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Meurtre d'une octogénaire: deuxième garde à vue, émotion dans la communauté juive


Paris, France | AFP | lundi 26/03/2018 - Un deuxième homme a été placé en garde à vue lundi après la mort d'une octogénaire dont le corps lardé de coups de couteau et en partie brûlé a été retrouvé dans son appartement incendié à Paris, suscitant l'émotion de la communauté juive à laquelle elle appartenait.

Dans l'enquête pour le meurtre vendredi à Paris de Mireille Knoll, 85 ans, un suspect est en garde à vue depuis samedi et un deuxième y a été placé dans la nuit dimanche, selon une source policière. "Aucune piste n'est écartée", selon des sources proches du dossier.
Le corps de l'octogénaire a été retrouvé en partie carbonisé vendredi peu avant 19H00 dans son appartement du 11e arrondissement, où elle vivait seule, par les pompiers alertés par une voisine après le début de l'incendie.
Les policiers se sont rapidement orientés vers la piste criminelle, après la découverte de plusieurs départs de feu dans l'appartement, puis de traces de coups de couteau sur le corps de la victime, selon une source proche du dossier. 
Sa dépouille a été retrouvée sur son lit par les pompiers quelques minutes après leur entrée dans son appartement, situé au deuxième étage d'une immeuble qui en compte dix. L'incendie, d'ampleur moyenne, a été maîtrisé en une quarantaine de minutes, selon la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).
A la police, un membre de la famille de Mireille Knoll a dit soupçonner un voisin qui avait l'habitude de venir la voir et était passé dans l'appartement dans la journée. C'est cet homme, né en 1989, qui a été placé samedi en garde à vue.
"Apparemment ma mère le connaissait très bien et le considérait comme un fils", a déclaré à l'AFP le fils de la victime.
 

- "Sous le choc" -

 
Le mobile du meurtre reste pour l'heure inconnu. "Nous sommes vraiment tous sous le choc. Je ne comprends pas comment on peut tuer une femme qui n'a pas d'argent, et vit dans un HLM", a ajouté le fils de la victime. 
Cette affaire suscite l'émotion au sein de la communauté juive française, déjà mobilisée ces derniers mois après le meurtre de Sarah Halimi, une juive orthodoxe de 65 ans tuée à Paris par son voisin en avril 2017. Après des mois de bras de fer judiciaire, le caractère antisémite du meurtre a finalement été retenu début mars par la juge d'instruction. 
"L'enquête (sur la mort de Mireille Knoll) fait état d'éléments ne relevant pas d'un caractère antisémite, toutefois cette piste n'est pas écartée à date et doit être encore approfondie", a estimé le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), un service de sécurité communautaire qui œuvre en lien étroit avec la police.
Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit sur Twitter "horrifié par la tragique disparition de Mireille Knoll, rescapée de la Shoah, presque un an jour pour jour après le meurtre de Sarah Halimi-Attal". "L'horreur du crime et la violence des bourreaux sont identiques et renvoient à la négation du visage humain", a-t-il ajouté.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui attend "des autorités la plus totale transparence dans l'enquête en cours", a appelé à une "marche blanche" en hommage à la victime mercredi après-midi à Paris.
"Les circonstances" de la mort de Mireille Knoll "doivent être au plus vite établies par la justice", notamment pour savoir s’il est lié à "des motivations antisémites", a souligné la Ligne internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
Mireille Knoll, née en 1932 à Paris, avait échappé de justesse à la rafle du Vel d'Hiv' de juillet 1942 en s'enfuyant de Paris juste avant avec sa mère, a raconté à l'AFP son fils. Réfugiée au Portugal, elle est revenue à Paris après la guerre, et a épousé un homme rescapé du camp d'Auschwitz, décédé au début des années 2000.

le Lundi 26 Mars 2018 à 05:04 | Lu 476 fois