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Marathon budgétaire à l'Assemblée: baisses d'impôts au menu


Paris, France | AFP | lundi 13/10/2019 - Répondant en partie aux revendications des "gilets jaunes", le troisième budget du quinquennat arrive lundi devant l'Assemblée, sous les critiques de la gauche réclamant plus de justice et de la droite à cheval sur la rigueur.

La traditionnelle saison budgétaire, qui va durer jusqu'à Noël, débute par le premier volet du projet de loi de finances (PLF) 2020, consacré aux "ressources" de l'Etat, c'est-à-dire impôts et taxes, durant une longue semaine. 
Quelque 3.000 amendements sont au menu, un millier de plus que l'an dernier où l'exercice avait été bouleversé par la crise des "gilets jaunes".
Le gouvernement prévoit pour l'année prochaine plus de neuf milliards d'euros de réduction d'impôts, notamment via la baisse de cinq milliards de l'impôt sur le revenu à laquelle s'était engagé Emmanuel Macron à l'issue du "grand débat national".
En parallèle, la suppression de la taxe d'habitation va concerner l'an prochain 80% des ménages, soit un gain de plus de trois milliards pour les contribuables concernés.
La baisse des impôts est "massive et historique", à la fois pour ménages et entreprises, avec pour ces dernières un milliard d'euros de prélèvements en moins, fait valoir le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, qui défendra le projet de budget aux côtés de son collègue aux Finances Bruno Le Maire.
Le gouvernement choisit "d'écouter la France populaire et la France qui travaille", selon M. Darmanin, sur RMC-BFMTV.
Quelques mesures d'économies sont programmées, dont le quasi gel des prestations sociales (allocations familiales, aides personnalisées au logement...) et la suppression de niches fiscales comme sur le gazole non routier. Et si la baisse de l'impôt sur les sociétés se poursuit, elle sera moins rapide.
Au total, avec une croissance qui va se tasser à 1,3%, dans un contexte de ralentissement mondial, le déficit se situera à 2,2% du PIB, contre 2% initialement prévu. Surtout, le déficit structurel restera stable, et la dette publique va à peine baisser à 98,7% du PIB.
 

- "Pas ultra rigoureux" -  

 
Il y a une "volonté d'être rigoureux dans la gestion budgétaire mais pas ultra rigoureux" en raison du besoin de "répondre aux exigences des Français en termes de pouvoir d'achat", selon le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau à Sud Radio.  
C'est ce qu'épingle la droite, Eric Woerth voyant dans l'acte 2 du quinquennat "l'acte de décès des ambitions en matière de finances publiques". Le président de la commission des Finances déplore aussi la fin de la politique de l'offre en faveur des entreprises, à l'unisson du Medef.
La gauche dénonce pour sa part un budget qui va "continuer de creuser les inégalités". "Le gouvernement oublie une nouvelle fois les 21,3 millions de foyers qui ne sont pas imposables et les 5 millions de foyers qui ne payaient pas de taxe d'habitation", soulignent les socialistes qui défendront une motion de rejet préalable.
C'est le "budget des riches, acte III", dans la lignée de la suppression en 2018 de l'ISF, aux yeux des communistes. "Emmanuel Macron sabre les budgets de ministères qui font de la redistribution et supprime des centaines de postes dans les ministères à utilité sociale", relèvent les insoumis.
Près d'un an après le début du mouvement des "gilets jaunes", l'exécutif prend garde à ne pas soulever de nouvelles contestations. Après avoir accepté de réindexer sur l'inflation les pensions de retraites de moins de 2.000 euros, il a abandonné in extremis la réduction d'un avantage pour les seniors employant une aide à domicile.
Le volet des compensations pour les collectivités du fait de la suppression de la taxe d'habitation mobilise aussi fortement les parlementaires. 
Autre critique récurrente: celle d'un manque d'ambition en matière écologique. Le gouvernement défend cette "priorité", même s'il écarte une hausse de la taxe carbone, élément déclencheur de la crise des "gilets jaunes".
Pour donner un signal de "verdissement", les députés ont souhaité en commission la suppression des principales dépenses fiscales défavorables à l'environnement à l'horizon 2029, à l'initiative de LREM. 
"Il n'est plus temps de bricoler, mais de monter en puissance sur les investissements publics +verts+", prônent dans une tribune 12 organisations (Fondation Hulot, CFDT...) et une cinquantaine de parlementaires.  

le Lundi 14 Octobre 2019 à 02:55 | Lu 182 fois