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Nomination d’un nouveau chef pour la délégation européenne dans le Pacifique


Mme Ashton a annoncé, pour ce poste régional de Suva, le nom de M. Andrew Jacobs
Mme Ashton a annoncé, pour ce poste régional de Suva, le nom de M. Andrew Jacobs
BRUXELLES, lundi 12 novembre 2012 (Flash d’Océanie) – Catherine Ashton, Haute représentante et vice-présidente de la Commission Européenne, a annoncé vendredi 9 novembre 2012 la nomination de plusieurs chefs de délégations au sein du service d’action extérieure, y compris pour la délégation européenne pour le Pacifique, basée à Suva (Fidji).
Dans cette annonce, Mme Ashton a annoncé, pour ce poste régional de Suva, le nom de M. Andrew Jacobs, qui occupe actuellement les fonctions de directeur de la cellule « pays voisins du Sud » au sein de la Commission.

Depuis avril 2012, la délégation régionale de l’Union Européenne pour le Pacifique se cherche un nouveau chef après le départ précipité de son chef de mission, l’Ambassadeur franco-sénégalais Abdoul Aziz M'Baye, qui est désormais Directeur de Cabinet du nouveau Président sénégalais Macky Sall, à l’issue des récentes élections dans ce pays africain.
Ce diplomate de carrière, qui a effectué une grande partie de sa carrière en France, avait déjà multiplié les allers-retours entre le Pacifique et l’Afrique au cours des semaines ayant précédé ces élections sénégalaises.
Juste après l’élection de M. Sall, il avait aussi participé à un voyage à Paris à l’occasion de la première visite officielle du Président.
À l’issue de ces rencontres, il a notamment été annoncé mercredi 18 avril 2012 un prêt de la France au Sénégal à hauteur de quelque 130 millions d'euros, mais aussi la signature d’un nouvel accord de défense.

Mi-avril 2012, le gouvernement fidjien, pour sa part, annonçait par voie de communiqué avoir donné une réception officielle en l’honneur du diplomate, auquel le ministre local des affaires étrangères, Ratu Inoke Kubuabola a notamment rendu hommage et remercié le désormais ex-diplomate européen pour sa « contribution au renforcement des relations entre Fidji et l’Union Européenne ».
À la suite du coup d’État du 5 décembre 2006, l’Union Européenne a gelé une partie de ses fonds non humanitaires au bénéfice de Fidji, à hauteur de plus de deux cent millions d’euros, au motif d’une contravention aux principes fondamentaux de l’Accord de Cotonou (article 16) entre Bruxelles et les pays du groupe ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) dont Fidji fait partie.
Ces principes concernent au premier chef les notions de démocratie, de droits humains, de bonne gouvernance et d’état de droit.
En réponse, M. M'Baye a rappelé sa conviction selon laquelle Fidji « n’est pas seulement important en tant que base régionale de la délégation européenne dans le Pacifique, mais aussi du fait que ce pays est mondialement reconnu comme étant le « hub » (carrefour) du Pacifique ».

Début 2012, le gouvernement fidjien, dirigé par le Contre-amiral Franck Bainimarama, a annoncé la levée des mesures d’exceptions imposées depuis avril 2009.
En réaction, l’UE avait réagi favorablement à cette levée effective de l’état d’urgence, intervenue samedi 7 janvier 2012 à 0h00 locales (GMT+13).
Dans un communiqué, le bureau régional de l’UE « accueille favorablement la levée des règles d’urgence publique, le 7 janvier 2012, comme annoncé par le Premier ministre provisoire, le Contre-amiral Franck Bainimarama (…) et attend le début d’un processus de consultations sans exclusive en vue d’une nouvelle Constitution, comme il a été annoncé à la même occasion ».
L’UE, dans le même message, qualifiait ainsi cette levée de l’état d’urgence d’ « étape importante en vue du rétablissement de la démocratie et de la tenue d’élections crédibles et transparentes ».
« Fidji est un pays clé dans les relations de l’Union Européenne avec le Pacifique et l’UE appelle de ses vœux le rétablissement de la démocratie ainsi que la présentation de détails supplémentaires concernant le processus menant à des élections crédibles et transparentes à Fidji, en vue de pouvoir soutenir ce processus, avec d’autres partenaires régionaux et internationaux », ajoutait alors le texte.

