Paris, France | AFP | mardi 15/05/2023 - "Tout va coûter plus cher". Les syndicats reviennent mardi et mercredi à Matignon pour la première fois depuis la promulgation de la très contestée réforme des retraites, qui occupe encore tous les esprits et pourrait les placer "en position de force" dans les négociations.
Après une rencontre avec l'intersyndicale début avril qui avait tourné court, Elisabeth Borne reçoit cette fois chacune des cinq organisations représentatives, sans ordre du jour précis.
La Première ministre, régulièrement chahutée par les casseroles d'opposants à la réforme, se dit "à l'écoute des priorités" des organisations syndicales et patronales.
Alors qu'elle souffle mardi sa première bougie à Matignon, recevant lundi un satisfecit d'Emmanuel Macron pour son action teintée de "force, détermination et courage", elle s'entretiendra en fin d'après-midi avec FO et la CFDT. Puis mercredi matin avec la CFE-CGC et la CFTC, avant la CGT l'après-midi.
Ces rencontres s'inscrivent dans la feuille de route qu'Emmanuel Macron a confiée à Elisabeth Borne pour relancer l'exécutif après la crise des retraites.
L'intersyndicale a redit lundi dans un communiqué son opposition "déterminée" à la réforme, contre laquelle elle organise une 14e journée de grève et de manifestations le 6 juin, deux jours avant l'examen d'une proposition de loi du groupe Liot visant son abrogation.
Les syndicats invitent les députés à la voter, pour "(respecter) ainsi la volonté de la population massivement exprimée depuis janvier".
Besace
Le texte de Liot fait l'objet d'intenses réflexions des groupes de la majorité qui soupèsent notamment l'argument de l'"irrecevabilité financière", en référence à la règle constitutionnelle qui veut qu'une proposition venant des parlementaires ne peut pas dégrader les finances publiques.
Elisabeth Borne a réuni dimanche à Matignon pour en discuter les groupes Renaissance, Horizons et MoDem, avec la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. Plusieurs ministres et responsables de la majorité en ont aussi parlé à l'Elysée lundi matin, selon un participant. L'intergroupe de la majorité dévoilera mardi sa stratégie.
Après l'adoption au forceps de la réforme des retraites, qui a nourri les manifestations du 1er mai, les syndicats viennent avec une besace pleine de revendications et pourraient faire monter les enchères.
Dans le contexte de l'inflation, les syndicats entendent surtout parler salaires, et rediront qu'ils jugent "injuste et brutale" la dégressivité des allocations chômage ou la conditionnalité d'accès au RSA (revenu minimum pour les personnes sans ressources, ndlr) - dont les bénéficiaires pourraient faire l'objet de sanctions.
L'ensemble des syndicats demande que les aides publiques aux entreprises soient "conditionnées" à des objectifs sociaux, comme la hausse des salaires, et environnementaux.
La CFDT va demander une suspension des exonérations de cotisation pour les branches qui ont des minima inférieurs aux Smic. La CGT, qui vient, selon les mots de sa N.1 Sophie Binet au Parisien "pour poser des exigences", "pour négocier, pas pour discuter", souhaite pour sa part une indexation des salaires sur la hausse des prix.
Autonomes
Les organisations patronales, qui seront reçues la semaine prochaine, auraient préféré une négociation autonome avec les syndicats avant de voir le gouvernement. Le Medef met régulièrement en avant leur accord sur le partage de la valeur.
Outre l'emploi des seniors ou la pénibilité, autant de sujets retoqués de la réforme par le Conseil constitutionnuel, la Première ministre entend bâtir avec les partenaires sociaux un "agenda social" pour un "nouveau pacte de la vie au travail".
Un projet de loi, "qui embarquera le résultat des négociations" entre les syndicats et le patronat, devrait être déposé en fin d'année ou en début d'année 2024, selon Matignon.
Mais malgré la reprise du dialogue, "la défiance restera extrêmement profonde", a prévenu Sophie Binet pour qui "il n'y aura pas de retour à la normale si cette réforme (des retraites) n'est pas abandonnée".
"On va continuer à dire que la page n'est pas tournée" sur les retraites, mais "on ne peut pas ne pas parler de l'inflation, du pouvoir d'achat", explique à l'AFP le président de la CFTC Cyril Chabanier, estimant que les syndicats sont "en position de force grâce au mouvement social".
