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Les fêtes des défunts qui suscitent de l’engouement


Tahiti, le 1er novembre 2022 - En Polynésie française, les fêtes de la Toussaint et des défunts sont usuellement célébrées le 1er novembre depuis longtemps, dans un contexte spirituel. La fête d’Halloween s’est quant à elle développée progressivement et suscite aujourd’hui un engouement exceptionnel en termes de commercialisation.
 
Du 31 octobre au 2 novembre, trois fêtes sont célébrées dans un contexte relatif à la frontière entre le monde des vivants et celui des morts, mais sont totalement dissociables. La fête d’Halloween du 31 octobre est, à l’origine, une fête païenne ancienne de plus de 2 500 ans, qui a vu le jour en Écosse et en Irlande, sous le nom de la fête celtique de Samain (Samhan). Dans le calendrier celtique, cette fête célèbre la fin d’une année et le début d’une nouvelle, aujourd’hui marquée par la fin de l’automne et le début de l’hiver dans l'hémisphère nord. Les Celtes faisaient le tour des habitations pour se livrer à des actes peu corrects, en échange de nourriture et de boissons. D’où l’expression : “des bonbons ou du boucan”. Cette fête a pris de l’ampleur dans les années 1800, aux États-Unis, avec la population irlando-américaine, et s’est ensuite développée à l’international sous le nom de “All Hallow’s Eve”, contractée ensuite en “Halloween”.
 
La Toussaint, fête de tous les saints, est quant à elle née au IVe siècle et fêtait initialement les martyrs le dimanche qui suivait la Pentecôte, pour représenter la notion de résurrection. Ce n’est qu’en 835 que l’Église catholique a officialisé le changement de date à celle du 1er novembre. “C’est la fête de tous les saints, et plus globalement, la fête de tous les baptisés, célébrée par une messe et une bénédiction des pierres tombales.” Contrairement à Noël, la fête de la Toussaint ne figure pas dans les textes bibliques.
 
Enfin, le 2 novembre est dédié à la fête des défunts “de toutes religions ou sans religion”, lors de laquelle les familles ornent et illuminent les pierres tombales de leurs proches défunts et leur rendent hommage. En Espagne et au Mexique, “El dia de los muertos” marque le retour ponctuel des êtres chers partis trop tôt et les familles les célèbrent en apportant des mets conçus spécialement pour l’occasion.
 
Ces fêtes d’un point de vue religieux
 
Le père Christophe, du presbytère de la cathédrale de Papeete, a fait le point sur ces trois fêtes. Si la fête de la Toussaint et celle des défunts sont finalement célébrées le 1er novembre, la différence se joue lors de la bénédiction des tombes et de la cérémonie de messe dans les cimetières. En effet, dans les cimetières catholiques, les messes se déroulent sur place, suivies de la bénédiction de toutes les tombes par les prêtres. Alors que dans les cimetières publics, le soin de bénir les tombes est laissé aux familles respectives. En Polynésie française, il y a beaucoup d’amalgames et le père Christophe en a fait le constat. Il explique qu’il y a toujours eu autant d’engouement pour la commémoration des défunts en ce qui concerne notamment l’entretien, la décoration et l’illumination des tombes. Or, dans le contexte propre de la Toussaint, il déplore de moins en moins de participation de la part des fidèles lors des messes dédiées à la célébration des saints canonisés. En ce qui concerne la fête d’Halloween, il explique qu’“elle n’a rien à voir avec la religion chrétienne, mais qu’elle a un lien étroit avec la fête des défunts puisque c’est une façon d’exorciser la mort.” Pour lui, la fête d'Halloween est représentée par ceux qui voient la mort comme une fin en soi, tandis que la Toussaint est célébrée par d’autres qui considèrent la mort comme un passage vers la vie éternelle.
 
La présence d’Halloween au fenua, des avis mitigés
 
Si la fête de la Toussaint a toujours suscité un certain engouement dans la communauté polynésienne, l’intérêt pour celle d’Halloween semble être arrivé plus tard. Cette année, après avoir subi la crise sanitaire, l’excitation se fait sentir pour cette occasion, mais les avis sont mitigés. En termes de commercialisation, certains pensent qu'Halloween a toujours été bien présent, notamment chez les enfants avec le traditionnel tour des maisons à la quête de bonbons.
 
La plupart des commerçants attestent que cette fête est présente en Polynésie française depuis “toujours”. Au constat de stocks épuisés dans la journée de lundi, ils ont également ajouté que la population est particulièrement investie cette année, que ce soit dans l’achat de bonbons ou de déguisements et accessoires. Un des commerçants a aussi expliqué qu’il n’avait jamais vu un tel engouement en France. Même les commerces n’ayant aucun rapport avec la fête d’Halloween ont joué le jeu avec des décorations et des déguisements. Quant au domaine des services dans le cadre de soirées à thèmes, les gérants de bars et restaurants ainsi que les prestataires de décoration et de maquillage étaient au taquet dès 4 heures du matin lundi, avec déjà beaucoup de réservations et de demandes depuis des semaines.
 
En revanche, selon Stéphane Gay, président du syndicat des bars et dancings de Polynésie, cela ne fait qu’une petite dizaine d’années que la fête d’Halloween suscite de l’engouement auprès de la population. Il a tout de même noté que les gens se sont moins prêtés au jeu que les années précédentes (avant la crise sanitaire). Il constate également une baisse d’intérêt en ce qui concerne les animations publiques, telles que des parades.
 
Pour la Toussaint, la population s’intéresse plutôt aux bougies ou aux fleurs (naturelles ou artificielles), achetées à l’unité ou déjà en bouquet. À noter que les familles s’investissent toujours autant mais de manière ponctuelle. En d’autres termes, si avant les tombes étaient ornées avec de jolis bouquets et accessoires de décoration pendant toute une année, de nos jours les familles décorent seulement pour l’occasion mais récupèrent ensuite les ornements à cause de multiples vols constatés…
 


Rédigé par Meleana CHE FAT le Mardi 1 Novembre 2022 à 16:57 | Lu 1198 fois