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Les fonctionnaires dans la rue jeudi pour protester contre la réforme des services publics


Paris, France | AFP | mardi 07/05/2019 - Les syndicats de fonctionnaires appellent les 5,5 millions d'agents publics à une journée d'actions et de grève jeudi pour s'opposer au projet de loi de réforme de la fonction publique dont ils dénoncent "la portée très grave", tant pour les agents et les citoyens que pour l'avenir des services publics.

Plus d'une centaine de manifestations sont prévues dans toute la France ainsi qu'à Paris où le cortège s'élancera à 14H00 de la place Denfert-Rochereau à destination des Invalides.
Les neuf syndicats (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, FA-FP, CFE-CGC, CFTC) ont d'ores et déjà prévenu que cette journée n'était "qu'une étape" d'une mobilisation "dans la durée" pour "dire non" à ce projet de loi et demander au gouvernement qu'il "ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases".
Ils dénoncent "un passage en force" et l'accusent de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du secteur privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l'indépendance des agents à l'égard du pouvoir.
Le texte sera au menu de l'Assemblée nationale à compter du lundi 13 mai en première lecture. Le gouvernement souhaite le faire adopter avant l'été pour une application au 1er janvier 2020.
Il s'inscrit dans un objectif de suppression de 120.000 postes de fonctionnaires d'ici à 2022, sur 5,5 millions d'agents dans les trois versants (Etat, hospitalière, territoriale).
Le ministre des comptes publics Gérald Darmanin a qualifié d'"atteignable" cet objectif le 26 avril alors qu'Emmanuel Macron s'était dit la veille prêt à "l'abandonner", demandant son analyse au gouvernement d'ici à l'été.

"Marche forcée"

 
Lors d'une conférence de presse lundi, Mireille Stivala (CGT) a parlé d'une "situation inédite". "C'est la première fois que le gouvernement se retrouve confronté à toutes les organisations syndicales qui rejettent un projet de loi", a-t-elle dit.
"Les citoyens dans le grand débat ont dit des choses et plébiscité les services publics. Et on se retrouve avec un gouvernement qui continue, à marche forcée, à présenter son projet de loi alors que tous les indicateurs lui disent que ce n'est pas dans ce sens qu'il faut aller", a-t-elle déploré.
"On est en désaccord profond avec l'orientation choisie par le gouvernement sur l'avenir de la fonction publique", a appuyé Bernadette Groison (FSU). "Le +en même temps+ en permanence, à part rendre fou tout le monde et créer beaucoup d'ambiguïtés, a ses limites", a-t-elle ajouté, tandis que Gaëlle Martinez (Solidaires) évoquait un texte "qui fait l'unanimité contre lui". 
"Quand on prend la décision d'appeler les gens à se mobiliser (...) c'est qu'il y a une demande", a ajouté Mylène Jacquot (CFDT), pour laquelle "l'élargissement du recours au contrat" prévu par le texte "fait l'objet d'un vrai désaccord".
Côté FO, Christian Grollier a dénoncé la surdité d'un "gouvernement anti-fonctionnaires", en assurant qu'il s'agit d'un "sentiment qui remonte des agents quand on fait le tour des services".
Pour Luc Farré (Unsa), "les amendements retenus par la majorité vont dans le sens du projet du gouvernement et ne remettent pas en cause sa boîte à outils pour privatiser à terme la fonction publique".
Défendu par le gouvernement comme une nécessité pour rendre la fonction publique "plus attractive et plus réactive" face aux "nouvelles attentes" des citoyens, le projet de loi prévoit une refonte, comme dans le privé, des instances de dialogue social, "le pendant des ordonnances travail pour le public", selon M. Darmanin. 
Il permet également un recours accru aux contractuels et aux contrats, la possibilité de ruptures conventionnelles ainsi que des mesures pour "favoriser la mobilité" des agents qui instaurent "un détachement d'office" en cas d'externalisation de service. Il pourrait donner lieu à une dizaine d'ordonnances.

le Mardi 7 Mai 2019 à 08:27 | Lu 394 fois