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Navigation traditionnelle : Teiva Véronique, en mode partage à Nantes

Teiva Véronique s’est lancé dans un projet ambitieux, celui de promouvoir la navigation traditionnelle. Il est actuellement à Nantes pour participer au salon « La mer XXL ». Avec son entreprise Moana Explorer, il a également en chantier la construction d’une dizaine de pirogues Holopuni pour son école de voile traditionnelle à Arue, avec en ligne de mire une participation aux premiers championnats du monde de Holopuni en fin d’année. Interview.


Teiva Véronique œuvre pour redynamiser la navigation à la voile
Teiva Véronique œuvre pour redynamiser la navigation à la voile
Parole à Teiva Véronique :
 
Quelques mots de présentation ?
 
« Je suis Teiva Véronique, le gérant de l’école de pirogue à voile et de la société Moana Explorer. La première propose des activités de formation, d’animation pour la navigation traditionnelle et la deuxième propose des animations touristiques sur des pirogues à voile. On a fait le choix de se mettre en société pour avoir la possibilité de tout faire, de tout gérer plus facilement qu’une association. »
 
Quelle a été la motivation pour ce projet ?
 
« Diverses expériences dans des associations comme Faafaite, la fédération tahitienne de voile, l’école de voile d’Arue, la mairie de Faa’a avec le fare va’a avec lequel je suis intervenu…m’ont permis de murir et de faire naitre ce projet qui nous permet de mieux s’impliquer et d’apporter notre pierre à l’édifice pour redynamiser la navigation traditionnelle et la partager avec le plus grand nombre. »
 
Quelques mots sur ce déplacement à Nantes ?
 
« Du 29 juin au 10 juillet, deux intervenants Polynésiens, Alex Sanchez Tohitika et moi-même, on est au salon « La mer XXL » qui se déroule à Nantes. On y crée des ateliers autour de la navigation traditionnelle pour partager nos connaissances avec tous les visiteurs du salon, pour mieux faire rayonner le savoir-faire et les compétences des navigateurs polynésiens. »
 
« C’est une très belle expérience à vivre que de partager et faire découvrir notre passion, notre culture, nos connaissances à des personnes qui ne les connaissent pas forcément, qui sont intéressées mais qui n’ont pas eu l’occasion d’y toucher ni de poser des questions. C’est aussi une vitrine supplémentaire pour faire connaître la Polynésie et promouvoir les activités que l’on propose dans nos îles. »

Teiva Véronique et Alex Sanchez Tohitika, deux passionnés de navigation traditionnelle
Teiva Véronique et Alex Sanchez Tohitika, deux passionnés de navigation traditionnelle
L’aspect formation, au niveau de l’école de voile, est important ?
 
« Oui, car au-delà d’une activité nautique, il y a un aspect symbolique. La pirogue est partout sur nos drapeaux, sur nos logos mais qu’est-ce qu’on en a fait aujourd’hui ? Nous, on est là aujourd’hui pour créer autour de la pirogue traditionnelle un véritable échange, partage, transmission de savoir qui fait partie de notre ADN. Les Polynésiens se transmettent le savoir de père en fils, de génération en génération et le font perdurer. Faire revivre ce savoir est une chose, mais si on ne le partage pas, il y a le risque de perdre à nouveau ces connaissances-là. Il faut faire revivre ce savoir, il faut le partager grâce à des activités diverses autour de la pirogue à voile, des animations touristiques, des applications dans divers projets comme l’organisation de régates, à travers Fafaaite ou à travers la participation à des salons, c’est le moyen d’aller jusqu’au bout de tout ça. »
 
Des pirogues sont en construction ?
 
« C’est un gros projet qui mobilise beaucoup de temps, de moyens, d’argent aussi. On a dû aller frapper à plusieurs portes pour le financement, on y est arrivés. On a lancé la construction de dix pirogues à voile qui vont permettre à un plus grand nombre de pouvoir apprendre à naviguer, de pouvoir augmenter leurs connaissances de la navigation, de se rapprocher de la mer, d’avoir du plaisir aussi à naviguer sur l’eau. Cela permettra, pourquoi pas, de créer des vocations de moniteur de voile, de skipper, de capitaine de pirogue à voile. »
 
Il y aura un championnat du monde de Holopuni cette année ?
 
« Oui, ce sera la première édition. Le regroupement que l’on faisait chaque année, qui s’appelle le « Holopuni Voyage », se transforme en championnat du monde. Ce sera un gros événement car on s’ouvre à l’international donc on va permettre à des équipes étrangères de venir partager avec nous nos aventures grâce à Air Tahiti Nui. C’est important pour nous d’avoir ce type de soutien qui nous permet de nous ouvrir au monde. Cela va nous permettre de mieux faire connaître la navigation via cet événement sportif et d’inciter de plus en plus d’équipages, de plus en plus de gens à venir naviguer et pourquoi pas à participer au championnat du monde. »

Teiva Véronique a gagné récemment le Grand Prix de la Tahiti Pearl Regatta
Teiva Véronique a gagné récemment le Grand Prix de la Tahiti Pearl Regatta
La navigation peut aussi représenter des emplois ?
 
« Je suis issu de diverses écoles d’apprentissage liées aux métiers de la mer. J’ai passé un brevet d’état à la Rochelle, un diplôme d’état supérieur à Quiberon pour devenir conseiller technique, avant ça j’ai fait ma formation de moniteur fédéral de voile à Arue, j’ai passé mon brevet de capitaine 200 à l’école de marine marchande…Au-delà de ça, on veut, à travers la mise en place de nos activités avec la pirogue à voile, permettre aux futures générations de se former et d’avoir un métier lié à la mer. Aujourd’hui, ce n’est pas si facile que ça parce qu’on ne nous donne pas tous les moyens. On veut être un des moyens qu’auront les jeunes pour s’épanouir dans un métier lié à la mer. »
 
L’aspect culturel est tout aussi important ?
 
« Oui, c’est très important car la culture permet de rassembler des populations, d’échange. La génération comme la mienne a été élevée avec une certaine méconnaissance de notre culture. Cela nous permet de mieux comprendre notre passé, mieux comprendre notre présent et mieux construire notre avenir en équilibre avec le passé et le présent, pour rester connectés avec nos ancêtres, les respecter et continuer à faire perdurer cette transmission, cette connection avec tout ça, avec l’histoire et avec la culture. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« On va sortir du modèle classique des remerciements à la famille, amis etc…Je vais en fait remercier toutes les personnes qui s’impliquent dans la navigation moderne, traditionnelle, les associations culturelles. Même si on pourrait dire qu’il y a différentes « familles », si on se nourrit de tout ça, finalement on n’est pas si éloignés et on peut faire un super projet ensemble. » Propos recueillis par SB

Navigation traditionnelle : Teiva Véronique, en mode partage à Nantes

Rédigé par SB le Mardi 2 Juillet 2019 à 12:35 | Lu 2327 fois