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Musique : Il y a trente ans disparaissait Bimbo, l'inoubliable Bimbo


PATEETE, le 30 mai 2016- Il y a tout juste 30 ans, un 30 mai 1986, l’artiste musicien, interprète, sculpteur, surnommé Bimbo disparaissait. Véritable icône de la musique tahitienne des années 50 et 60, Bimbo laisse un souvenir inoubliable dans les cœurs de ses proches et de ses amis, mais aussi de nombreux Polynésiens. Un être authentique, une âme généreuse, un artiste complet dont la musique fait partie, aujourd’hui, du patrimoine culturel tahitien.

Au début des années 50, deux clubs tahitiens étaient dans une compétition de popularité : Le Quinn’s et le Zizou Bar. C’est en 1954 que Moeterauri Tetua qui joue alors au Quinn’s croise le chemin de Yves Roche qui lui, jouait au Zizou Bar. Les deux hommes se lient d’amitié et ne se sépareront plus.



Bimbo est né et il a grandi dans un berceau de musique et de traditions

Moeterauri Tetua est né le 14 septembre 1916 à Tahiti et il est adopté dès son plus jeune âge par la Reine Teriimaevarua A Pomare de Bora Bora qui vit à Arue : Moeterauri aime parfois se présenter ainsi à son public. « À l’âge de 6 mois, (la Reine) m’a pris la main et m’a dit ‘Moi je suis filiation sur toi, parce que moi je suis Pomare et toi tu es descendant de Rois de Raiatea, Tamatoa’… » Teriimaevarua A Pomare s’entoure d’artistes musiciens et c’est au son de la musique qu’il grandira.

En 1929, il fait ses débuts dans un orchestre tahitien : Il n’a que 13 ans mais il accumule les concerts. En 1932, il a 16 ans, il joue à l’Hôtel Tiare, au Blue Lagoon, au Lionel… À cette époque, Moeterauri faisait aussi de la boxe, c’était une de ses passions : « Tous ses copains avaient l’habitude de le frapper sur la poitrine et ils l’appelaient ‘Bimbo’ » nous confie Yves Roche. C’est ainsi que l’artiste d’un mètre quatre-vingt-dix est surnommé Bimbo pour le reste de sa vie.


La guerre, sa femme, ses voyages

Dans les années 40, Bimbo quitte Tahiti pour la guerre en Europe. Il entre dans la Marine et il voyagera aux Etats Unis, dans les Iles Salomon, en Italie, … C’est pendant cette période, en France, qu’il rencontre sa femme, Andrée Teissot qu’il épouse le 18 juin 1946 . De retour à Tahiti, il se remet à la musique, il enchaîne les concerts, surtout au Quinn’s, puis en 1956, il repart jouer à Hawai’i, au Hawaian Village. Il revient à Tahiti en 1957 pour ne plus repartir.


Totoe, Tamure Bimbo et jazz tahitien, la musique de Bimbo anime la foule.

Dans les clubs, un nouveau genre a la cote : « totoe », « tamure Bimbo », La jeunesse polynésienne danse au son des chansons de Bimbo, de « Tamure Bimbo » qui imprègne toute une génération et qui se popularise de façon fulgurante. Il joue avec Yves Roche dans le groupe « Trio Jazz Polynésien » : L’orchestre fait alors de nombreux enregistrements et Bimbo affectionne particulièrement la Basse.

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Il joue très bien de l’harmonica. Il confectionne lui-même ses instruments : son tambour qu’il construit, peint et orne lui-même, une guitare qu’il a confectionnée avec du fer. Pendant son enfance, il jouait une guimbarde traditionnelle, faite en bambou. Plus tard, le son de la guimbarde ajoute au style musical une originalité qui séduit le monde.

Un paradoxe de bonté, de force, d’humour et de gentillesse

Père de famille, artiste, ce grand homme par la taille et la bonté du cœur, vivait de sa musique, de ses passions comme la sculpture et il entretenait son petit fa’a’apu derrière sa maison. La plupart de ses chansons sont des transmissions biographiques, des témoignages de la vie du Tahiti des années soixante : « Matete » (le marché) par exemple, ou « Haere ana oe i hea » qui parle d’une épouse délaissée, ou encore « Te vahine anamite »… Lorsqu’il était inspiré et qu’il écrivait ses chansons, il était tellement pris dans le fil de son idée que parfois, au lieu de revenir à la ligne pour poursuivre sa phrase, il ne s’arrêtait pas et continuait à écrire sur le côté de sa feuille .

« C’était un homme solide, autant il était gentil, autant il ne fallait pas l’embêter » rajoute son compagnon du groupe « Trio Jazz Polynésien ». « Nous faisions des enregistrements typiques avec Jean-Claude Bourdelon à la batterie et Jean-Pierre Vincent à la guitare ; nous étions passionnés… »

Bimbo était aussi un homme audacieux et blagueur. Des petites anecdotes burlesques ressurgissent : Mettre un cafard dans une petite boîte d’allumette, aller au resto avec ses copains, et à la fin du repas, laisser s’échapper le cafard ; et puis, il appelait le Chef « Eh regarde ! Le cafard ! ». Gêné le Chef lui disait à voix basse « Allez Bimbo ! C’est bon ! C’est la maison qui offre ! ».

« Bonhomie, gentillesse, tout est réuni en lui… mon frère… » Yves Roche, soudain replongé dans cette amitié du passé, ne trouve plus ses mots pour parler de Bimbo qu’il a côtoyé pendant 30 ans, jour après jour.

Nous souhaitions rendre un hommage particulier à Moeterauri Tetua, dit « Bimbo », un artiste qui a marqué toute une génération et dont les chansons, témoignages rythmés d’une époque, continuent à faire battre des cœurs...



L’album « Tahiti Jazzy » présente une palette de morceaux imprégnés de Jazz au parfum local, et l’album « Te Maitai O Bimbo » est un trésor de patrimoine qui contient des enregistrements directs du chanteur témoignant sur sa vie et sur ce qui l’a inspiré pour écrire ses chansons, ainsi que ses plus grands tubes. Les chansons peuvent être achetées au détail sur itunes. Le patrimoine musical de Bimbo est accessible chez Odyssey ou en ligne sur le site de Manuiti.

Rédigé par Ariirau Richard-Vivi avec Yves Roche le Dimanche 29 Mai 2016 à 18:01 | Lu 6100 fois