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Nouvelle crise entre Kiev et Moscou après une confrontation maritime au large de la Crimée


Kiev, Ukraine | AFP | lundi 26/11/2018 - L'Ukraine et la Russie étaient engagées lundi dans leur pire bras de fer depuis des années, Kiev et plusieurs de ses alliés occidentaux demandant à Moscou de libérer les marins et navires ukrainiens capturés la veille par des gardes-côtes russes au large de la Crimée.

La Russie s'est défendue en affirmant avoir agi "en stricte conformité" avec "le droit international", par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, qui a dénoncé "une intrusion de navires" ukrainiens "dans les eaux territoriales" russes. 
Dimanche soir, des bateaux des gardes-frontières russes se sont emparés de trois navires ukrainiens --deux petites vedettes blindées et un remorqueur-- après leur avoir tiré dessus, faisant une vingtaine de blessés.
Cet incident armé a fait plusieurs blessés parmi les Ukrainiens --six selon Kiev, trois selon Moscou-- et suscité un tollé en Ukraine et chez ses alliés occidentaux.
 

 - Emploi de la force "injustifiable" -

 
Le Conseil de sécurité de l'Onu tiendra lundi une réunion d'urgence réclamée par les deux pays tandis que l'Otan a annoncé une réunion extraordinaire avec l'Ukraine lundi à Bruxelles.
"Rien ne paraît justifier cet emploi de la force par la Russie", a réagi un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Londres condamnant pour sa part "l'acte d'agression" de la Russie.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui condamné sur Twitter "l'usage de la force par la Russie" et des représentants des Etats membres de l'UE ont été convoqués à Bruxelles pour faire "un point de la situation", selon plusieurs sources à l'AFP.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a lui jugé "inacceptable" tout blocage par la Russie du passage dans la mer d'Azov.
"C'était un acte d'agression prémédité contre l'Ukraine de la part de la Russie", a dénoncé lundi le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine, demandant à Moscou de libérer "immédiatement" ses marins et les trois navires.
A l'appel du président ukrainien Petro Porochenko, le Parlement ukrainien s'est réuni pour une session extraordinaire à l'issue de laquelle il pourrait déclarer la loi martiale pour 60 jours. 
"Nous n'excluons pas de nouveaux actes d'agressions en mer et sur le sol", a souligné M. Klimkine pour expliquer la nécessité d'une telle décision. 
 

- Accès à la mer d'Azov -

 
Les incidents ont commencé quand la petite flottille ukrainienne a tenté d'entrer depuis la mer Noire dans le détroit de Kertch, séparant la Crimée annexée de la Russie et marquant l'accès à la mer d'Azov.
Selon Kiev, des bateaux russes ont percuté le remorqueur ukrainien puis bloqué l'accès à la mer d'Azov, partagée entre la Russie et l'Ukraine et proche des territoires séparatistes pro-russes. Moscou assure pour sa part que les navires avaient pénétré dans les eaux territoriales russes et ne répondaient pas à ses injonctions. 
Mais ces incidents ne sont que la dernière étape d'une lente montée des tensions autour du détroit de Kertch, dont la Russie revendique le contrôle depuis l'annexion de la Crimée. Moscou a d'ailleurs construit un pont reliant la Russie et la péninsule, inauguré en grande pompe par Vladimir Poutine en mai.
Kiev et les Occidentaux ont régulièrement accusé ces derniers mois la Russie d'"entraver" délibérément la navigation des navires commerciaux entre la mer Noire et la mer d'Azov.
Immédiatement après les incidents, plusieurs centaines de personnes ont protesté contre les agissements de la Russie dans plusieurs villes d'Ukraine. A Kiev, un millier de militants nationalistes se sont rassemblés en centre-ville lundi, lançant des fumigènes.  
Plusieurs dizaines d'Ukrainiens ont aussi protesté devant l'ambassade russe dans la nuit de dimanche à lundi et selon les médias locaux, une voiture appartenant à un diplomate russe a été brûlée.
C'est un nouvel épisode de la crise russo-ukrainienne, commencée avec le soulèvement pro-européen du Maïdan qui a débouché sur la fuite en Russie du président prorusse Viktor Ianoukovitch et sa destitution en février 2014. 
Un mois plus tard, la Russie annexait la péninsule ukrainienne de Crimée et en avril de la même année, un conflit armé entre Kiev et les séparatistes prorusses éclatait dans l'est de l'Ukraine, faisant depuis plus de 10.000 morts.
Kiev et l'Occident accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes, ce que Moscou nie farouchement. Les pays occidentaux ont imposé des sanctions économiques à la Russie pour l'annexion de la Crimée et son rôle dans la guerre dans l'Est de l'Ukraine, Moscou répliquant avec ses propres sanctions économiques. 

le Lundi 26 Novembre 2018 à 05:06 | Lu 241 fois