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Nuku Hiva: l'ADAAE perd son terrain mais garde espoir


L'association va régulièrement à la rencontre des jeunes afin de transmettre son savoir sur l'autosuffisance alimentaire et les bases de la permaculture.
L'association va régulièrement à la rencontre des jeunes afin de transmettre son savoir sur l'autosuffisance alimentaire et les bases de la permaculture.
Nuku Hiva, le 7 juin 2021 - L’Association pour le développement de l’autosuffisance alimentaire et économique (ADAAE) va devoir quitter le terrain que la mairie mettait à sa disposition à Taiohae  depuis trois ans. Le couple porteur du projet, des bénévoles passionnés, cherche à présent un nouveau lieu à louer pour poursuivre son activité.

L’ADAAE Vahakekua est une petite association qui œuvre loin des projecteurs pour le bien commun. Une utopie qui prend forme dans le monde réel par la volonté de deux personnes, Olivier Gavinelli et Carine Courthiade. Ils travaillent sur l’autonomie alimentaire et économique depuis 43 ans et se sont spécialisés dans la permaculture en milieu tropical en 1994 dont ils ont fait, depuis, leur mode de vie. "À notre arrivée, un certain nombre de personnes pensait qu’on allait se planter", nous dit Olivier. En effet, ce couple d’agriculteurs non-conventionnels est arrivé à Nuku Hiva il y a un peu plus de trois ans avec une idée fixe : redonner aux habitants des Marquises leur souveraineté alimentaire. Pour ce faire, ils créent ensemble une Unité de production de semences (UPS) aux Marquises. Il s’agit de produire fruits, légumes et plantes aromatiques afin d’en recueillir les graines. En récoltant les semences et en les replantant sur plusieurs générations, les plantes s’adaptent au milieu dans lequel elles évoluent et deviennent plus résistantes et plus productives. Cela permet aussi de rendre la production locale indépendante des arrivages de graines, dont elle est actuellement tributaire.

"Nous sommes bénévoles tous les deux et nous ne touchons aucune subvention"

"Nous ne sommes pas des maraîchers, on produit des graines que l’on vend ensuite pour faire fonctionner l’association. Nous sommes bénévoles tous les deux et nous ne touchons aucune subvention, heureusement notre exploitation nous permet d’être autonomes alimentairement à 80%" rapporte Olivier. "Une autre partie de notre travail est de dispenser des formations sur l’autosuffisance alimentaire et la permaculture aux agriculteurs qui le désirent. La population locale nous apprécie et nous sollicite souvent. Nous avons récemment réalisé quelques sculptures d’animaux en bois, sur notre terrain, qui ont beaucoup plu aux jeunes de Taiohae."

Mais voilà, récemment le couple a appris que le terrain qui leur était alloué par une convention avec la mairie deviendrait bientôt une zone de compostage et qu’ils devraient donc quitter les lieux. "Ça nous a d’abord mis un coup d’apprendre ça. On s’est donné tant de mal. Le terrain était une plaque d’argile et une ancienne décharge sauvage, on est partis de zéro. Il a fallu reconstituer l’humus du sol avant de pouvoir l’exploiter. Aujourd’hui, on produit des variétés de légumes du monde entier, comme des baselles, des jicamas ou encore des piments d’Espelette, mais l’on valorise aussi les plantes locales y compris des plantes qui sont tombées dans l’oubli car non utilisées depuis des années, comme l’igname par exemple."

Un nouveau départ pour l’association

Le couple est maintenant à la recherche d’un terrain du Service de développement rural (SDR), c’est-à-dire un terrain à louer au territoire pour pouvoir poursuivre son activité dans de meilleures conditions "Finalement c’est une bonne nouvelle. Ce terrain, mal situé, était devenu trop petit pour notre exploitation. C’est l’occasion pour nous de développer notre activité. Nous avons plein de jeunes arbres fruitiers à transplanter, nous n’avions pas assez de place ici pour le faire. Un terrain plus grand nous permettrait également de commencer à faire un peu de maraîchage afin d’avoir une rentrée d’argent. "

Les deux permaculteurs semblent confiants quant à leur avenir dans l’archipel. Il y a quelques semaines Olivier était  à Ua Pou pour donner des graines aux agriculteurs de l’île avec un message : "Je ne vous donne pas ces graines pour gagner de l’argent, avait-il dit, je vous les donne pour qu’à votre tour vous les plantiez et les replantiez, ce n’est pas le travail d’un individu qui changera le monde mais le travail de tous les individus".

Carine Courthiade cofondatrice de l'ADAAE Vahekekua.
Carine Courthiade cofondatrice de l'ADAAE Vahekekua.

Rédigé par Jean Ollivier le Lundi 7 Juin 2021 à 12:52 | Lu 1591 fois