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Les pros approuvent la nouvelle réglementation du kava


Les professionnels saluent la nouvelle réglementation sur le kava qui entre en vigueur le 1er janvier 2026. ©Kava Tahiti
Les professionnels saluent la nouvelle réglementation sur le kava qui entre en vigueur le 1er janvier 2026. ©Kava Tahiti
Tahiti, le 9 octobre 2025 - Le gouvernement encadre davantage l'importation et la commercialisation du kava en Polynésie. Un rétropédalage après la libéralisation de son importation et de sa commercialisation en 2024 ? “Plutôt une avancée”, estiment les commerçants.
 
Les professionnels saluent la nouvelle réglementation qui entre en vigueur le 1er janvier 2026. “C'est une bonne nouvelle. On ne peut que féliciter le gouvernement”, affirment Jenny Tehani et Sylvain Todman de Kava Vanua Iti. 
 
Ce mercredi, le conseil des ministres a pris un arrêté fixant les conditions d'importation et de commercialisation du kava. Depuis mai 2024, la mise sur le marché du Piper methysticum n'était plus réservée au monopole pharmaceutique. Mais compte tenu des effets et risques sur la santé (cas d'atteinte hépatique, effets anxiolytiques, sédatifs), le gouvernement pose désormais un cadre plus strict.
 
Une démarche concertée
 
On a été consulté par l'administration pour travailler ensemble sur ce texte”, confirme Poerava Bossuet de Kava Tahiti. Cette initiative découle notamment d'une visite du gouvernement du Vanuatu en avril dernier. “Le Vanuatu a demandé que la législation locale s'appuie sur le Codex Alimentarius”, explique Sylvain Todman, évoquant un texte de l'Organisation mondiale de la santé qui établit des normes de référence de certains aliments.
 
Pour les cinq importateurs officiels du Fenua, cet encadrement répond à un double enjeu : garantir la qualité et lutter contre les importations sauvages. Il s'agit de limiter la concurrence déloyale de ceux qui importaient dans leurs valises du kava de mauvaise qualité. “Quand le kava s'est ouvert, certains faisaient des allers-retours entre la Calédonie et la Polynésie avec leurs valises pleines”, raconte Sylvain. “Avec des prix défiants toute concurrence et surtout aucun contrôle sur la typologie."
 
Le problème ? Tous les kavas ne se valent pas. Sur une cinquantaine d'espèces, seule une vingtaine sont des “kavas nobles”, riches en kavaïne. “Il y a du très bon kava et du mauvais kava”, prévient Jenny Tehani. Les variétés à forte métisticine peuvent être nauséeuses. 
 
Afin de préciser la réglementation, le texte du gouvernement impose des mentions obligatoires : avertissements pour les femmes enceintes, les mineurs, avis médical, interdiction de conduire. “Je ne suis pas du tout impactée, j'étais déjà à cheval sur les étiquettes”, assure Poerava. Idem pour Kava Vanua Iti : “On a déjà les étiquettes, les certificats phytosanitaires”, précise Jenny. Au Vanuatu, tout kava séché destiné à l'exportation est contrôlé par chromatographie. “Le Vanuatu ne veut pas de mauvaise presse. Ils veulent montrer qu'ils maîtrisent la filière”, explique Sylvain dont les produits (mélo mélo, palarasul, borogu) sont tous certifiés “nobles”.
 
“Un cadrage nécessaire”
 
Sur les réseaux sociaux, certains ont crié au “retour en arrière” sur la libéralisation de l'import et de la commercialisation de la plante. “Ce n'est pas une machine arrière. C'est un cadrage nécessaire”, insistent les professionnels de la filière. 
 
Le texte entre en vigueur le 1er janvier prochain, avec trois mois de transition pour écouler les stocks. De quoi laisser aux acteurs le temps de s'adapter à ces nouvelles exigences, que la plupart anticipaient déjà.
 

Rédigé par Darianna Myszka le Jeudi 9 Octobre 2025 à 15:47 | Lu 1409 fois