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Les policiers australiens reviendront très vite à Vanuatu


Sato Kilman
Sato Kilman
PORT-VILA, mercredi 13 février 2013 (Flash d’Océanie) – Les agents de la police fédérale australienne (AFP) devraient prochainement effectuer un retour remarqué à Vanuatu, dans le cadre de la reprise de la coopération avec cet archipel mélanésien.
L’annonce a été faite à l’issue d’entretiens entre le ministre australien des affaires étrangères, Bob Car, avec le Premier ministre Sato Kilman, mercredi, lors du passage du chef de la diplomatie dans le capitale vanuatuane, dans le cadre d’une tournée régionale océanienne.
Cette coopération devrait reprendre en premier lieu au plan de la formation d’agents ni-Vanuatu, sans que les « conseillers » australiens soient en première ligne à des postes exécutifs.
Selon M. Carr, l’accord intervenu mercredi avec les autorités vanuatuanes concerne le déploiement de neuf agents de la police fédérale australienne au cours des semaines à venir, probablement début mars 2013, a déclaré mercredi le chef de la police locale, Arthur Caulton.
Ces dispositions ne seraient valables que jusqu’à la fin 2013, date à laquelle de nouveaux accords quinquennaux devront être négociés.

Lors de ces entretiens, Arthur Caulton n’a pas caché non plus que désormais, ses forces de l’ordre disposaient de l’aide d’autres bailleurs de fonds, avec lesquels la police de Vanuatu a entamé une coopération policière renforcée, comme la Chine.


Fin janvier 2013, les premières démarches en vue de relancer la coopération policière de l’Australie avec Vanuatu avaient eu lieu.
Objectif, en mode sherpas pour deux officiers supérieurs de l’AFP : jeter les bases de l’officialisation de la résolution du contentieux entre les deux pays, qui avait culminé en mai 2012 avec l’expulsion de l’archipel des experts coopérants australiens.
Début juin 2012, Richard Marles, secrétaire d’État chargé des affaires étrangères et des affaires du Pacifique, exprimait en substance des « regrets » concernant un l’incident d’avril 2012 entre Vanuatu et l’Australie et qui avait eu pour origine une escale à Sydney du Premier ministre Sato Kilman, alors accompagné, entre autres, de son secrétaire particulier, Clarence Marae.
Ce dernier avait été interpellé lors de ce même transit et se trouve toujours depuis face à la justice australienne dans le cadre d’une affaire de complicité de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale.
En réponse, le gouvernement de Vanuatu avait exigé et obtenu le départ de tous les agents de la police fédérale australienne détachés à Vanuatu dans le cadre de la coopération, au total une vingtaine d’agents.
Depuis, Alfred Carlot, chef de la diplomatie vanuatuane, se déclarait confiant quant à un retour prochain des coopérants policiers australiens dans son pays.
Vanuatu, ces derniers mois, a été confronté à plusieurs affaires de criminalité transnationale, y compris en relation avec le séjour prolongé et l’arraisonnement du voilier de luxe Phocéa et la découverte à bord de documents pouvant laisser supposer un trafic de passeport, voire de drogues et d’armes.

Toujours en appui aux polices mélanésiennes, une autre délégation chinoise, fin janvier 2013, lors d’une visite dans la capitale vanuatane Port-Vila, a annoncé son intention de consacrer 115 millions de Vatu (950.000 euros) à la police nationale de Vanuatu.
Cette aide comprendrait, entre autres, un camion de pompiers et une ambulance.
Une autre délégation chinoise, de passage mi-janvier 2013, annonçait pour sa part une enveloppe plus générale de l’ordre de 900 millions de Vatu (7,5 millions d’euros).
Dans la lise de projets censés être financés par Pékin à Vanuatu, figure en bonne place un projet de centre de conventions, qui serait construit à côté de l’actuel complexe parlementaire de l’archipel (également don de la Chine au début des années 1990).
Un autre projet concerne une remise à niveau de certains locaux du Collège anglophone de Malapoa.
Ces dernières années, la Chine a aussi pris en charge la construction du Secrétariat permanent du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui regroupe Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Fidji et le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie), inauguré en 2008 dans la capitale vanuatuane Port-Vila.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée aussi, l’Australie veut réaffirmer sa présence face à une montée en puissance de la Chine.
Début décembre 2012, Bob Carr, ministre australien des affaires étrangères, a effectué une visite officielle de quatre jours chez le plus grand voisin de son pays, avec comme points forts à l’ordre du jour les dossiers économiques, d’immigration et de sécurité nationale.
Il s’agissait de la première visite officielle en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour M. Carr depuis sa prise de fonctions.
Cette visite intervenait en prélue à une rencontre plus formelle encore, qui a rassemblé mi-décembre 2012 un large éventail de ministre des deux pays, dans le cadre d’un sommet ministériel annuel.
Au menu des discussions lors de ce sommet ministériel : une coopération économique et commerciale accrue entre l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la possibilité de reprise d’une coopération policière renforcée avec un possible détachement sur place d’agents de la police fédérale australienne, la coopération en matière d’immigration ou encore la réactivation récente d’un camp de détention pour immigrés clandestins, sur la petite île papoue de Manus).

