Tahiti Infos

Manaearth, la solution alternative aux plastiques de table


Papeete, le 24 juillet 2019 - Yacenda Verdet monte son entreprise. Cette juriste de formation et de métier a trouvé sa place dans l’incubateur Prism pour donner naissance à Manaearth. Elle espère lancer dès décembre la production de barquettes et assiettes en fibres naturelles.

"Savez-vous qu’en Polynésie nous consommons 70 000 barquettes par jour ? ", interroge Yacenda Verdet. Par an, la consommation avoisine les 23 millions. Le chiffre a été comme un déclic pour Yacenda Verdet. Un de plus.

"En fait, je me lance dans ce projet de Manaearth pour plusieurs raisons. Ces derniers mois, différents éléments m’ont fait réfléchir."
Yacenda Verdet admet une certaine sensibilisation à l’environnement depuis toujours. Mais elle n’effectuait que des petits gestes au quotidien.

LES DÉCLICS

Récemment, elle a appris que les bacs du centre d’enfouissement technique de Paihoro allaient être saturés à partir de 2025. Une situation à laquelle aucune solution n’a encore été trouvée. Par ailleurs, elle a découvert le grand nombre de couverts, barquettes, verres en plastique utilisés chaque jour sur le territoire.

"Le plastique a pris une place grandissante dans nos vies. Nous l’importons mais ne le traitons pas", résume Yacenda Verdet. "Chaque jour, il nous rend service une fois pendant quelques minutes seulement. Ensuite, il passe 100 ans dans l’environnement."

Ces constats mis en parallèle à ses recherches personnelles d’alternatives ont été à l’origine de son aventure Manaearth.

"Ce sont des convictions personnelles qui me poussent à faire tout ça. En face, il y a une attente de la population qui n’est pas comblée. Il y a tellement de choses à faire et on ne voit rien venir, alors je me lance. On aimerait un soutien du gouvernement, en l’attendant, ce sont les privés et associations qui font évoluer les offres."

UNE ALTERNATIVE LOCALE AU PLASTIQUE

Son idée est de proposer une alternative localement. Elle va fabriquer des barquettes et assiettes (dans un premier temps) à partir de produits naturels non transformés : feuilles de bananiers, fibres de coco…

Ces barquettes et assiettes sont écologiques car, si elles retournent dans la nature, elles se dégradent. Elles ne présentent aucun danger, ni pour la terre, ni pour ses habitants.

Une méthode de thermomoulage permettra de donner aux fibres végétales la forme des ustensiles usuels. "Je n’invente rien. Les techniques de fabrication sont innovantes pour le territoire mais elles existent ailleurs."

VALORISER DES DÉCHETS

Yacenda Verdet est juriste. Pour Manaearth, elle a demandé un mi-temps. Elle envisage encore de réduire son temps de travail. "Il faut voir à long terme maintenant. Il y a un réveil, un peu lent, mais existant."

Elle a prototypé les barquettes et assiettes en projet. "Je me focalise sur l’alimentation à emporter pour l’instant. Ensuite, je passerai au jardinage. Je veux proposer des alternatives aux pots en plastique."

Elle s’est rapproché du Service de développement durable pour sélectionner les fibres. Il lui faut organiser maintenant une filière de récupération des fibres. "Je ne vais pas créer de circuit d’approvisionnement mais utiliser les parties de plantes qui sont déjà exploitées." Elle proposera aux agriculteurs de les débarrasser de ce qu’ils considèrent comme des déchets où, de leur racheter s’ils les transportent.

Pour réussir, Yacenda Verdet a rejoint Prism en août 2018. Elle a participé et remporté (elle est arrivée 2e) le Startuppeur challenge organisé par Total cette année. Elle touche au but. Elle espère lancer la production d’ici à décembre.

Petit à petit, elle étendra la gamme de produits. Surtout, elle aimerait que Manaearth inspire d’autres porteurs de projets. "C’est tous ensemble qu’on arrivera à réduire notre importation de plastique."


Contacts
Facebook : Manaearth

Vous avez une idée ?
Si vous aussi vous avez un projet, vous pouvez contacter Prism l’incubateur. Il est destiné à tous les porteurs de projet à potentiel. L’accès à cet incubateur se fera au travers d’un processus de sélection. Les projets sélectionnés bénéficient d’un accompagnement de 6 mois dans l’espace PRISM, situé dans les locaux de la CCISM.
Pour en savoir plus : https://www.prism.pf/

Pour en savoir plus sur le Startuppeur Challenge : https://startupper.total.com. Ce challenge a pour but de "soutenir les idées et les projets qui ont pour but de résoudre des inégalités, de trouver des solutions positives à des problèmes de société qui touchent les personnes vivant dans votre pays". Il est ouvert depuis 2018 à la Polynésie.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 24 Juillet 2019 à 09:59 | Lu 4830 fois