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Nouvelle mission « de contact » du Forum du Pacifique à Fidji


Franck Bainimarama
Franck Bainimarama
SUVA, mercredi 10 avril 2013 (Flash d’Océanie) – Une nouvelle mission « de contact » du Forum des Îles du Pacifique (FIP) devrait être à pied d’œuvre jeudi à Suva dans le cadre d’une nouvelle évaluation de visu des avancées annoncées en matière de retour de cet archipel à la démocratie, après le putsch du 5 décembre 2006.

L’annonce est venue mercredi de Wellington, où le ministre néo-zélandais des affaires étrangères, Murray McCully, dans un communiqué,
annonce ce déplacement à Suva pour « présider la réunion » de ce groupe de contact mis en place par la FIP.
Le Forum a suspendu Fidji de son statut de membre plein en mai 2009, estimant que les précédentes promesses faites par le Contre-amiral Franck Bainimarama (qui dirige le gouvernement issu de son coup d’État) n’avaient pas été tenues.

« Il s’agit de la première visite du groupe de contact du Forum depuis mai 2012 », rappelle M. McCully. Ce groupe est le mécanisme mis en place par les dirigeants du Forum lors d’une réunion spéciale à Auckland en 2008 pour surveiller les évolutions à Fidji (…) Cette visite est importante dans la mesure où elle précède le sommet des dirigeants du Forum, aux îles Marshall, en septembre 2013. Tout comme la Nouvelle-Zélande, le FIP croit aux vertus de la poursuite d’un engagement sous forme de dialogue avec Fidji pur l’encourager à accepter les normes démocratiques internationalement reconnues », ajoute le chef de la diplomatie néo-zélandaise.
Au sein de ce groupe de contact se trouveront aussi des représentants des gouvernements d’Australie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, de Samoa, de Tuvalu et de Vanuatu.
Le 4 avril 2013, Julia Gillard, Première ministre australienne, réitérait la volonté de son gouvernement de voir Fidji tenir ses promesses d’élections (annoncée pour septembre 2014).

Évolutions et récentes controverses

Au plan du processus de retour à la démocratie, la phase intermédiaire d’élaboration d’un nouvelle constitution a connu, ces dernières semaines, quelques bouleversements : le projet de former une Assemblée Constituante, chargée d’entériner un projet de Constitution déjà repris en main par le gouvernement, a été abandonné et remplacé par un processus de consultations directes avec le public, soit lors de réunions, soit lors d’émissions en direct à la radio nationale, soit par voie électronique (courriels, commentaire sur les réseaux sociaux).
Le Contre-amiral a participé en personne à plusieurs de ces émissions radiophonique en direct, se faisant l’avocat de son processus de retour à la démocratie.
Cette période de consultations a été étendue au 26 avril 2013.

Un précédent projet de Constitution, élaboré par une Commission présidée par l’universitaire kenyan Yash Ghai au terme de quatre mois de consultations publiques, et remis fin 2012, avait été jugé inapproprié.


M. Bainimarama a par ailleurs clairement annoncé le mois dernier son intention de se présenter à ces législatives, à la tête d’une formation politique restant à définir et qui pourrait avoir comme noyau dur les membres de son exécutif actuel.

Ce processus de consultations directes a suscité, ces derniers jours, plusieurs réactions adverses de la part d’un groupe de chefs coutumiers de Fidji, menés par l’ancienne ministre de l’éducation Ro Temumu Kepa, opposante notoire au régime actuel.
Le 4 avril 2013, à la tête d’une délégation de chefs de sa confédération de Rewa, elle remettait une lettre sous forme de pétition aux services juridiques du gouvernement, rejetant en bloc et considérant comme « régressif » le projet de Constitution tel que « révisé » par le gouvernement actuel.
Les chefs de cette région, au cours de cette démonstration de force, dans la capitale, ont aussi réitéré leur point de vue selon lequel le gouvernement actuel, issu du putsch, était « illégal ».

Un autre groupe politique, connu sous le nom de Front Uni pour Un Fidji Démocratique (United Front for a Democratic Fiji), est constitué de plusieurs anciens dirigeants du pays (tels que l’ancien Premier ministre travailliste Mahendra Chaudhry, l’ancien chef de l’opposition Mick Beddoes).
Lors de réunions qui ont déjà débuté, il appelle aussi à un rejet du projet de Constitution, estimant qu’il a été imposé par un régime non élu et que la meilleure façon de remédier à ces manquements serait, a minima, de rétablir le concept d’Assemblée Constituante et d’y ajouter un processus de référendum national et même d’une commission pour la Vérité et la Réconciliation, en mode Sud-africain.

L’ancien Premier ministre Laisenia Qarase, renversé par le putsch de décembre 2006, a été libéré le 6 avril 2013 après avoir purgé huit des douze mois de prison auxquels il avait été condamné par la Haute Cour de Suva pour une affaire de fraude et de trafic d’influence, au cours des années 1990.
Il n’a pas exclu un éventuel retour en politique.
Le projet de Constitution interdit à tout individu ayant un casier judiciaire de se présenter aux élections.

pad[

Rédigé par PAD le Mercredi 10 Avril 2013 à 06:56 | Lu 386 fois