Coopération militaire sino-papoue

Les gouvernements papou et chinois ont poursuivi ces derniers jours un processus de renforcement de leur coopération militaire, à l’occasion d’une visite à Pékin du ministre papou de la défense, Fabian Pok, qui y a rencontré fin janvier 2013 son homologue chinois, Liang Guanglie.
Au cours des entretiens entre les deux responsables, l’approfondissement de la coopération militaire a été considéré comme découlant du renforcement, ces dernières années, des relations économiques et commerciales, ainsi que de la coopération en matière de santé, d’éducation, d’énergie ou d’infrastructures entre les deux pays.
Du point de vue de Pékin, le Général chinois a motivé ce désir de renforcer les liens militaires par le souhait de la Chine de « contribuer à la paix et à la stabilité régionales ».

La Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Chine ont signé mi-janvier 2013 un traité de coopération « technique et économique », pour une valeur de près d’une dizaine de millions d’euros.
Le document a été signé par Mme Lucy Bogari, directrice par intérim des affaires étrangères et Zhong Shan Vice-ministre chinois du commerce.
En annexe de cet accord figure aussi un protocole concernant la fourniture de matériel pour la police nationale et un projet d’appui à une station de recherche agronomique, à Mont Hagen (province des hauts Plateaux).

Dernier développement en date : mercredi, le ministre papou de la défense, Fabian Pok, a déclaré lors d’une allocution au Parlement que l’intention du gouvernement actuel était d’imprimer un mouvement de remontée en puissance des effectifs militaires pour atteindre, d’ici à 2023, les dix mille soldats, à raison d’un millier de nouvelles recrues au cours des dix années à venir.
Au plan des équipements, le ministre a aussi apporté son assurance qu’un nouveau plan prévoyait et avait approuvé l’acquisition de nouveaux patrouilleurs, d’armes et d’avions.
La source du financement n’a pas été précisée.
Cette annonce, a-t-il rappelé, vient corriger un mouvement inverse qui a vu les effectifs militaires réduits d’environ quatre mille à actuellement moins de deux mille, au cours de la période 2002-2012.
Ces dégraissages entraient dans le cadre d’un plan de réformes financé par l’Australie, rapporte mercredi le quotidien The National.

Coopération militaire fidjienne avec la Chine

Dans la région, l’État insulaire océanien symbolisant le plus les luttes d’influences entre partenaires traditionnels occidentaux et de nouveaux, plus orientaux, demeure Fidji.
C’est à Suva qu’une délégation militaire de haut niveau conduite par le Général Qian Lihua, Chef de la cellule affaires étrangères au sein du ministère chinois de la défense, a rencontré lundi 21 janvier 2013 le contre-amiral Premier ministre Franck Bainimarama.
À l’ordre du jour des entretiens annuels de coopération de défense sino-fidjienne, qui se sont tenus au QG de l’armée, à Suva : le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays, a souligné le ministère fidjien de l’information.
Cette coopération pourrait concerner la fourniture d’équipements, sous forme de véhicules, d’uniformes et de matériel de bureau, ou encore de machines destinées à entretenir et remettre à niveau les routes et les ponts, en particulier en milieu rural, selon les mêmes sources, qui évoquent aussi la possibilité d’échange de personnel et de stages de formation au bénéfice des soldats fidjiens.