"Tout va coûter plus cher", abonde Laurent Berger, patron de la CFDT, qui aura aussi des exigences en termes de méthode. "C'est quoi la co-construction dans laquelle ils entendent entrer?".
Après une rencontre avec l'intersyndicale début avril qui avait tourné court, Elisabeth Borne reçoit cette fois chacune des cinq organisations représentatives, sans ordre du jour précis.
La Première ministre, régulièrement chahutée par les casseroles d'opposants à la réforme, se dit "à l'écoute des priorités" des organisations syndicales et patronales.
Alors qu'elle souffle mardi sa première bougie à Matignon, recevant lundi un satisfecit d'Emmanuel Macron pour son action teintée de "force, détermination et courage", elle s'entretiendra en fin d'après-midi avec FO et la CFDT. Puis mercredi matin avec la CFE-CGC et la CFTC, avant la CGT l'après-midi.
Ces rencontres s'inscrivent dans la feuille de route qu'Emmanuel Macron a confiée à Elisabeth Borne pour relancer l'exécutif après la crise des retraites.
L'intersyndicale a redit lundi dans un communiqué son opposition "déterminée" à la réforme, contre laquelle elle organise une 14e journée de grève et de manifestations le 6 juin, deux jours avant l'examen d'une proposition de loi du groupe Liot visant son abrogation.
Les syndicats invitent les députés à la voter, pour "(respecter) ainsi la volonté de la population massivement exprimée depuis janvier".
Besace
Le texte de Liot fait l'objet d'intenses réflexions des groupes de la majorité qui soupèsent notamment l'argument de l'"irrecevabilité financière", en référence à la règle constitutionnelle qui veut qu'une proposition venant des parlementaires ne peut pas dégrader les finances publiques.
Elisabeth Borne a réuni dimanche à Matignon pour en discuter les groupes Renaissance, Horizons et MoDem, avec la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. Plusieurs ministres et responsables de la majorité en ont aussi parlé à l'Elysée lundi matin, selon un participant. L'intergroupe de la majorité dévoilera mardi sa stratégie.
Après l'adoption au forceps de la réforme des retraites, qui a nourri les manifestations du 1er mai, les syndicats viennent avec une besace pleine de revendications et pourraient faire monter les enchères.
Dans le contexte de l'inflation, les syndicats entendent surtout parler salaires, et rediront qu'ils jugent "injuste et brutale" la dégressivité des allocations chômage ou la conditionnalité d'accès au RSA (revenu minimum pour les personnes sans ressources, ndlr) - dont les bénéficiaires pourraient faire l'objet de sanctions.
L'ensemble des syndicats demande que les aides publiques aux entreprises soient "conditionnées" à des objectifs sociaux, comme la hausse des salaires, et environnementaux.
La CFDT va demander une suspension des exonérations de cotisation pour les branches qui ont des minima inférieurs aux Smic. La CGT, qui vient, selon les mots de sa N.1 Sophie Binet au Parisien "pour poser des exigences", "pour négocier, pas pour discuter", souhaite pour sa part une indexation des salaires sur la hausse des prix.
Autonomes
Les organisations patronales, qui seront reçues la semaine prochaine, auraient préféré une négociation autonome avec les syndicats avant de voir le gouvernement. Le Medef met régulièrement en avant leur accord sur le partage de la valeur.
Outre l'emploi des seniors ou la pénibilité, autant de sujets retoqués de la réforme par le Conseil constitutionnuel, la Première ministre entend bâtir avec les partenaires sociaux un "agenda social" pour un "nouveau pacte de la vie au travail".
Un projet de loi, "qui embarquera le résultat des négociations" entre les syndicats et le patronat, devrait être déposé en fin d'année ou en début d'année 2024, selon Matignon.
Mais malgré la reprise du dialogue, "la défiance restera extrêmement profonde", a prévenu Sophie Binet pour qui "il n'y aura pas de retour à la normale si cette réforme (des retraites) n'est pas abandonnée".
"On va continuer à dire que la page n'est pas tournée" sur les retraites, mais "on ne peut pas ne pas parler de l'inflation, du pouvoir d'achat", explique à l'AFP le président de la CFTC Cyril Chabanier, estimant que les syndicats sont "en position de force grâce au mouvement social".
"Tout va coûter plus cher", abonde Laurent Berger, patron de la CFDT, qui aura aussi des exigences en termes de méthode. "C'est quoi la co-construction dans laquelle ils entendent entrer?".