Fidji a aussi réaffirmé début 2012 la tenue d’élections pour le dernier trimestre 2014, avant quoi le gouvernement veut au préalable lancer un processus de consultations de vue de rédiger une nouvelle Constitution (la précédente a été abrogée en avril 2009) qui supprimerait notamment la notion de circonscriptions réservées à l’un ou l’autre des deux principales ethnies du pays, les Fidjiens mélanésiens indigènes et ceux d’origine indienne.
Ce processus est en cours, ainsi qu’un exercice d’enregistrement des électeurs sur de nouvelles listes.
« Fidji doit pouvoir élaborer sa feuille de route (de retour à la démocratie) en accord avec son propre processus », a commenté Abdoul Aziz M’Baye.
Courant juillet 2012, une mission conjointe des parlementaires de l’UE et des pays ACP s’est rendue à Fidji pour se rendre compte sur place de l’état d’avancement de ces projets et des conditions de respects de libertés fondamentales, piliers de l’article 96 de l’Accord de Cotonou (signé entre les pays ACP et l’UE).
Trois missions internationales, en guise de préparation à ce retour, sont auparavant venues au cours des semaines précédentes : l’une du Commonwealth, l’autre du Forum des îles du Pacifique et la dernière du siège des Nations-Unies.
Toutes ces missions avaient pour objectif commun de faire un état des lieux de la situation, sur le terrain, mais aussi d’évaluer les éventuels besoins de Fidji afin de négocier dans les meilleures conditions ce retour à un mode de gouvernement démocratique et constitutionnel.

Abdoul Aziz M’Baye, 57 ans, Franco-Sénégalais ancien chercheur au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) en mathématiques et physique, avait pris ses fonctions de chef de la délégation de l’Union Européenne pour le Pacifique fin octobre 2011.
Depuis sa prise de poste à la tête de la délégation européenne en Océanie, il s’était aussi rendu en Nouvelle-Calédonie, mi-novembre 2011, puis en Polynésie française, où à chaque fois il avait rencontré les représentants de l’État français ainsi que du gouvernement et des institutions locales.
Depuis son siège de Suva (Fidji), la délégation régionale de l’UE couvre les 14 États insulaires membres du Forum des Îles du Pacifique, par ailleurs membres du groupement ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique), mais aussi les quatre PTOM du Pacifique, dont les trois français (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna) et la petite dépendance britannique de Pitcairn.

Coopération renforcée entre l’Australie et l’UE

Par ailleurs, fin octobre 2011, l’UE et le gouvernement australien annonçaient une initiative innovante en matière de coopération régionale : à l’occasion de la visite en Australie de Mme Catherine Ashton, qui dirige la diplomatie européenne, elle et son homologue australien, à l'époque Kevin Rudd, ont dévoilé un partenariat d’un genre nouveau et qui concerne directement le Pacifique et en particulier les îles Fidji.
Dans le cadre d’un accord de réciprocité, désormais l’UE devrait confier à l’Australie une partie importante de la mise en œuvre de son aide au développement à Fidji.
Dans l’autre sens, l’Europe apportera son appui logistique, dans les mêmes conditions, à Canberra, pour sa coopération avec le Sud Soudan, en Afrique, continent où l’Australie veut être de plus en plus visible.
« Dans le cadre de ces arrangements, avec Fidji comme exemple, l’UE nous chargera de mettre en œuvre ses projets, conjointement avec nous, sous une double étiquette UE-Australie », a précisé M. Rudd lors d’une conférence de presse fin octobre aux côtés de Mme Ashton.
Cette forme d’accord pourrait être suivie d’autres applications à l’avenir, en fonction des retours d’expériences de ces projets soudanais et fidjiens.

pad

Rédigé par PAD le Dimanche 11 Novembre 2012 à 20:59 | Lu 1274 fois