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Loin de la Tour Eiffel, des touristes s'encanaillent à la Goutte d'Or


Loin de la Tour Eiffel, des touristes s'encanaillent à la Goutte d'Or
PARIS, 24 juin 2012 - Belleville ou Goutte d'Or, les quartiers populaires et métissés de Paris attirent des visiteurs curieux de découvrir la capitale autrement, loin de la Tour Eiffel et de Notre-Dame.

"Les étrangers font du grand tourisme, ils ont une heure et demie pour faire le Louvre puis filent à Versailles, ce sont plutôt les Parisiens, souvent à la retraite, ou des provinciaux qui viennent visiter la Goutte d'Or", explique à l'AFP Delphine Lanvin, guide touristique.

Dans ce quartier du XVIIIème arrondissement juché sur les contrebas de la butte Montmartre, les échoppes colorées de légumes et fruits exotiques, les tailleurs africains cousant des tissus bariolés côtoient des restaurants et salons de thés maghrébins.

"A Paris, il n'y a presque plus de quartiers populaires, moi je préfère la mixité, c'est truculent, c'est vivant", juge Caroline Tonnelier, qui habite le beaucoup plus coquet Boulogne-Billancourt, venue avec un groupe d'amies de l'association culturelle Le Tourisme à Paris.

"Ici les gens vivent beaucoup plus dans les rues, certains Parisiens ne connaissent pas du tout ça, alors avec cette visite, les gens viennent se dépayser, s'encanailler un peu", souligne Mme Lanvin.

"Aujourd'hui on va vous présenter un quartier autrement, par la petite histoire", lance à son groupe Angenic Agnero, guide et fondatrice de Paris par rues méconnues, une association qui fait découvrir Belleville.

Le passé de ce quartier, qui a poussé sur une colline extérieure de Paris, puis annexé à la capitale au XIXème siècle -- ses guinguettes, ses ateliers de maroquinerie, ses cours d'eau -- est vite évacué.

"Les Japonais adorent"

Place aux sensations fortes. Rue de Belleville, une façade grise. La guide fait le code, pousse la porte. Le groupe traverse une cour décrépie, pousse une autre porte. Au bout d'un couloir sombre, surgit un jardin luxuriant, avec un arbre géant, une glycine et quelques maisonnettes de style campagnard. Les oiseaux piaillent dans un calme paradisiaque.

"Les gens veulent de l'insolite, rencontrer des habitants", affirme la guide. Qu'ils soient Français, Russes, Indiens ou Japonais, "ils viennent pour l'authenticité", assure-t-elle. Alors direction un atelier d'estampe caché dans une autre arrière-cour.

Le graveur, Raoul Velasco, un Mexicain qui vit à Paris depuis 23 ans, se lance dans une tirade, "fier d'habiter dans ce quartier qui a la plus forte concentration d'artistes en France voire au monde", puis dans une diatribe contre "les promoteurs immobiliers" qui "chassent les pauvres d'ici".

"Quand on vit de son art, on paie son loyer, on achète notre matériel, on se paie de quoi manger et puis c'est tout", conclut ce graveur, dont les vernissages festifs font le bonheur de la rue des Cascades. Les visiteurs, amusés, en redemandent. Alors Raoul leur fait une démonstration sur sa presse.

A la Goutte d'Or, c'est la Ferme parisienne qui étonne les visiteurs. Les poulets vivants y sont vendus par dizaines. Sans parler de Kata, un magasin de chaussures à petits prix situé dans... un théâtre avec balcon classé monument historique.

A Belleville, la version nocturne de la balade se termine au Vieux Belleville, un restaurant musette où l'on joue et chante Edith Piaf et Maurice Chevalier. "Les Japonais adorent, les Français aussi", selon Mme Agnero.

"L'image de Paris, c'est Montmartre, la Tour Eiffel, les Champs-Elysées, mais visiter les sites touristiques ce n'est pas toujours agréable, il y a tout ce monde", fait remarquer Anne Le Quernec, venue de Bretagne, en sirotant un thé offert par une épicerie fine de Belleville.


Par Alix RIJCKAERT

Rédigé par AFP le Samedi 23 Juin 2012 à 23:11 | Lu 745 fois