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Lourdes peines de prison pour l'"organisation criminelle" grecque Aube dorée


Athènes, Grèce | AFP | mercredi 14/10/2020 - Le chef et six anciens cadres du parti néonazi grec Aube dorée se sont vu infliger de lourdes peines de prison ferme mercredi par la Cour pénale d'Athènes qui les a reconnus coupables d'avoir dirigé une "organisation criminelle".

Le fondateur du parti paramilitaire, Nikos Michaloliakos, négationniste et admirateur du national-socialisme, a été condamné à 13 années de réclusion criminelle, conformément aux réquisitions du ministère public.

"Je ne suis pas satisfait", a cependant immédiatement déclaré le père d'un rappeur antifasciste assassiné par un membre d'Aube dorée. "J'attendais 20 ans de réclusion" pour la direction d'Aube dorée, a ajouté Panayotis Fyssas, partie civile au procès, aux côtés de la mère et de la soeur du militant de gauche assassiné.

Sans surprise, le militant d'Aube dorée Yorgos Roupakias, le meurtrier de son fils Pavlos Fyssas, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

L'assassinat du militant de gauche, dans la nuit du 18 septembre 2013, avait choqué la Grèce en pleine crise financière et avait contraint les autorités à poursuivre le parti néonazi.

Ce dernier, responsable de meurtres et de violences contre des migrants et des militants de gauche depuis les années 1990, avait bénéficié jusque là d'une quasi-impunité.

Parmi les cadres du parti paramilitaire, l'eurodéputé indépendant Ioannis Lagos, ancien membre d'Aube dorée, écope également de 13 années de réclusion et d'un an et demi de prison pour port d'armes.

Son immunité parlementaire devra être levée par le parlement européen, à la demande de la Grèce, une fois qu'un mandat d'arrêt aura été émis.

L'ancien porte-parole du parti néonazi Ilias Kassidiaris et le député Christos Pappas, bras droit de Michaloliakos ainsi que deux autres dirigeants du parti, les anciens députés Ilias Panagiotaros et Georgios Germenis, ont aussi été condamnés à des peines de 13 ans.

Seul Artemis Matthaiopoulos, l'ex-gendre de Michaloliakos, a été condamné à dix ans de prison, en deçà des réquisitions.

Lundi, la Cour pénale d'Athènes avait rejeté toutes les circonstances atténuantes susceptibles d'alléger les peines de prison des sept dirigeants du parti néonazi.

Devant la cour pénale d'Athènes, une cinquantaine de manifestants antifascistes s'étaient rassemblés mercredi dans l'attente du prononcé des peines. Sur une banderole, on pouvait lire: "On n'oublie pas (...) ils ne sont pas innocents".

Verdict "historique"

Après cinq ans et demi d'audiences, la cour avait unanimement qualifié la semaine dernière le parti paramilitaire d'"organisation criminelle", un verdict qualifié d'"historique" par la présidente de la République et toute une frange de la classe politique grecque.

Elle a établi la culpabilité d'Aube dorée dans plusieurs crimes, en particulier le meurtre en 2013 de Pavlos Fyssas et du Pakistanais Sahzat Luckman, ainsi que l'agression de pêcheurs égyptiens en 2012 et de syndicalistes communistes en 2013.

Dans une salle quasi-vide mercredi, la présidente de la cour Maria Lepenioti a égrené par ordre alphabétique les peines décidées à l'unanimité des trois juges. Seule une dizaine des 57 condamnés étaient présents. 11 avaient ont été acquittés le 7 octobre.

Qualifié de "Führer" du parti dans l'acte de renvoi des juges d'instruction, Michaloliakos a été en outre condamné à une année d'emprisonnement pour port illégal d'armes. Mais la Cour n'avait pas immédiatement annoncé si cette peine s'ajouterait aux 13 années de prison pour avoir dirigé "l'organisation criminelle".

Michaloliakos, comme les six autres cadres du parti, a déjà purgé 18 mois de détention préventive avant l'ouverture du procès en avril 2015. Selon la loi grecque, ils devront purger les deux cinquièmes de leur peine avant de pouvoir demander une liberté conditionnelle.

Ce procès fleuve a entraîné progressivement le déclin d'Aube dorée, troisième force politique en 2015, qui n'a obtenu aucun siège au Parlement aux dernières législatives de juillet 2019.

Le 7 octobre, au moment du verdict, près de 20.000 personnes s'étaient rassemblées, réclamant la prison pour les dirigeants d'Aube dorée, hurlant de joie à l'énoncé du verdict. La police avait répliqué à des jets de cocktails Molotov par des tirs de gaz lacrymogène.

le Mercredi 14 Octobre 2020 à 05:18 | Lu 433 fois