Tahiti Infos

Licenciement bloqué pour douze ex-Interconti de Moorea


Tahiti, le 30 mars 2021 - La société Tahiti Beachcomber (TBSA) souhaitait licencier une douzaine de salariés protégés de l’hôtel Intercontinental de Moorea désormais fermé. La direction du travail s’y opposait et le rapporteur public du tribunal administratif vient de conforter la position de l’administration.
 
Fermé en mai 2020 et dont l’important mobilier a été vendu aux enchères dès le mois suivant, l’hôtel Intercontinental avait connu avant ce triste et rapide épilogue quelques contentieux concernant des licenciements à la suite des mouvements de grève fin 2019. Touché par le Covid-19 comme tout le secteur du tourisme, le groupe hôtelier avait rapidement décidé de fermer son établissement sur l’île sœur. La fermeture avait ainsi conduit à procéder à des licenciements économiques mais la procédure prévue par les textes n’a semble-t-il pas été correctement suivie.
 
Sauvegarder la compétitivité
 
Pour procéder aux licenciements économiques d’une douzaine de représentants du personnel parmi lesquels le numéro deux de la confédération O oe to oe Rima, Tunia Terevaura, TBSA devait préciser les motifs auprès de l’inspection du travail et obtenir son autorisation. Le courrier alors adressé à l’administration était à cet égard assez vague. Le groupe hôtelier évoquait la nécessité de sauvegarder la compétitivité de l’entreprise sans pour autant préciser pourquoi le choix s’est porté sur le sacrifice de l’établissement de Moorea. Les salariés concernés estimaient que les informations comptables sur la situation de l’entreprise et des autres établissements du groupe étaient très insuffisantes et que la direction de TBSA n’avait rien proposé en termes de départs volontaires, de formation et de reclassement. Une position défendue par l’administration pour justifier de son refus d’autoriser les licenciements. Cette position a été confortée par les conclusions du rapporteur public lors de l’audience de ce mardi.

Informations très incomplètes

Selon la magistrate, le plan de sauvegarde de l’emploi établi par TBSA est “insuffisant”. Les départs à la retraite avaient été considérés comme une mesure “pas envisageable compte tenu de la jeunesse du personnel”. Or, certains salariés plus âgés remplissaient pourtant les conditions. Pour ce qui est des possibilités de disposer d’une formation professionnelle, la société ne faisait qu’“inviter les salariés à s’inscrire au Sefi”. Enfin, quant aux opportunités d’intégrer un des autres hôtels encore ouverts du groupe, il était juste signifié aux employés qu’“il n’existe aucune possibilité de reclassement” dans les autres établissements. Des “formulations générales” selon la magistrate alors que “le plan social doit comporter des mesures précises et concrètes”. Selon le rapporteur public, “eu égard à l’insuffisance des informations, l’inspecteur du travail était tenu de refuser les licenciements”. A la barre, un seul des salariés présents a choisi de s’exprimer. La situation et le conflit avec la direction deviennent durs à supporter financièrement et mentalement. “Nous avons pris la décision de partir en arrêt psy”. L’affaire a été mis en délibéré au 13 avril prochain.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 30 Mars 2021 à 18:22 | Lu 4099 fois