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Les modifications budgétaires font des vagues, mais sont adoptées (Màj)


Les modifications budgétaires font des vagues, mais sont adoptées (Màj)
PAPEETE, jeudi 18 octobre 2012. Les élus de l’assemblée de Polynésie française ont démarré leur 3e session budgétaire, ce jeudi, avec un collectif particulièrement chargé. En effet les propositions de modifications faites par le gouvernement permettent d’abonder positivement, et parfois avec pour des montants conséquents, une trentaine de chapitres. Ainsi 300 millions de Fcfp vont à la caisse de soutien du coprah, la même somme est une subvention au Centre hospitalier du Taaone, en grande difficulté de trésorerie, 224 millions de Fcfp vont à la restructuration en cours des établissements publics tels que FDA (fonds de développement des archipels) ou l’OPH (Office polynésien de l’habitat), mais on trouve aussi 32 millions de Fcfp pour l’achat des tenues réglementaires des collégiens boursiers, 16 millions de Fcfp pour payer les honoraires d’avocat dans les affaires contentieuses en cours, 10 millions pour les actions d’animation et de promotion du tourisme pour le GIE Tahiti Tourisme et encore 8,3 millions de Fcfp en dotation complémentaire au CESC pour les indemnités de ses membres ; 2,5 millions de Fcfp pour l’enlèvement de l’épave d’un voilier dans le lagon de Faa’a, la somme la plus petite inscrite dans ce redéploiement budgétaire étant de 699 000 Fcfp pour l’achat de livret professionnel pour les marins pêcheurs.

Des modifications budgétaires et une reventilation des finances publiques, habituelles en cette période de l’année à quelques mois de la fin d’exercice, mais qui n’ont pas été sans discussion et de nombreuses critiques se sont exprimées dans l’hémicycle. Armelle Merceron du groupe Ia Ora Te Fenua a pris la parole en premier pour dénoncer «une sorte de cavalerie et cette liste à la Prévert» de chapitres modificatifs présentés du plus grand au plus petit. «L’analyse de ces modifications apportées montrent véritablement la situation d’enlisement et de morosité dans laquelle nous nous trouvons (…) Ce sont des décisions à la petite semaine. La Collectivité est un bateau sans capitaine, sans gouvernail où l’équipage écope et colmate». Chez les représentants non inscrits, Sandra Levy-Agami s’interroge sur la méthodologie de «collectif budgétaire uniquement comptable qui enlève 100 millions de Fcfp à l’emploi, quand tant de personnes sont en difficulté avec des chefs de famille qui ont perdu leur emploi». Robert Tanseau du To Tatou Ai’a prévient «ce collectif est loin de nous faire rêver et n’augure rien de bon pour le budget à venir». Pour le Tahoeraa, René Temeharo récite, à la mode tahitienne, la fable de la cigale et de la tortue : «La cigale Temaru ayant chanté pendant tout son primitif budget, se trouva fort dépourvue quand le collectif fut venu». Il insiste, lui aussi sur ce «redéploiement des crédits pour payer des dépenses obligatoires (…) On peut même dire, à la lecture de votre document, que vous avez raclé les fonds de tiroirs puisque nous voyons apparaître des mouvements au franc près ce qui signifie effectivement que vous avez pris tout ce qu’il était possible de prendre».

Pour répondre à toutes ces attaques, Pierre Frébault, le ministre des finances
argumentait que ce collectif budgétaire permet selon lui, «de répondre à la trajectoire de redressement imposée depuis 2011 dans le but de ramener le budget dans une disposition beaucoup plus saine. Nous sommes confrontés aujourd’hui à ces difficultés car cette stratégie d’assainissement de nos comptes n’a jamais été réalisée précédemment». Il terminait en prophétisant que le document d’orientation budgétaire (DOB) qui sera proposé prochainement à l’approbation des élus «va revoir complètement la vision de ce qui est bon pour notre pays avec une réorientation économique qui ne pourra pas intellectuellement être contestée». On a hâte d’en savoir plus.
La séance des élus a repris à 14 heures, pour voter chacune de ces modifications chapitre par chapitre. La délibération globale de ce collectif budgétaire 2012 N°3 a été adoptée par les élus à 17h30.

Investissement : des autorisations de programme à visée électoraliste ?

Au-delà des corrections du budget 2012 sur le fonctionnement, ce collectif N°3 présentait également des modifications en investissement. Près de 6,5 milliards de Fcfp en plus ont été présentés et adoptés par les élus en autorisations de paiement. A ce sujet si Sandra Levy-Agami, élue non inscrite, s’est déclarée «favorable aux investissements car ils participent à la relance économique», d’autres élus ont été plus virulents, à l’image d’Armelle Merceron. La représentante de Ia Ora Te Fenua déclarait «tout ça parait un peu de l’affichage dans cette période où il faut faire croire que l’on a des projets». L’élue a vivement critiqué également le projet du futur bâtiment des services financiers, dont l’investissement est estimé à 1,3 milliard de Fcfp. «Est-il raisonnable de s’engager dans une telle dépense ? D’accord, il faut relancer le bâtiment, mais je préfèrerai que cette somme serve à la population qui en a besoin. Ayons les bâtiments qui correspondent à notre standard de vie, or on devient un pays pauvre».
En autorisation de programme, a été également voté ce jeudi, une somme de 150 millions de Fcfp supplémentaires pour les aménagements de la place To’ata en vue de la coupe du monde de beach soccer en septembre 2013. 200 millions avaient été prévus il y a deux ans, mais se sont avérés insuffisants. Ces 150 millions supplémentaires pour l’aménagement du site ont été récupérés sur des crédits excédentaires venant de l’environnement.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 18 Octobre 2012 à 13:31 | Lu 1693 fois