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Manchester: Offrir un verre aux secouristes, "la moindre des choses"


Manchester: Offrir un verre aux secouristes, "la moindre des choses"
Manchester, Royaume-Uni | AFP | samedi 27/05/2017 -Edmund Hall sait bien que "l'alcool n'est pas la meilleure façon de faire face au stress" mais quand il a entendu parler de l'attentat de Manchester, il s'est dit que "la moindre des choses" serait d'offrir un verre aux secouristes.

Un verre mais aussi à manger : en quelques jours, le site de crowdfunding lancé par ce consultant londonien, qui visait mille livres, a dépassé les 13.000 livres (15.000 euros) avec plus de 800 donateurs. "Je suis sidéré, c'est incroyable", dit-il.

"Les urgentistes et tous ceux qui travaillent à l'hôpital" savent que si nous étions physiquement là, avec eux, nous leurs offririons un verre, qui ne le ferait pas?", raconte-t-il sur son site. "C'est une façon simple de dire merci".

Continuant sur sa lancée, il a convaincu les co-équipiers avec lesquels il faisait une sortie de voile ce samedi de verser leur obole, raconte-t-il à l'AFP. Et il réfléchit à répartir désormais la somme atteinte, trop importante pour un seul lieu, sur plusieurs pubs à proximité d'hôpitaux.

Le Turing Tap, un vaste pub moderne et lumineux, s'étendant sur deux étages, se situe à une centaine de mètres de l'hôpital pour enfants qui soigne les jeunes victimes de l'attentat de lundi soir contre une salle de concerts remplie de jeunes venus voir la pop-star américaine Ariana Grande.

"Ed nous a appelés mardi pour nous demander si nous étions d'accord pour accepter 100 livres de sa poche puis d'ouvrir un compte, en attendant que d'autres contribuent. On a tout de suite été partants", explique à l'AFP Samantha Slaughter, la gérante de 30 ans, blonde platine avec quelques mèches violettes.

- Changer d'air, décompresser -

"Beaucoup de nos habitués travaillent à l'hôpital, on les connaît. Leur semaine a été rude. Mais ils ne viennent pas se confier, plutôt décompresser, penser à autre chose", dit-elle avec un fort accent de Manchester.

Mardi, seuls quelques urgentistes sont passés au pub. "La plupart des médecins et infirmières n'avaient qu'une hâte, rentrer chez eux", dit Sam, en ramassant quelques verres entre les doigts d'une main. "On a eu plus de monde les jours suivants", la nouvelle de ce verre ou de ce repas offert circulant sur les réseaux sociaux et de bouche à oreille.

Certains témoignent en ligne, pour remercier les donateurs. "Pouvoir se retrouver ailleurs qu'à l'hôpital avec des collègues qui ont travaillé comme des dingues, sans penser à l'addition, c'est royal", écrit Richard Perrin, chargé d'animation théâtrale au Royal Manchester children's hospital. "Loin de nos patients, on a beaucoup pleuré cette semaine. La générosité discrète des gens fait un bien fou", ajoute-t-il.

A Manchester, les initiatives se sont multipliées. Un fonds d'urgence, mis en place par la mairie avec notamment l'aide de la Croix-Rouge, a déjà récolté plus de 4 millions de livres pour venir en aide aux victimes.

Le journal local, le Manchester Evening News, qui avait lancé un appel aux dons, s'est associé à ce fonds, auquel les clubs de football Manchester City et Manchester United ont décidé de verser un million de livres (1,15 million d'euros).

Liam Gallagher, l'ancien chanteur du groupe Oasis, jouera en solo mardi dans sa ville natale et versera les bénéfices aux proches des victimes. Et Ariana Grande, qui avait suspendu sa tournée après l'attentat, compte aussi donner un concert de charité à Manchester mais n'a pas encore fixé de date.

Le tabloïd Daily Mail appelait samedi ses lecteurs à donner les téléphones portables dont ils n'ont plus l'usage, afin de verser les fonds récoltés au profit des victimes.

Et les tatoueurs de la région ont renoncé à leurs jours de repos pour graver des petites abeilles, symbole de résistance à Manchester, sur des centaines de peaux. Les 50 livres par tatouage seront remis à la Croix-Rouge.


Rédigé par AFP le Samedi 27 Mai 2017 à 07:11 | Lu 430 fois