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Les tapa océaniens dévoilent leurs secrets (reportage)


Les tapa océaniens dévoilent leurs secrets (reportage)

PAPEETE, le mercredi 12 novembre 2014. Jusqu'à jeudi soir, des ateliers de fabrication de tapa sont organisés à la mairie de Pirae. Des spécialistes de Hawaii, des Samoa, de Rapa Nui et des Marquises vous dévoileront leurs secrets. Reportage au milieu des martèlements des battoirs et des penu.

 

Depuis mardi, les jardins de la mairie de Pirae vibrent aux coups des battoirs sur les enclumes en bois dur. Des experts en tapa venus des quatre coins du Pacifique présentent leur mode de fabrication de l'étoffe. Le festival du tapa, lien culturel d'Océanie, a lieu jusqu'au 23 novembre.

 

Installés dans les jardins, des membres de l'association Haururu enseignent l'utilisation des fruits et fleurs pour teindre les tapa. «En pilant les fleurs de purau et en les mélangeant avec un peu d'eau, on obtient un mauve foncé », décrit Cathy, de Haururu. « Ici, il y a des graines de miro », montre-t-elle du doigt. "En incisant les fruits et en les trempant dans l'eau, ça donne du jaune."

Pendant le festival du tapa, on redécouvre également tous les usages des produits de la nature. « Avec les graines de bancoulier, le ti'a'iri, qu'on a cuites avec la coque et qu'on a réduites en poudre, on obtient du noir. C'est ce qu'on utilisait aussi pour faire l'encre des tatouages », rappelle Cathy avant de préciser qu'avec « l'amande des noix de bancoulier, on faisait des lampes. On mettait les amandes de ti'a'iri sur des niau. On les allumait et ça servait toute la nuit. »

Feuilles, fleurs et écorces jonchent le grand peue. Là sont installés les apprentis d'un jour. Armés d'un penu, ils écrasent hibiscus, rea tahiti, graines de mati...
 

 


Passez avec votre souris sur les points rouges pour connaître les explications de Cathy de l'association Haururu


« Nous avons appris à colorer le tapa »

Roselyne est venue avec sa fille participer à cet atelier. « Je ne suis pas Polynésienne, mais ma fille l'est. Je trouve important, en tant que parent, qu'elle sache d'où elle vient », explique cette maman, les mains jaunies par le rea tahiti. « Nous avons appris à colorer le tapa avec des éléments naturels. On nous a enseigné à faire plusieurs teintes avec une seule couleur de base. »

Elle explique ce qu'elle a appris durant cet atelier. Avec en arrière-plan le bruit des battoirs, elle a pilé avec un penu fleurs et fruits. "Ça muscle l'esprit et le corps", sourit-elle. "Je sais qu'on peut faire beaucoup de choses avec ce qui nous entoure, c'est un pays riche et il faut vraiment qu'on préserve ça et le transmettre au plus jeune. "



 

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Un travail physique


A côté de Cathy, deux femmes venues de Fidji expliquent, avec humour, les premières étapes de la fabrication du tapa. La première opération consiste à séparer l'écorce du tronc. En Océanie, c'est essentiellement, l'écorce du mûrier à papier (aute) qui est utilisée pour fabriquer le tapa, mais on emploie aussi l'écorce des 'uru ou des racines aériennes du banian. Un travail assez physique pour une femme, souligne l'une de ces spécialistes. Cette étape nécessite de la précision. Il faut veiller à ne pas abîmer la partie interne de l'écorce. On l'appelle le liber. Séparé de la partie externe de l'écorce, c'est ce qui permet d'obtenir le tapa après battage.
 


L'utilisation des battoirs ne se fait pas au hasard


Pour fabriquer le tapa, il faut avoir trempé l'écorce plusieurs jours dans l'eau. Placée sur une enclume en bois dur, ou en pierre, elle est frappée à l'aide d'un battoir. Une enclume en bois et des battoirs de tailles différentes sont posés devant les deux femmes, assises en tailleur. L'utilisation des battoirs ne se fait pas au hasard. Sur chacun de ces outils, le public distingue des stries, plus ou moins fines et profondes selon les modèles.
 


