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Nicolas Hulot revient, au moins à la tête de sa fondation


Paris, France | AFP | mercredi 30/01/2019 - Retour à la case ONG pour l'ex-ministre Nicolas Hulot, qui a promis de revenir dans l'arène pour défendre la transition écologique et, dans un premier temps, retrouve la tête de sa fondation.

"Dans ce monde qui se fragmente, je veux modestement essayer d'être un trait d'union", a-t-il expliqué dans un communiqué, après sa désignation mercredi comme président d'honneur de la FNH, qui reprend par la même occasion son nom originel de "Fondation Nicolas Hulot".
La démission d'Audrey Pulvar, qui le remplaçait depuis son entrée au gouvernement en mai 2017, a été actée par le conseil d'administration. L'économiste Alain Grandjean est nommé président au côté du président d'honneur.
"Le tandem économie et écologie est inscrit désormais jusque dans la gouvernance de la FNH", explique la structure, fondée en 1990 par l'ex-animateur télé.
Alain Grandjean, compagnon de route de longue date, assurera "une présidence plus opérationnelle", explique Nicolas Hulot.
Alors quelle place concrète l'avocat en chef du climat prendra-t-il finalement, cinq mois après son départ du gouvernement? Que va-t-il faire de sa popularité, lui qui reste la personnalité politique préférée des Français selon un sondage paru mi-janvier?
En démissionnant, il avait annoncé son intention de rester mobilisé, mais pas en politique.
"Avec la Fondation, je m'efforcerai plus que jamais d'être aux côtés de ceux qui font émerger les solutions, de valoriser les initiatives citoyennes pour qu'elles inspirent l'action politique (...) nous essaierons plus encore d'aider la créativité et les actions de solidarité", explique-t-il mercredi.
Et cette "fonction (sera) compatible avec d'autres formes d'actions et d'interventions", ajoute la FNH.
 

- "Voix forte" -

 
Les attentes sont grandes. Le réchauffement climatique arrive à un moment charnière, avec une hausse des températures de 1,5°C attendu dès 2030. Les mesures sont insuffisantes et le mouvement des "gilets jaunes" a relégué les préoccupations environnementales au second plan.
A la tête de sa fondation, Nicolas Hulot "sera obligé de prendre position sur un certain nombre de sujets", souligne Géraud Guibert, du think tank La Fabrique écologique, qui se réjouit du retour d'"une voix forte": "en terme de rayonnement médiatique, il n'a pas d'égal".
Mais il devra être "porteur de solutions concrètes", dit-il. "On n'en est plus à l'époque de la sensibilisation", et "son expérience" ministérielle sera "un plus".
Le militant de 63 ans pourra s'appuyer sur une mobilisation grandissante de la rue, suscitée en partie par sa démission.
Son retour serait "une excellente nouvelle", estime Ludovic Bayle, du collectif "Citoyens pour le climat", à l'origine des marches pour l'action climatique: "son passage au gouvernement lui a permis de voir la complication, d'être plus dans le concret".
"Nicolas Hulot apporterait une voix supplémentaire à un mouvement dynamique, et tout le monde serait content", résume Simon Persico, professeur à Sciences-Po Grenoble.
"Après, la question reste toujours celle du débouché politique", ajoute-t-il. "L'écologie, autour de l'enjeu climatique et des questions d'inégalité et de solidarité qu'elle pose... est aujourd'hui ce qui pourrait recomposer la gauche. Mais aura-t-il l'ambition d'y participer? de soutenir une éventuelle dynamique politique collective?"
Dans l'immédiat, selon Le Parisien, Nicolas Hulot travaille à un texte avec le WWF porteur d'idées pour les européennes, mais hors parti.
Au-delà de ce possible texte commun, ce sera "un engagement transversal, à l'arrière-plan des partis", souligne son ami, le philosophe Dominique Bourg, qui lui au contraire a quitté le conseil scientifique de la FNH pour se présenter avec Delphine Batho aux européennes.
L'universitaire voit l'influence de Hulot "presque renforcée par son départ (du gouvernement), qui a incarné le refus de l'obstruction". "Sa voix peut aider à faire que celle de la jeunesse se diffuse plus, à faire comprendre à ceux qui ne veulent pas."
Et ensuite? Une incursion en politique à la faveur d'une éventuelle recomposition du paysage?
"On ne bouscule pas ses amis!", répond M. Bourg. "Pour le moment il répond non. Mais de l'eau va couler sous les ponts dans les mois à venir. Peut-être qu'avec le temps il changera d'avis". 

le Mercredi 30 Janvier 2019 à 05:38 | Lu 224 fois