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Les premières fraises de Tubuai à la foire agricole


Les premières barquettes de 200 grammes ont été commercialisées à 800 francs à Tubuai. À Tahiti, les plus chanceux ont pu les découvrir à l’ouverture de la foire agricole (Crédit photos : Josiane Viriamu/CAPL).
Les premières barquettes de 200 grammes ont été commercialisées à 800 francs à Tubuai. À Tahiti, les plus chanceux ont pu les découvrir à l’ouverture de la foire agricole (Crédit photos : Josiane Viriamu/CAPL).
Tahiti, le 1er octobre 2025 – La saison des fraises sera-t-elle bientôt aussi attendue que celle des carottes sur l’île de Tubuai, aux Australes ? C’est ce qu’espère la CAPL après un premier test concluant avec le soutien technique de son homologue de Nouvelle-Calédonie et la motivation de Josiane Viriamu, maraîchère qui a consacré une parcelle à cette expérimentation. Les essais vont se poursuivre en 2026 : plusieurs porteurs de projet seraient déjà intéressés par cette filière de production locale émergente. Il en va de même pour les consommateurs et les pâtissiers en quête du “vrai goût” des fraises.  
 

Les premières fraises de Tubuai ont été présentées à l’ouverture de la foire agricole territoriale, la semaine dernière, où elles ont fait sensation. Les retardataires n’auront probablement pas l’occasion de les goûter cette fois-ci : le stock est limité, la production n’en étant qu’à ses débuts.
 
Si des essais avaient déjà eu lieu auparavant aux Australes, mais aussi en containers à Toahotu, cette fois-ci, c’est la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) qui a souhaité innover en lançant une production-pilote avec Josiane Viriamu, maraîchère de Tubuai qui a accepté de consacrer 500 m2 à la culture de fraises sous la forme d’une “parcelle de démonstration”. Des plans ont été importés de France en partenariat avec la chambre d’agriculture de Nouvelle-Calédonie, dont le président est aussi producteur de fraises.


​Deux variétés à l’essai


Les premiers tests au Fenua portent sur deux variétés de fraises. “Anabella, qui est petite et douce en goût, et qui produit beaucoup sur une courte période, et San Andreas, qui est plus grosse et acidulée, et qui produit sur la durée”, explique Alexandre Audouin, technicien de la CAPL basé à Tubuai. “Les tests confirment la possibilité de produire des fraises à Tubuai avec une température idéale entre 12 et 21 degrés. C’est une culture qui est fragile et qui demande du temps. Il faut protéger les pieds de la pluie et bien suivre la fertilisation pour éviter les carences, comme le fer”, poursuit-il. Un autre point de vigilance concerne les risques liés aux champignons.
 
La mise en terre de plusieurs centaines de pieds a eu lieu en mai. La récolte a débuté en août et devrait s’achever dans un mois. “L’agricultrice a commencé la commercialisation à Tubuai, où il y a une forte demande”, indique le conseiller, qui apprécie lui-même “le parfum bien prononcé” des fruits rouges. La barquette de 200 grammes est vendue à 800 francs, soit 4 000 francs le kilo, ce qui ne semble pas freiner les curieux et les gourmands en quête du “vrai goût des fraises”.

Les premières fraises de Tubuai à la foire agricole

​“Il y a un marché à prendre”


“L’idée, c’est de diversifier les productions pour permettre à un agriculteur d’avoir plusieurs revenus et de répondre aux besoins par rapport aux importations. Pour les fraises, il y a un marché à prendre au niveau local”, souligne Marc Fabresse, directeur général de la CAPL. “C’est un produit d’exception. La fraise de Tubuai n’a rien à voir avec la fraise importée réfrigérée qui arrive souvent avec des problèmes de pourriture grise. Beaucoup de pâtissiers nous ont déjà contactés pour pouvoir en bénéficier pendant la saison, qui dure trois ou quatre mois.”
 
En 2026, l’objectif est de poursuivre les tests à plus grande échelle à Tubuai. Plusieurs porteurs de projet seraient déjà volontaires : ils seront recensés avant la fin de cette année pour grouper l’achat de plants. En parallèle, des essais de conservation des stolons – organe végétal permettant la multiplication – sont menés localement par réfrigération. “Maintenant qu’on a l’itinéraire technique, on va essayer d’augmenter la production de fraises, parce qu’il n’y en a pas assez. Pourquoi pas tenir un stand de fraises à la foire l’an prochain, dans l’idéal ? Mais on y va progressivement, car l’objectif, c’est toujours de produire en quantité et en qualité pour les Polynésiens”, conclut Marc Fabresse.
 
En matière de maraîchage, le climat de Tubuai offre d’autres opportunités de développement. En parallèle de la fraise, des essais “prometteurs” portent actuellement sur le chou-fleur, le chou rouge et le céleri-branche, et de façon encore perfectible sur le brocoli.

Josiane Viriamu, agricultrice à Tubuai : “Un engouement pour ce produit”

“La CAPL m’a donné l’opportunité d’essayer de cultiver des fraises. J’ai accepté pour changer un peu, en plus des carottes, des pastèques et des radis. J’étais curieuse, car en dehors d’un ou deux pieds qu’on arrose pour le plaisir, je ne connaissais pas cette production. On a planté les fraises début mai. La CAPL a installé une irrigation en goutte à goutte, des bâches au sol pour limiter la pousse des mauvaises herbes et des bâches de protection pour la pluie. La récolte a commencé il y a un mois et demi, autour de mi-août, petit à petit. Je pense avoir vendu autour de 100 kg. Mais j’ai produit un peu plus : j’ai eu des pertes à cause d’un champignon. Je suis contente d’avoir pu participer à ce test, qui est vraiment concluant : j’ai réussi à produire de très belles fraises ! Si je continue, l’objectif, c’est de faire mieux maintenant qu’on sait faire attention aux carences. Il y a vraiment beaucoup de demandes, rien qu’à Tubuai. Il y a un engouement pour ce produit : pour quatre barquettes mises en vente, j’ai une soixantaine d’acheteurs.”

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 1 Octobre 2025 à 16:57 | Lu 2934 fois