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Macron a reçu Pompeo tout en regardant déjà vers Biden


Paris, France | AFP | lundi 16/11/2020 - Emmanuel Macron a reçu lundi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans une séquence totalement inédite, alors que Donald Trump n'a toujours pas reconnu sa défaite et que Paris a déjà les yeux tournés vers le nouveau président élu des Etats-Unis, Joe Biden.

Le chef de l'Etat français a rencontré le secrétaire d'Etat en fin de matinée à l'Elysée à l'abri des caméras et des micros. Idem pour le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian qui s'est entretenu avec son homologue juste avant.

L'exécutif a souligné avoir reçu Mike Pompeo à sa propre demande, "en toute transparence avec l'équipe du président élu Joe Biden", ce alors que Paris souhaite une refondation de la relation transatlanique à l'occasion du changement d'administration américaine.

"Il était normal - et respectueux des institutions américaines - qu'il soit reçu", le mandat de Donald Trump courant jusqu'au 20 janvier, a relevé une source diplomatique française, sans autres précisions.

Le président Macron a été parmi les premiers à féliciter le démocrate pour son élection aux Etats-Unis, puis à s'entretenir au téléphone avec lui.

Et ce alors même que le président sortant Donald Trump n'a toujours pas reconnu sa défaite, plus d'une semaine après l'annonce des résultats.  "J'AI GAGNE L'ELECTION !", a-t-il encore tweeté dans la nuit de dimanche à lundi.

Mike Pompeo a lui-même, avant de s'envoler pour une tournée en Europe et au Moyen-Orient dont Paris était la première étape, refusé de reconnaître la victoire de Joe Biden. "Il y aura une transition en douceur vers une seconde administration Trump", a-t-il dit, avant de critiquer les dirigeants étrangers qui ont déjà pris contact avec le démocrate.

L'ambiance a donc pour le moins été inhabituelle dans le huis clos de l'Elysée pour cette probable dernière visite de M. Pompeo à Paris en tant que secrétaire d'Etat de l'administration Trump.

Au-delà de ces deux réalités parallèles qui parasitent la diplomatie américaine, les sujets de friction n'ont pas manqué.

Sanctions anti-Iran

Jean-Yves Le Drian avait prévenu qu'il s'opposerait, devant Mike Pompeo, à une accélération du retrait des troupes américaines d'Afghanistan et d'Irak, envisagée par Donald Trump avant la fin officielle de son mandat, le 20 janvier.

Le dossier iranien qui, avec le climat et le commerce, a contribué à une certaine rupture entre Washington et le Vieux Continent depuis quatre ans, a aussi été une dernière fois sur la table. 

Donald Trump a claqué la porte en 2018 de l'accord international signé trois ans plus tôt avec l'Iran pour l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire, en le jugeant insuffisant, et a rétabli puis durci les sanctions contre Téhéran. Les Européens tentent de sauver cet accord, au moins jusqu'à l'entrée en fonctions de Joe Biden, qui a promis de renouer avec la diplomatie.

Or l'administration Trump a promis de renforcer encore les mesures punitives juqu'au bout -- une stratégie vue par certains observateurs comme la volonté de bâtir un "mur de sanctions" tellement haut qu'il sera difficile au démocrate de revenir en arrière.

"Quelle que soit l'issue de ces élections" aux Etats-Unis, "cette administration est là au moins jusqu'au 20 janvier", et "la campagne de pression maximale" contre l'Iran "ne va pas s'arrêter dans les prochains mois", a dit à la presse un haut responsable américain.

Selon le département d'Etat, les discussions devaient porter également sur "l'unité transatlantique", souvent malmenée pendant l'ère Trump, ainsi que la lutte contre le terrorisme.

Après avoir passé le week-end en privé avec son épouse Susan à Paris, lors de ce qui ressemble fort à une tournée d'adieux qui ne dit pas son nom, Mike Pompeo a rendu lundi matin un hommage aux victimes des récents attentats perpétrés en France.

Il a déposé une gerbe de fleurs devant la statue dédiée aux victimes du terrorisme dans les jardins de l'Hôtel national des Invalides, puis s'est recueilli, lors de l'appel "Aux morts", la main sur le coeur.

En début d'après-midi, le secrétaire d'Etat s'est envolé pour la Turquie, où il a prévu de rencontrer le patriarche Bartholomée de Constantinople, chef spirituel de l'Eglise orthodoxe, mais pas les responsables turcs, malgré de nombreux contentieux avec Ankara.

La diplomatie turque s'est offusquée de sa volonté d'affirmer "la position ferme" des Etats-Unis sur la liberté religieuse lors de ce déplacement.

Le secrétaire d'Etat doit poursuivre sa tournée en Géorgie, à Jérusalem puis dans le Golfe.

le Lundi 16 Novembre 2020 à 05:17 | Lu 541 fois