emploi à l’adresse [email protected]  . Mais attention, l’intégration passe d’abord par un premier CDD de quatre mois sans retour à Tahiti. « C’est un test difficile à passer », explique le directeur de la structure. « Ensuite, le rythme varie de 6 à 8 semaines sur place et 1 semaine de retour à Tahiti ».

L’incroyable projet d’autosuffisance alimentaire

Une grande partie du projet environnemental à Nukutepipi repose sur l’autosuffisance alimentaire que l’équipe de Guy Laliberté prévoit pour 2022 à 2025. Première étape aujourd’hui réglée, l’atoll est autonome en eau potable. Outre les 2 000 mètres cubes de capacité de stockage, les équipes sur place ont réussi à trouver la recette d’une eau potable « made in Nukutepipi ». Un équilibre entre 75% d’eau de pluie reminéralisée avec 25% d’eau de la lentille d’eau douce située sous la forêt primaire. Le mélange est filtré « au-delà de la qualité de filtration d’eau demandée pour les hôpitaux », explique le directeur de l’atoll, Romain Borie. Une eau potable déclinée en eau plate ou gazeuse, pour alimenter jusqu’à 200 personnes vivant en même temps sur l’atoll. Le seuil maximal étudié pour ne pas dépasser les capacités de Nukutepipi.
 
Côté agriculture, outre les 16 000 cocotiers de la cocoteraie, les 12 ruches installées sur l’île et le futur verger dans la zone couverte par la lentille d’eau douce, une zone d’exploitation agricole est toujours en cours de finition sur un sol sableux pourtant peu propice à l’exercice. A côté d’un poulailler destiné à accueillir près de 200 poules pondeuses, deux zones se distinguent : d’un côté 90 jardinières de sable et de compost pour les cultures tropicales et de l’autre 3 serres pour les cultures plus fragiles. Pour l’heure, 37 types de légumes différents sont prévus. « Mais bon, Guy Laliberté n’a pas encore eu le temps de s’intéresser à fond à cette partie, donc il n’est pas exclu que dans quelques mois nous soyons à 200 légumes différents », s’amuse un membre de l’équipe sur la zone agricole.
 
Sur place, une dizaine d’employés s’affairent quotidiennement à préparer le futur jardin d’Eden. « On est les mains vertes de Guy », s’amuse l’un d’entre eux. « Et ça va être incroyable quand ça va être fini ».

Pas de moustiques à Nukutepipi

L’une des curiosités de Nukutepipi est l’absence de moustiques ou de nonos. L’expérience est assez agréable et permet « un effet de confort », reconnaît l’équipe de Guy Laliberté. Le directeur d’exploitation, Romain Borie, explique qu’il n’y avait pas de moustique à l’origine sur l’atoll et que leur introduction a été ponctuellement et accidentellement causée par l’homme. Aujourd’hui, les moustiques ont été éradiqués et leur absence est contrôlée et surveillée au prix d’innombrables efforts et investissements.
 
En tout, 75 pièges de type filets à odeurs sont disposés sur l’ensemble de l’atoll. Chaque semaine, leur contenu est envoyé à l’Institut Louis Malardé pour analyse. Et lorsqu’un moustique est détecté, une procédure d’alerte conséquente est mise en place. Un jour par semaine, les employés de l’exploitation agricole de l’atoll ne font que du dé-gîtage. Des battues sont même organisées sur l’ensemble de l’atoll, pour détruire tous les gîtes éventuels. Des pastilles de chlore sont disposées dans les trous. En amont, tout ce qui est importé à Nukutepipi est traité et éventuellement mis en quarantaine.
 
Mêmes procédures pour éviter les infestations de rats, d’insectes importés ou de maladies. « On dépense une fortune pour ça, c’est vraiment un élément extrêmement important de la surveillance de l’écosystème de l’île », glisse un membre du staff.


Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 24 Juillet 2019 à 16:03 | Lu 4948 fois