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Marina de Papeete : "On ne peut accepter les conditions de détention de ces poissons"


PAPEETE, 24 novembre 2018 - Une cinquantaine de personnes ont manifesté samedi matin pour dénoncer les "conditions de détention" des poissons retenus dans le parc de la marina de Papeete. Un collectif d'associations de protection de l'environnement demande à ce titre depuis début novembre à être reçu par la direction du Port autonome.
 
Inaugurée en avril 2015, après un investissement de près de 600 millions financé par le Port autonome, l’aménagement de la marina de Papeete était mu par un esprit d’intégration dans la ville, tout en assurant la sécurité aux navires de plaisance. La touche finale de ce projet était la création d’un parc à poissons éclairé en soirée sous la ligne d’eau.

Initialement, ce bassin devait faire 250 mètres de long sur quatre de large et trois de profondeur. Sur site, dans différents enclos, devaient ainsi être abritées plusieurs espèces de poissons pour y cohabiter dans un même espace lagunaire.

Pour l’instant, ce parc à poisson ne s’étale que sur une cinquantaine de mètres. Il a été aménagé après avis favorable du Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (CRIOBE), suite à des analyses de la qualité des eaux du port. Mais, en dépit de l'apparente vivacité des poissons que l'on pouvait y observer samedi matin, son existence catalyse une contestation écologiste depuis la découverte, fin octobre dernier, d’une dizaine de poissons morts après avoir été intoxiqués par des rejets polluants, vraisemblablement déversés par les exutoires mitoyens. 

Un groupe Facebook a été créé pour coaliser cette contestation. Il compte aujourd’hui près de 2000 membres. C’est à son appel qu’une cinquantaine de personnes ont manifesté samedi matin.

"Les conditions de détentions de ces animaux sont justes inacceptables, insiste l’une de ses porte-parole, Carole Couturier de l’association Alliance pour le respect et la protection des animaux de Polynésie (ARPAP). Les animaux sont prélevés en milieu naturel, nourris avec des granules alors que certains sont des prédateurs, dans un parc qui ne reproduit en rien le milieu biologique des variétés de poissons qu’il enferme. Mais le problème le plus grave est que ce parc à poissons a été installé au niveau de deux exutoires des eaux pluviales de la ville de Papeete. Donc, très régulièrement, on a des rejets pollués et des poissons meurent."

Faible mobilisation

Concernant le peu de participants au sit-in organisé sur place, samedi, "on a l’habitude, assume Moana Van Der Maesen, le président de l’association Nana Sac Plastique et vice-président de la Fédération des associations de protection de l’environnement (FAPE), sur les réseaux sociaux tout le monde est là pour dire qu’il faut agir. Et puis le jour J, lorsque'on organise l’opération, il n’y a plus grand monde… Mais ce n’est pas un souci. Nous avons du soutien, y-compris de l’étranger. (…) On sait que nous sommes soutenus. Et tôt ou tard nous arriverons à nos objectifs."

Les associations demandent la suppression du parc à poisson de la marina de Papeete. "Toutes les espèces animales méritent leur liberté. Nous n’avons pas le droit de les séquestrer. Et encore moins dans un environnement où se déverse notre propre pollution", martèle Moana Van Der Maesen.

Une demande d’audience exprimée au début du mois auprès de la direction du Port autonome par ce collectif pour la protection de l’environnement est pour l’instant restée lettre morte. "Ce qui est aberrant, dans cette affaire, c’est qu’il n’y a aucune prise en compte de l’avis de la population, insiste Réale Couchaux. Nous sommes quand même 41 associations rassemblées dans ce collectif et on est sollicité par la population."

En 2017, ce parc à poissons comptait 1569 individus appartenant à 56 espèces et représentant 36 genres et 20 familles de poissons : 30% sont des carangues, 17 % des poissons chirurgiens et 16 % des poissons papillons, souligne le Port autonome sur son site en annonçant que dans leur environnement naturel, les juvéniles de la quasi-totalité des espèces n’ont guère qu’1 % de chance d’atteindre l’âge de se reproduire au moins une fois. Et l'établissement public assure que cette même probabilité au sein du parc atteint 94 %. Mais pour Réale Couchaux, représentante locale de l’association L214 "en termes éthiques, on ne peut accepter les conditions de détention de ces poissons. (…) Si les choses en restent là, on peut éventuellement envisager des poursuites en justice".



Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 24 Novembre 2018 à 12:53 | Lu 3701 fois