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Les infirmiers n’en peuvent plus d’être patients


Le 17 décembre 2012, les infirmiers protestaient en ville et jusque devant la vice-présidence du Pays pour protester contre la baisse de 5% de leurs tarifs. Un an plus tard, ils rappellent que les retards de paiement de la CPS des prestations faites aux patients du RSPF deviennent insupportables.
Le 17 décembre 2012, les infirmiers protestaient en ville et jusque devant la vice-présidence du Pays pour protester contre la baisse de 5% de leurs tarifs. Un an plus tard, ils rappellent que les retards de paiement de la CPS des prestations faites aux patients du RSPF deviennent insupportables.
PAPEETE, lundi 16 décembre 2013. Depuis plus de deux ans, les infirmiers libéraux alertaient les autorités que les retards de paiement de leurs interventions auprès des malades, particulièrement ceux qui sont bénéficiaires du RSPF (régime de solidarité de Polynésie française) sont devenus insupportables. Ils refusent désormais d’agrandir leur patientèle, renvoyant les malades vers des dispensaires et des hôpitaux déjà surchargés.

La mesure est radicale : pour protester contre les retards de paiement de prestations de soins qui s’accumulent, entre trois et sept mois pour certains, le Syndicat des infirmiers libéraux de Polynésie française (SILPF) annonce que ses membres ne prendront plus de nouveau malade en charge entre le 15 décembre 2013 et le 1er janvier 2014. Ce lundi matin, Jérôme Fernandez, le président du SILPF a déjà refusé quatre nouveaux patients. «Les gens comprennent ce mouvement. On leur explique que les prestations d’infirmiers à domicile que nous assurons sont payées avec beaucoup de retard. Nous essayons ensuite de les conseiller sur leur parcours». Les alternatives sont rares : les dispensaires, les cliniques et les hôpitaux. Des structures de santé qui sont déjà très chargées.

Les infirmiers libéraux veulent justement pointer du doigt là où ça fait mal. Ils assurent quotidiennement sur le territoire, le suivi à domicile de 1200 patients dépendants auxquels il faut rajouter chaque année 20 000 patients, plus ponctuels, pour un suivi après un accident, une hospitalisation. Leur travail est donc considérable. Mais peu considéré. Depuis plus de deux ans, les difficultés financière du RSPF (régime de solidarité de Polynésie française) provoquent des retards de paiement des prestations des infirmiers. Ils assurent les déplacements et les soins, mais ne sont payés par la CPS qu’avec un élastique. «Trois mois de retard en moyenne, jusqu’à 6 ou 7 mois pour certains» couvrant un tiers, la moitié ou parfois plus du revenu de l’infirmier qui a effectué son travail.

La situation d’autant plus intenable qu’elle dure depuis plus de deux ans, sans qu’aucune amélioration n’ait été apportée. Au contraire, après les retards de paiement du RSPF s’ajoutent désormais ceux du RNS (régime des non salariés). «Tous les infirmiers sans exception ont des retards de paiement. La CPS ne respecte plus les conventions collectives» ajoute Jérôme Fernandez. Le déficit annoncé du RSPF en 2014, acté après le dernier comité de gestion du régime de solidarité la semaine dernière, a eu raison de la patience des infirmiers libéraux qui demandent « à l’ensemble des acteurs de la Santé et en particulier au corps médical, de prendre les mesures nécessaires afin d’assurer la continuité des soins des patients». Eux ont déjà donné.




Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 16 Décembre 2013 à 16:34 | Lu 1268 fois