Les motifs de Turite, de Futuna

Sous un des fare potee de la mairie de Pirae, Turite, venue de Futuna, trace les premiers motifs sur un tapa. A sa gauche, un encrier. Mais l'encre qu'elle contient n'a pas été achetée en supermarché. « J'utilise des fruits de bancoulier. Vous empilez les amandes qui sont à l'intérieur sur une tige et vous les faites griller au four », décrit-elle. « Comme c'est huileux, elles vont se consumer. Vous récupérer la suie qui se met sur les parois et vous mélangez avec un autre liquide ». Et voilà de l'encre noire. Tout paraît si simple avec Turite. Devant sa feuille blanche de tapa, l'habitante de Futuna trace des lignes. « Je vais improviser au fur et à mesure », confie-t-elle. « Je sais que je vais quadriller au milieu car chaque tapa a un milieu. Je fais toujours un motif sombre sur un motif clair. »

A Futuna, le tapa est devenu son « gagne-pain » mais elle rappelle l'importance de l'étoffe dans la vie des habitants de Wallis-et-Futuna. « Chaque famille doit avoir son tapa pour fêter les événements et remercier les chefs coutumiers d'être venus ». Et chaque famille doit avoir dans son jardin un arbre avec lequel il pourra faire du tapa.

 


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Programme de ce mercredi 12

A la mairie de Pirae
De 13h30 à 15h30 :  ateliers ouverts au public sur le thème faire son tapa à la façon de Rapa Nui, Marquises. Inscription au 87 29 83 95. Participation : 1 200 Fcfp.
 
A 16heures : vernissage de l’exposition à la Galerie Winkler : « Du ngatu à soi : Dagmar DYCK »
 
A 18 heures, conférences à la Maison de la culture, à Papeete.
Les conférences sont gratuites. Vous bénéficierez d’une traduction simultanée : pour obtenir votre cas il vous sera demandé de déposer une pièce d’identité. Celle-ci vous sera rendue à la fin de la soirée.

A 18 h, Moana Eisele, experte en kapa hawai’ien reconnue internationalement donnera une conférence « Kāhiko KaʻIli Kapa - Hawaiian Kapa Design ». Elle sera assistée de Kamalu Du Preez, en charge des collections culturelles du B.P.Bishop Museum Honolulu, à Hawaii.
Reconnue comme étant l’un des meilleurs experts en kapa (le tapa de Hawai’i), elle détaillera la méthode de fabrication, les motifs qui ornent les étoffes hawaiiennes, leur symbolique...
A 19h, Andrea Seelenfreund, archéologue, de la Escuela de Antropologia, Universidad Academia de Humanismo Cristiano, à Santiago, au Chili présentera ses recherches génétiques sur le ‘aute, le mûrier à papier.
 

Au programme jeudi 13 novembre

A la mairie de Pirae De 8 à 10 heures : derniers travaux préparatoires au colloque international. « Que peuvent apporter les scientifiques et les passeurs de savoirs au projet ?». Entrée libre.
De 10 heures à midi : démonstrations de fabrication de tapa par les délégations de Hawaii, Rapa Nui et Tonga, de décor du tapa communautaire par les délégations de Fijdi, des Marquises, de Nouvelle-Calédonie, Wallis, Futuna…, d’utilisation des teintures et pigments naturels.
 
De 13h30 à 15h30 : trois ateliers ouverts au public : faire son tapa à la façon de Hawaii, Samoa, Rapa Nui, Marquises. Inscription au 87 29 83 95. Participation : 1 200 Fcfp).
A 16h30 : vernissage de l’exposition à la Galerie des tropiques : « Les artistes et le tapa, regards croisés » ;
De 18 à 20 heures : deux conférences dans le lounge à la Maison de la culture. A 18 heures, Anna-Karina Hermkens, anthropologue, présentera « Tapa and identity among the Maisin of Papua New Guinea ».
A 19 heures, Fanny Wonu Veys, conservateur pour l’Océanie depuis 2009 au sein du National Museum van Wereldculturen, aux Pays-Bas, a mené des recherches sur les tapa de Polynésie occidentale, essentiellement en s’appuyant sur des pièces historiques et les cérémonies royales contemporaines du royaume de Tonga. Ses publications couvrent les sujets sur les tapa polynésiens et discutent de sujets en relation avec les échanges ente peuples du Pacifique et musées européens.
Les conférences sont gratuites. Vous bénéficierez d’une traduction simultanée. Pour obtenir votre casque, il vous sera demandé de déposer une pièce d’identité. Celle-ci vous sera rendue à la fin de la soirée.

Plus d'infos sur la page[ Facebook du festival ]url:https://www.facebook.com/tapafestivaltahiti2014?fref=ts ou au 87 29 83 95.
 

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 11 Novembre 2014 à 16:21 | Lu 1614 fois