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Mille expressions tahitiennes à savourer


De gauche à droite : Ludmilla Moana Tapea, Christiane Tetahina Mare et Sylvia Vāhi Richaud.
De gauche à droite : Ludmilla Moana Tapea, Christiane Tetahina Mare et Sylvia Vāhi Richaud.
TAHITI, le 9 juin 2020 - Les complices Christiane Tetahina Mare et Ludmilla Moana Tapea ont récolté un peu plus de 1000 expressions tahitiennes d’hier et d’aujourd’hui. Elles les ont traduites, contextualisées et publiées dans l’ouvrage Nā tātou terā.

"E hiti te mahana nō te tā’ato’a, e ‘ita rā te tā’ato’a e ‘ana’ana mai te mahana !" Autrement dit, en français : "Le soleil brille pour tout le monde mais tout le monde ne brille pas comme le soleil". Ou bien encore "E horo te pūtē !" Cela signifie : "C’est cher ! C’est si cher que même mon porte-monnaie prendrait la fuite".

Ces deux expressions sont tirées de l’ouvrage Nā tātou terā. Nos expressions tahitiennes d’hier à aujourd’hui, publié par l’association Parau et co-signé par Christiane Tetahina Mare et Ludmilla Moana Tapea.

Cet ouvrage n’est pas exhaustif, il est un recueil d’expressions connues et moins connues, sages, drôles ou piquantes. Il rassemble des mots, des explications et traductions qui sont ceux des auteures. "Ce sont ceux que nous connaissons, que nous avons vécus, que nous avons entendus, que nous avons utilisés, que nous avons lus et que nous souhaitons maintenant partager."

Concrètement, les expressions sont classées par thèmes (le corps, le manger et le boire…). Elles sont rédigées en noir pour la version tahitienne. En vert, juste dessous, se trouvent les explications et commentaires, toujours en tahitien, puis en bleu, les explications, adaptations ou traductions en français.

Les couleurs n’ont pas été choisies au hasard. "Elles rappellent le ciel, l’horizon et la mer, mais aussi toute notre végétation", disent Christiane Tetahina Mare et Ludmilla Moana Tapea, très attachées à leur langue, à leur terre et à leur culture.

Nā tātou terā s’est construit au fil du temps. Christiane Tetahina Mare et Ludmilla Moana Tapea, enseignante et professeur de reo, se connaissent de longue date. Elles se fréquentent assidûment depuis 2017. Car elles ont été toutes les deux impliquées dans la traduction du dessin animé Vaiana.

"Nous avons ensuite, et nous continuons à le faire, suivi les projections dans les écoles pour mener des discussions avec les élèves sur le dessin animé mais aussi sur la langue." Elles ont cherché, en parallèle, à faire plus pour tous ceux qui cherchaient à mieux connaître le tahitien. Elles ont commencé à lister des expressions qu’elles imaginaient rassembler sur un paquet de feuilles volantes, photocopier et distribuer aux intéressés.

Vāhi Richaud, de l’association Parau, a incité le duo à voir plus grand en rédigeant un livre. "L’intérêt de cet ouvrage, que les deux enseignantes mā’ohi ont écrit ensemble et sur lequel elles ont apporté leur réflexion, réside dans le fait qu’il nous ouvre une porte d’accès, dans nos diversités, nous menant sur la voie du savoir, de la maturité, de la sagesse et de la vérité que la langue laisse percevoir, sur l’expérience de la vie, des croyances et des visions du peuple."

Prochaine étape : la sonorisation du travail. Les expressions seront enregistrées et sans doute mises en ligne. "Car la façon de prononcer les mots donne du sens aux phrases", rappellent les auteures. "Le contexte seul ne permet pas de se faire comprendre".

Pratique

Dédicace samedi 13 juin à la libraire Odyssey de 9 heures à 11 heures.


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 9 Juin 2020 à 16:45 | Lu 9263 fois