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Les recommandations du Conseil scientifique pour la Polynésie


La ministre des outre-mer, Annick Girardin, s'est exprimée au sujet des mesures mises en place outre-mer dans le contexte de crise sanitaire lié au coronavirus.
La ministre des outre-mer, Annick Girardin, s'est exprimée au sujet des mesures mises en place outre-mer dans le contexte de crise sanitaire lié au coronavirus.
Tahiti, le 10 avril 2020 – La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a présenté ce vendredi matin l'avis rendu par le conseil scientifique pour faire à la situation de l’épidémie du Covid-19 dans les territoires d’Outre-mer. Ce conseil a émis trois recommandations spécifiques à la situation dans des territoires ultramarins tels que la Polynésie française, qui viendraient en complément du confinement. Des mesures généralement d’ores et déjà mises en place, mais qui seront approfondies par une utilisation plus systématique des tests.
 
La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, s’est exprimée ce vendredi matin pour faire le point sur les mesures prises outre-mer au regard de l’avis rendu par le conseil scientifique qui accompagne le gouvernement français dans sa gestion de la crise sanitaire due au coronavirus. Sollicité par la ministre des Outre-mer, le conseil scientifique a formulé, dans un avis rendu mercredi, des recommandations visant à faire face à la propagation de l’épidémie de Covid-19 dans les territoires d’Outre-mer. Le conseil scientifique recommande donc que soient mises en place des mesures en plus du confinement. Des mesures qui soient « adaptées au contexte de chaque territoire et élaborées avec les autorités et les acteurs locaux impliqués ».
 
Le conseil scientifique avait distingué trois groupes de territoires « qui diffèrent par l’intérêt et la capacité de mise en œuvre de ces mesures ». Mais il avertit que de manière générale, « l’épidémie dans les territoires d’outre-mer va s’aggraver dans les semaines qui viennent ». En ce qui concerne plus précisément la Polynésie française, elle fait partie du 2e groupe, avec la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint Barthélémy, la Martinique, la Guyane, la Réunion et la Nouvelle-Calédonie. Ce groupe de territoires se trouve aux stades 2 et 3 de l’épidémie. Il serait possible d’y « mettre en œuvre des mesures communes, en les adaptant à leurs spécificités ». « Il est considéré que leurs hôpitaux, moyennant renforcement de leurs capacités en lits de réanimation et réorganisation peuvent accueillir les cas graves de Covid-19 », peut-on lire dans l’avis. Trois recommandations sont formulées. Bien que généralement appliquées en Polynésie française, certaines mesures sont décrites de manière plus approfondie.

Test systématique en fin de quatorzaine

En effet, la première recommandation est la quatorzaine préventive pour les arrivants sur le territoire. Cette mesure a été rendue applicable le 17 mars dernier en Polynésie et les liaisons aériennes avec l’extérieur ont été coupées depuis le 28 mars. Ainsi, les personnes revenues de l’étranger ont pu s’isoler dans leur domicile ou dans un lieu prévu à cet effet par les autorités.
 
En revanche, au-delà de cette mise à l’isolement pour les arrivants sur le fenua, le conseil scientifique recommande de pratiquer un test de dépistage (PCR) du covid-19 à « tous les voyageurs présentant des symptômes évocateurs ». Il conseille également que les voyageurs asymptomatiques subissent « un test systématique en fin de quatorzaine préventive » dans la mesure où la proportion des cas d’infection importés est « significative par rapport aux cas autochtones ». Ce vendredi, le ministre de la Santé a rappelé qu'en Polynésie, "huit personnes sont confinées dans un centre militaire en face du Taaone". Une autre structure isolée  doit également être mise à disposition d'ici "le début de la semaine prochaine", a-t-il précisé. 

Isolement des cas avérés en dehors de l’hôpital

L’avis explique que « lorsque le confinement à domicile est problématique », pour des raisons de promiscuité par exemple, « il doit être proposé de soustraire un cas avéré à son environnement pour protéger son entourage ». En effet, en Polynésie française, les cas confirmés restent généralement confinés à leur domicile auprès de leur famille.
 
Dans le cas où les proches du cas confirmé ont d’ores et déjà contracté le virus, ils « doivent entrer dans un protocole de suivi actif des contacts ». Une mission assurée par la Veille sanitaire qui met en place des enquêtes systématiques autour des cas. En ce qui concerne l’isolement, le conseil scientifique précise que dans les territoires du groupe 2, et donc en Polynésie, « les hôtels actuellement non-occupés doivent pouvoir servir de lieux d’isolement ».

Suivi actif des personnes contacts

Le suivi actif pendant deux semaines des personnes contacts des cas avérés de Covid-19, avec dépistage des personnes symptomatiques « peut contribuer à ralentir la diffusion de l’épidémie dans la population et donc la surcharge des hôpitaux ». En revanche, le conseil scientifique pointe du doigt le fait que « cette pratique requiert des équipes conséquentes » et que les moyens de dépistage soient disponibles : « elle nécessite la disponibilité, sans rupture de stock, des tests diagnostiques du Covid-19 ».
 
Or, selon le ministre de la Santé, Jacques Raynal lors du point presse quotidien de jeudi, « il reste 400 tests à l’Institut Louis Malardé, mais il en reste autant à l’hôpital ». En revanche, au sujet des tests disponibles au Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF), « on ne les mobilise pas pour les garder si à un moment donné on a des besoins intenses à l’hôpital ». Le Pays avait commandé des tests PCR qui devraient arriver en Polynésie dans les jours qui arrivent, puisque comme l’a confirmé le ministre de la Santé Jacques Raynal, « c’est notre principale préoccupation ». D’ailleurs, le gouvernement garde espoir « d’obtenir dans l’avion qui revient de métropole, des capacités de tests supplémentaires ». Une autre possibilité est également étudiée pour affréter « un nouvel avion pour aller en Chine » et récupérer du matériel médical.


le Vendredi 10 Avril 2020 à 15:54 | Lu 7976 fois