Tahiti Infos

Les femmes papoues se font entendre


Manifestations au stade national de Port-Moresby : les femmes papoues en colère.
Manifestations au stade national de Port-Moresby : les femmes papoues en colère.
PORT-MORESBY, mercredi 15 mai 2013 (Flash d’Océanie) – Des mouvements de protestations, manifestations et autres marches pacifiques, se sont succédées depuis le début de la semaine à travers toute la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans le cadre d’une action concertée en vue de sensibiliser la population aux violence faite aux femmes de cet État mélanésien et qui ont connu, ces derniers mois, une nouvelle vague de recrudescence.
Ce mouvement, baptisé « Haus Krai » (la maison des pleurs en pidgin mélanésien), intervient notamment en réponse à une prolifération de cas de violences faites aux femmes, non seulement dans le cadre conjugal, mais aussi en mode exécution de personnes publiquement accusées de pratiquer la sorcellerie.
Par ailleurs, plusieurs cas de viols collectifs ont été signalés ces dernière semaines, dont certains concernaient des femmes expatriées.
La dernière en date était une jeune chercheuse américaine.
Ce mouvement a aussi été relayé par les organisations de défense des droits des femmes de plusieurs pays de la région, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Fidji, le Japon, la Malaise et les Philippines.

L’une de ces manifestations les plus massive s’est tenue mardi au stade national de la capitale Port-Moresby, combinant manifestations, défilés, prières, veillées et remise de pétition au Premier ministre Peter O’Neill.
Ce dernier, présent sur place, rappelé son intention de durcir les lois condamnant les violences faites aux femmes et d’abroger une vieille loi relative aux pratiques de sorcellerie, perçue comme étant désormais utilisée comme prétexte par des communautés pour montrer du doigt des femmes et les exécuter sommairement, comme ce fut le cas à plusieurs reprises depuis le début 2013.
L’une d’elles, une jeune mère d’un nourrisson, a été brûlée vive sur la place publique, sous les yeux d’une police impuissante.
Cette recrudescence a suscité une vive émotion et des réactions de la part de la communauté internationale, y compris le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU ainsi que l’ONG Amnesty International, qui ont exhorté le gouvernement à prendre au plus vte des mesures pour endiguer ce phénomène.

Parmi les autres mesures évoquées par le gouvernement papou : la remise en vigueur de la peine de mort, qui fait toujours partie en théorie de l’arsenal juridique papou, mais qui n’a pas été pratiquée depuis des décennies.
Motif : la méthode préconisée par les textes, la pendaison, était jugée inappropriée.
De ce fait, une dizaine d’individus, condamnés à la peine de mort, sont toujours en souffrance.
Le débat étant maintenant relancé, les plus récentes suggestions de la part des politiques mentionnent, entre autre, une réactivation du processus pour les intéressés, par voie sot de peloton d’exécution, soit d’injection létale.
L’une des dernières suggestions en date émane du chef de la police de la province de Jiwaka (Hauts Plateaux), Simon Nigi : il n’a pas hésité à estimer qu’en guise de sentence, au lieu de l’exécution, les criminels endurcis devraient avoir « les bras coupés ».
L’officier de police a confié mardi au quotidien The National qu’il était personnellement opposé à la peine de mort, du fait de ses convictions chrétiennes.
« Dieu donne la vie et lui seul peut la reprendre, personne d’autre n’a ce droit de prendre la vie (…) Mais ces gens utilisent bien leur bras pour commettre leurs crimes. Et donc si on leur coupe, ils ne pourraient plus rien faire. Par exemple, si je laisse un pistolet chargé devant un criminel sans bras et que je quitte la pièce, quand je reviens, le pistolet n’aura pas bougé », a-t-il lâché.

Nouvelle cavale pour l’ennemi public numéro un

Entre-temps, l’un des criminels les plus dangereux du pays, William Kapris, auteur de plusieurs attaques de banques à main armée, s’st une nouvelle fois échappé du quartier de haute sécurité de la prison de Bomana (Port-Moresby) en début de semaine, accompagné de trois comparses.
L’un d’entre eux, Michael Warangu, 24 ans, condamné pour meurtre, purgeait une peine de réclusion à vie.
Il a été abattu par la police, qui avait fait feu en réponse à des tirs du fugitif, a expliqué mercredi le superintendant Andy Bawa de la police de Port-Moresby..
William Kapris purgeait une peine de trente ans de prison.
Les évasions en masse de prisonniers des prisons papoues se sont aussi multipliées ces derniers mois.

Lors de ses précédentes évasions et subséquentes recaptures, notamment en avril 2010, Kapris avait eu à cœur d’impliquer les plus hautes sphères et d’affirmer que bon nombre des vols à main armées et attaques de banques à son compte, ces dernières années, avaient été « sponsorisées » par de politiques de haut rang.

Couvertures en très haut lieu ?

Ces propos avaient été tenus au cours d’interrogatoire avec la police, après sa recapture, et dont une bande vidéo présentée comme une fuite a ensuite été visionnée par les médias locaux, suscitant la colère de la police nationale.
M. Kapris, au cours de cet entretien filmé avec la police, allait plus loin encore en affirmant que les « liens » existaient aussi entre la classe politique papoues et les triades asiatiques, de plus en plus influentes dans ce pays et que son évasion de janvier 2010 aurait bénéficié d’un soutien financier en haut lieu.
William Kapris est soupçonné d’être l’organisateur de son évasion du 12 janvier 2010, avec onze autres prisonniers, qui avait eu lieu grâce à la complicité d’une jeune femme.
Cette dernière, dans un premier temps, avait réussi à se faire passer pour une avocate avant de s’introduire dans le quartier de haute sécurité pour y distribuer des armes.
Avant d’être repris, Kapris avait poussé l’audace, fin janvier 2010, jusqu’à intervenir en direct au cours d’une émission de radio pour demander au public de lui « pardonner ».

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 15 Mai 2013 à 06:34 | Lu 432 fois