Remplacer les patrouilleurs australiens par des chinois

À l ‘issue de ces entretiens, le Contre-amiral Bainimarama n’a pas voulu manquer cette occasion de souligner les changements d’allégeances et d’amitiés : il a évoqué la possibilité que la flotte vieillissante de patrouilleurs de la marine fidjienne, fournis par l’Australie au cours des années 1980, soit renouvelée par la Chine.
« Nous cherchons actuellement à remplacer nos vaisseaux de la marine et aussi une aide éventuelle à notre fanfare », a précisé le Contre-amiral.
À cette occasion, le Contre-amiral Bainimarama a réitéré sa reconnaissance vis-à-vis de Pékin pour le soutien apporté à cet archipel.
Un premier lot de matériel avait été livré par la Chine courant 2011, dans le cadre d’un programme de soutien à la capacité de l’armée fidjienne à intervenir dans les domaines des travaux publics et des infrastructures.
La coopération militaire fidjienne avec la Chine s’est significativement renforcée depuis le putsch de décembre 2006, les grands partenaires traditionnels dans ce domaine, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, ayant gelé leurs relations militaires avec le gouvernement fidjien issu du coup d’État.

Poussant plus en avant encore, le Conseil des ministres fidjiens a même entériné mardi 12 février 2013 le principe du lancement d’une nouvelle coopération avec la Russie, sur des questions militaires
Cette coopération devrait prendre la forme d’un accord bilatéral portant sur une coopération « militaire et technique », a annoncé mardi le ministère fidjien de l’information.
Ce concept a été approuvé par le Cabinet fidjien, sur recommandation du ministre de la défense, de la sécurité nationale et de l’immigration, Joketani Cokanasiga, l’autorisant à aller plus en avant, précisent les mêmes sources.
Selon le ministre, cette coopération « aidera les Forces Militaires de Fidji à améliorer ses capacités en vue d’acquérir les technologies et le matériel appropriés pour ses troupes, dans le cadre de ses missions au sein des Nations-Unies ».
Les prémices de cette coopération remontent à une mission à Suva d’une délégation russe, déployée à partir de l’ambassade basée à Canberra (Australie), début juin 2010.
Objectif : formaliser une coopération en matière de renseignement avec cet archipel océanien, boudé par les grandes armées de la région depuis le putsch militaire mené le 5 décembre 2006 par le Contre-amiral Franck Bainimarama.
En confirmant la présence de cette mission, le Contre-amiral avait alors confié qu’il accordait une grande importance à cette nouvelle alliance potentielle, car la Russie « est une grande nation et qui est membre du Conseil de Sécurité de l’ONU ».
Au menu des discussions, selon l’homme fort de Suva : des sujets d’ordre bilatéral et, de manière pratique, une coopération technique entrevue dans le cadre de la formation d’une nouvelle agence fidjienne spécialisée dans le renseignement, la lutte contre le terrorisme et la sécurité nationale.
« Les russes ont l’expertise, et nous pourront en bénéficier », déclarait alors M. Bainimarama.
Début février 2010, Isikeli Mataitoga, magistrat de carrière, devenait le premier ambassadeur fidjien en poste à Moscou, où il présentait alors ses lettres de créances au Président russe Dimitri Medvedev.
« Nous sommes prêts à bâtir une coopération (russe) avec la République des îles Fidji, notamment par le truchement des Nations-Unies et d’autres organisations internationales », déclarait alors M. Medvedev.
« Il y a de bonnes opportunités pour développer une coopération dans des domaines tels que les pêcheries et le tourisme », a ajouté le Président russe devant le diplomate océanien.
Dans la ligne de ces pistes annoncées le diplomate fidjien a d’ores et déjà rencontré, outre le ministre russe des affaires étrangères, de hauts responsables des ministres du développement économique, du ministère de l’agriculture, de l’agence fédérale des pêcheries et de la fédération des chambres de commerce et d’industrie.
Courant décembre 2009, le Président de Nauru, à l’époque Marcus Stephens, effectuait une visite remarquée d’abord à Moscou, puis en Ossétie du Sud et en Abkhazie, où il annonçait la reconnaissance par son État de ces provinces géorgiennes.

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Rédigé par PAD le Jeudi 14 Février 2013 à 05:51 | Lu 753 fois