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Macron fait durer le feuilleton du remaniement, suspense pour Matignon


Crédit Alain JOCARD, Ludovic MARIN / AFP
Crédit Alain JOCARD, Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | lundi 08/01/2024 - Une semaine décisive s'ouvre sur le front du remaniement gouvernemental, dont le coup d'envoi pourrait être donné dès lundi par Emmanuel Macron qui, toujours en quête de la bonne formule pour Matignon, entend inaugurer une séquence plus large sur le "réarmement" du pays.

Après de vastes consultations et un week-end à phosphorer, le chef de l'Etat est-il prêt à appuyer sur le bouton?

Ses proches avaient fait savoir sa volonté d'agir rapidement: "Je sais qu'il est très pressé. Il rêverait de faire cela lundi", a ainsi affirmé l'un de ses fidèles, en employant toutes les réserves d'usage liées à la complexité des équations.

Rien n'a filtré pour l'heure des décisions de M. Macron, marmoréen, qui n'aime rien tant que "garder toutes les options ouvertes jusqu'au dernier moment", selon ce même familier du Palais.

Lundi matin, le président a joué l'esquive dans une courte vidéo sur le réseau social X, apparaissant en tenue de boxe pour appeler les Français à faire "au moins 30 minutes" de sport "chaque jour". Message délivré à pile 200 jours du coup d'envoi des Jeux olympiques, sur lesquels il joue une partie de son aura.

Comme si de rien n'était, il devait ensuite enchainer avec ses traditionnels voeux au Conseil constitutionnel puis aux autorités religieuses dans l'après-midi.

Mais le suspense plane sur le sort d'Elisabeth Borne après 20 mois de bail à Matignon. Le président a reçu sa Première ministre dimanche soir, officiellement pour "évoquer un certain nombre de dossiers importants comme les intempéries dans le Pas-de-Calais et l'arrivée de la vague de froid", a fait savoir l'entourage du chef de l'Etat.

Déjà donnée partante l'été dernier, Mme Borne a pour atout sa résilience après avoir fait passer deux lois difficiles (retraites, immigration) et surmonté près d'une trentaine de motions de censure à l'Assemblée.

Sa possible succession se jouerait entre deux favoris: Julien Denormandie, 43 ans, marcheur de la première heure et quasiment ombre portée du chef de l'Etat depuis dix ans; et Sébastien Lecornu, 37 ans, actuel ministre des Armées issu de LR, qui s'est au fil des années taillé une place dans le cercle des conseillers politiques du président.

Un choix loin d'être neutre pour maintenir l'équilibre précaire du camp présidentiel, mis à mal dernièrement par la loi immigration. Si le patron des députés Renaissance, Sylvain Maillard, a assuré sur LCI que ses troupes "travailleront en toute loyauté" avec le prochain Premier ministre, d'autres redoutent un coup de barre à droite.

"Accent sur le réarmement"

Comme la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, attachée au "dépassement" du macronisme initial, qui a estimé sur franceinfo que "sortir l'aile gauche de la majorité, ce serait faire le jeu des oppositions".

Allié de poids du chef de l'Etat, le patron du MoDem François Bayrou a semblé dimanche accorder sa préférence à M. Denormandie, "quelqu'un de très estimable", tout en insistant sur "le message" qui devrait accompagner un changement de gouvernement.

Justement, Emmanuel Macron compte inscrire ces mouvements dans une séquence plus large, ouverte depuis ses voeux du 31 décembre, qui doit se prolonger notamment par un énigmatique "rendez-vous avec la nation" programmé en janvier.

Avec un fil conducteur, à l'heure où ce deuxième quinquennat Macron se cherche encore un récit: "l'accent sur le réarmement", affirme un proche. A savoir le "réarmement civique", notamment grâce à l'école, "le réarmement industriel", ou encore le "réarmement européen" à l'approche des prochaines élections pour lesquelles la majorité présidentielle est largement distancée dans les sondages par le Rassemblement national.

De quoi rendre le président "assez déterminé à un grand mouvement y compris en changeant de Premier ministre", estime-t-on de même source.

Cela devrait se traduire par "beaucoup de sortants" au sein de l'équipe actuelle. Plusieurs membres de la garde rapprochée du chef de l'Etat, dont M. Bayrou, appellent également à profiter de l'occasion pour resserrer un gouvernement qui compte aujourd'hui 39 membres.

A quoi bon s'encombrer puisque "le Premier ministre, ce sera Emmanuel Macron", tout comme "son ministre des Affaires étrangères", celui de la Défense ou encore de la Culture, a ironisé sur France 2 le candidat de gauche aux européennes Raphaël Glucksmann, dénonçant la "dérive personnelle du pouvoir" du chef de l'Etat.

"Tout le monde s'en fout du remaniement", a même affirmé son collègue socialiste Jérôme Guedj sur franceinfo, critiquant le "marketing politique" de l'exécutif qui "feuilletonne une histoire de casting" alors que "le problème de ce gouvernement, c'est que le scenario est nul".

le Lundi 8 Janvier 2024 à 02:32 | Lu 247 fois