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Les tū'aro mā'ohi à l’épreuve du Covid


Tahiti, le 7 novembre 2020 - La dernière journée des tu'aro ma'ohi s'est tenue samedi sur le site de Vaiparaoa à Punaauia. Au programme du lever de pierre, du grimper du cocotier et du patia fa. Protocole sanitaire oblige, l'événement s'est déroulé à huis clos et le gros contingent d’athlète originaire des îles manquait à l’appel.
 
Les ma'ona avaient rendez-vous samedi sur le site de Vaiparaoa à Punaauia pour la dernière journée des tu'aro ma'ohi (la première s'était tenue le 8 août avec la course des porteurs de fruits). Au programme de cette deuxième journée, les épreuves de lever de pierre, de grimper de cocotier et de lancer de javelot (patia fa). Toutes très appréciées du public,, cette édition des tū'aro mā'ohi événement toujours très festif, mais protocole sanitaire oblige, s'est déroulé à huis clos, avec également un contingent d'athlète très réduit par rapport aux précédentes années.
 
"Les athlètes des îles, notamment ceux des Tuamotu, sont absents pour cette édition", a indiqué Enoch Laughlin, président de la Fédération des sports et jeux traditionnels. "Le nombre de participant a aussi été limité par association. On est à moins de six athlètes par association. Alors qu'en temps normal pour le lancer de javelot par exemple on a entre 130 et 150 participants. Mais on est tout de même satisfait parce qu'on a pu organiser notre événement, c'est une bonne chose. Le principal c'est que notre culture vive."
 
Le géant Eriatara Ratia tire sa révérence
 
Si les îliens étaient absents de ce rendez-vous, quelques figures bien connues des tū'aro mā'ohi étaient bien présentes samedi, comme Eriatara Ratia, le géant de Tubuai, véritable sommité du lever de pierre au fenua. L'intéressé avait notamment soulevé l'année dernière une pierre de 137 kg… en moins de trois secondes. Mais à 35 ans, le colosse a participé samedi à son dernier concours. "J'ai un palmarès déjà bien rempli. J'ai levé ma première pierre à 15 ans et depuis je n'ai jamais arrêté. Il faut laisser la place aux jeunes", a confié le 'aito.
 
Pour son ultime sortie, Eriatara Ratia avait donc à cœur de démontrer qu'il était bien la référence du lever de pierre dans le Pacifique sud. Descendu dans la catégorie des super-lourds, il a soulevé sa pierre de 140 kg en 2"85. Le seul en dessous des trois secondes samedi. Tefana Tufaimea (3"72) et Moehani Chonghue (4"74) se sont classés respectivement deuxième et troisième. Dans la catégorie reine, celle des extra-lourds pour une pierre de 140 kg aussi, c'est Teva Tauraatea qui s'est imposé avec un temps de 6"53. Et chez les femmes à noter les victoires de Mahe Tchang chez les -90 kg et de Iolina Tiare chez les +90 kg.
 
Hiérarchie respectée au patia fa
 
Ensuite au patia fa, la hiérarchie a également été respectée. Les ma’ona originaires de l’atoll de Anaa aux Tuamotu mais qui sont désormais à Tahiti, ont de nouveau prouver qu’ils étaient bien les maîtres de ce jeu traditionnel. En individuel chez les hommes, Ganariki Raveino, 21 ans, est le digne successeur de cette longue lignée de lanceur. Ce dernier s’est adjugé la victoire samedi, après avoir été abonné ces dernières années au place d’honneur. “Dans la famille tout le monde lance. Mon père, mon grand-père, ma mère. J’ai donc commencé très jeune. Le patia fa quand tu es originaire de Anaa c’est quelque chose que tu as dans le sang”, a affirmé le jeune homme.
 
Ce dernier a presque remis ça au concours par équipe, en se classant deuxième avec Te Ufi Taramea 1. Un concours par équipe néanmoins remporté par ses coéquipiers de la deuxième formation de Te Ufi Taramea, composé également en grande partie d’athlète originaire de Anaa. Chez les femmes le concours en individuel a été remporté par Kahalani Raveino.
 
Enfin, le dernier jeu au programme de la journée était le grimper au cocotier. Un concours remporté par Tainui Lenoir, qui a mis 2”78 pour arriver au sommet de son arbre. Il a devancé Charlie Faatoa (3”11) et Aito Lenoir (3”52).
 

 
Si la Fédération des sports et jeux traditionnels a présenté cette journée comme la dernière des tū'aro mā'ohi, le concours de coprah devrait se tenir le 21 novembre à Moorea. “On songe également à faire un concours à Raiatea”, a indiqué Enoch Laughlin.

Rédigé par Désiré Teivao le Samedi 7 Novembre 2020 à 21:05 | Lu 1823 fois