Tahiti Infos

Les élus calédoniens à Matignon pour préparer le référendum d'autodétermination


Paris, France | AFP | jeudi 02/11/2017 - Les élus calédoniens sont réunis toute la journée de jeudi à Matignon pour un important Comité des signataires de l'accord de Nouméa, à un an d'un référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie crucial pour l'avenir du territoire.

Les discussions se sont ouvertes en début de matinée en présence d'une trentaine de membres des délégations favorables et hostiles à l'indépendance, de parlementaires, de membres du gouvernement de Nouvelle-Calédonie et de représentants de l'Etat. Le Premier ministre Edouard Philippe doit intervenir en milieu d'après-midi, consacrée à la préparation de la consultation. 
Le rôle de l'Etat, c'est "que les choses se passent dans les conditions les meilleures possibles, qu'on arrive à une organisation du référendum de 2018 qui fait consensus et qui reste dans un climat extrêmement apaisé", a déclaré à son arrivée la ministre des Outre-mer, Annick Girardin.
Le processus de décolonisation progressif en cours dans l'archipel -français depuis 1853- doit déboucher, selon les termes de l'accord de Nouméa de mai 1998, sur un référendum d'autodétermination au plus tard en novembre 2018.
"La période est historique. Nous avons un rendez-vous important sur le plan institutionnel, je veux qu'ensemble, nous puissions le réussir", a affirmé Emmanuel Macron samedi lors de sa visite en Guyane. Le chef de l'Etat a ensuite reçu lundi les membres du comité à l'Elysée.
"Les enjeux pour la Nouvelle Calédonie, pour les Néo-Calédoniens, quelles que soient leurs origines, leurs convictions, sont considérables", a martelé pour sa part Edouard Philippe mardi devant l'Assemblée nationale.
Le calendrier est "maintenant extrêmement resserré", souligne-t-on à Matignon, mais ce comité des signataires de l'accord ne sera pas le dernier de ces rendez-vous réguliers avant la consultation.
La question du corps électoral figure en tête de l'ordre du jour. Entre autres critères, celui-ci est restreint aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie sans discontinuer depuis 1994, mais le sujet hautement sensible suscite un différend entre non indépendantistes et indépendantistes sur l'inscription automatique des natifs de l'île sur la liste référendaire.
Autre point d'achoppement, le libellé de la question posée, au cœur d'approches différentes, ne sera pas tranché et devrait faire l'objet d'un groupe de travail, puis d'un ultime comité des signataires en mars ou avril 2018.
 

- L'enjeu de la transparence -

 
Face à l'enjeu, Edouard Philippe a souhaité mardi "que l'ensemble des forces politiques présentes en Nouvelle Calédonie (puisse) s'entendre sur le sens de la question à poser". "Il faut que le scrutin soit sincère, transparent, surveillé, c'est une des données essentielles de sa bonne organisation", a-t-il fait valoir.
Pour que le résultat de la consultation soit incontestable, d'autres points devaient être abordés jeudi, tels la présence d'observateurs de l'ONU, la mise en place de bureaux de vote décentralisés ou la prolongation du délai légal d'inscription sur les listes électorales au-delà du 31 décembre 2017.
Les indépendantistes réclament notamment l'ouverture de bureaux des îles décentralisés à Nouméa, pour faciliter le vote des électeurs originaires des îles installés en ville.
Des discussions préalables à la réunion du Comité des signataires se sont déroulées depuis le début de la semaine. Un "point d'étape" devait notamment être fait sur la question du nickel.
Les violents affrontements des années 1980 en Nouvelle-Calédonie entre les communautés Kanak et d'origine européenne, qui avaient culminé le 5 mai 1988 avec l'assaut de la grotte d'Ouvéa -19 indépendantistes et deux militaires avaient été tués-, s'étaient conclus par les accords de Matignon du 26 juin 1988. L'accord de Nouméa signé 10 ans plus tard prévoit la tenue d'un référendum d'autodétermination avant novembre 2018. En cas de réponse négative à l'indépendance, deux autres scrutins référendaires sont envisagés par la loi.
Édouard Philippe doit se rendre sur l'île fin novembre/début décembre et Emmanuel Macron a promis de s'y rendre lui-même "avant le mois de mai".

le Jeudi 2 Novembre 2017 à 05:19 | Lu 274 fois