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“Les familles seront relogées en toute dignité”


“Les familles seront relogées en toute dignité”
Tahiti, le 5 juillet 2025 - Plus question pour la mairie de Faa’a d’expulser la dizaine de familles installées dans les vieux bâtiments amiantés de l’armée sur le domaine Bopp à Piafau, rétrocédé à la commune. À la mairie, on précise que le logement n’est pas de compétence communale et qu’avec le Pays, ils travaillent de concert pour que ces familles soient “relogées en toute dignité”.
  
Les familles qui se sont installées dans les bâtiments de l’armée, situés sur le domaine Bopp à Piafau, et qui ont été rétrocédés à la commune de Faa’a dans le cadre du Contrat de redynamisation des sites de défense, y sont toujours. Rappelons que la commune de Faa’a leur avait envoyé, en fin d’année dernière, des mots les informant qu’elles devraient quitter les lieux en février. Des réunions ont même été organisées en la présence de ces familles. La commune avait notamment mis en avant les raisons de sécurité et sanitaires et, surtout, que “des travaux de dépollution et de déconstruction” étaient prévus.
 
Mais six mois après, ces familles vivent toujours dans ces bâtiments amiantés. “Tāvana veut qu’on travaille en toute bienveillance avec eux, donc ils ne seront pas expulsés comme cela”, explique la responsable du service social de la commune et également élue Emma Vanaa.  

“Je préfère rester ici, il y a un toit, on peut s’abriter”

Salomé, qui est un peu la gardienne des lieux, “remercie” le premier magistrat de Faa’a “de nous laisser encore ici le temps de trouver quelque chose (…). Il y a des enfants qui vivent ici et il y a la rentrée qui arrive”. Comme en janvier dernier, Salomé invite son tāvana Oscar Temaru à venir rendre visite aux familles pour qu’elles puissent lui dire ce qu’il en est vraiment de leur vie sur ce domaine.  
 
Selon elle, deux couples “devaient partir à Fare Ute” et finalement, ils ont décidé de rester sur place car “ils ne savent pas comment est la vie là-bas et ils vont attendre comme tout le monde”. Salomé précise qu’elle ne quittera pas les lieux sans qu’elle ait de proposition de relogement. “Je préfère rester ici, il y a un toit, on peut s’abriter. En ce moment, il y a la pluie, on ne va pas aller dans la rue avec toutes nos affaires sur la route, ce n’est pas possible”, confie la doyenne du domaine. D’autant que son mari est “malade, il a un carnet rouge, on ne va pas aussi le mettre sur la route”.
 
Salomé dit avoir constitué trois dossiers, avec la contribution du service social de la commune, afin de bénéficier d’un logement, mais sans aucune réponse probante. Et elle est actuellement en attente du “partage du terrain” de son mari pour pouvoir ensuite s’y installer. Mais en attendant, elle précise qu’“on reste ici tant qu’ils ne trouvent pas une issue (…). Et s’il (le tāvana Oscar Temaru, NDLR) me dit d’aller dehors, eh bien j’irai à la mairie”.

“Nous sommes un petit peu tenus par le Pays pour ce qui concerne les logements”

Interrogé à ce sujet, le premier adjoint au maire, Robert Maker, assure travailler “en toute collaboration avec le Pays, le ministère du Logement et le ministère de la Solidarité en toute dignité. Des solutions adaptées à chaque famille seront trouvées d’ici peu.” Il rappelle que la difficulté “réside dans le fait qu’il faut absolument qu’on reloge les familles qui vivent dans des conditions inhabituelles. Dès lors que ces maisons sont amiantées, ils mettent leur santé en jeu pour cette histoire de maison”.
 
Robert Maker précise également que le logement n’est pas de la compétence communale. De ce fait, “nous sommes un petit peu tenus par le Pays pour ce qui concerne les logements, on est tenu par ce cordon, au bon vouloir du Pays”. Le premier adjoint au maire ajoute : “Quand le Pays construit au fur et à mesure des logements, on met notre assistance sociale, qui suit ces familles depuis longtemps, de manière à ce que qu’on leur rende un petit peu leur dignité en emménageant dans une maison ou au moins dans un appartement”. Selon lui, “c’est cela qui retarde un petit peu”
      
De son côté, la responsable du service social de la commune Emma Vanaa insiste sur le fait que les agents de son service travaillent “avec les familles au cas par cas”. “On travaille avec le Pays et les familles seront relogées en toute dignité. Le Pays est en train de leur trouver des logements, ils vont sortir progressivement.” Elle précise également que dès que les familles auront quitté ces bâtiments, ceux-ci seront condamnés pour éviter que d’autres personnes viennent y habiter.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 5 Août 2025 à 21:08 | Lu 3661 fois