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Les animaux sauvages dans les cirques de plus en plus contestés


Paris, France | AFP | mercredi 29/11/2017 - La fuite puis la mort de la tigresse Mevy, échappée d'un cirque vendredi en fin d'après-midi à Paris, a relancé le débat sur la présence d'animaux sauvages dans ces spectacles, de plus en plus contestée.

La tigresse a été abattue par son propriétaire quelques minutes après. Le cirque Bormann Moreno a déposé plainte contre X en évoquant un acte de malveillance.
La fondation Brigitte Bardot s'est dite "scandalisée par l'abattage du tigre" dans un communiqué dans lequel elle a appelé à l'interdiction de "cette exploitation de l'animal sauvage réduit à l'esclavage". 
La fondation a déclaré à l'AFP avoir déposé deux plaintes mardi auprès du procureur de la République, pour "acte de cruauté commis envers un animal" et pour "mise en danger de la vie d'autrui". 
Une autre association de défense des animaux, One Voice, a aussi déposé plainte "pour atteinte à l'intégrité physique de l'animal", selon sa présidente Muriel Arnal. Elle dénonce les "conditions de vie carcérales" des félins, éléphants ou autres mammifères vivant dans des cirques, qui deviennent "fous d'ennui". 
Pour "maîtriser" cet ennui, "ils se mettent à avoir des mouvements répétitifs, comme des TOC (troubles obsessionnels compulsifs, NDLR): les éléphants se balancent sur leurs pattes, les tigres tournent en rond dans leur cage", explique-t-elle. 
L'association PETA souligne que "dès qu'on prend un animal sauvage et qu'on l'expose comme un objet, c'est cruel et cela banalise l'idée que les animaux sont à notre disposition".

- Interdiction dans 41 pays - 

 
41 pays ont interdit les animaux sauvages dans les cirques, dont 19 en Europe. L'Irlande a voté le 9 novembre une loi en ce sens, saluée par l'association PETA, et qualifiée de "choix progressiste" par le ministre de l'agriculture irlandais Michael Creed. 
En France, 65 communes ont pris des arrêtés pour interdire l'installation de cirques possédant des animaux, selon PETA, qui espère une "interdiction nationale".
L'ancienne actrice américaine Pamela Anderson, engagée dans cette cause, s'est associée à PETA et a envoyé en novembre une lettre aux maires français, arguant que "le spectacle de la détresse des animaux captifs n’a pas sa place dans une ville respectueuse" de leur "bien-être".  
Dans ses recommandations en juin 2015, la Fédération européenne des vétérinaires pointaient les "risques" de détenir de tels animaux: "ces mammifères sauvages peuvent causer des blessures physiques aussi bien au public qu'aux dresseurs". Elle préconise aux autorités européennes et nationales leur interdiction dans les cirques itinérants. 
Le cirque Joseph Bouglione a lui franchi le pas: André Bouglione, un des petit-fils du circassien Joseph Bouglione, a annoncé en mai l'arrêt des numéros avec des animaux sauvages. "On ne voulait pas continuer à exploiter des animaux en voie de disparition", a-t-il déclaré à l'AFP. 
Il a aussi évoqué la sensibilité du public à la cause animale: "notre devoir en tant que spectacle populaire est de proposer un spectacle consensuel sans malaise".
Un choix critiqué par le Collectif des cirques qui regroupe quelque 250 structures - des gros cirques comme Pinder, Amar, le cirque d'Hiver Bouglione (dirigé par des cousins d'André Bouglione), Medrano et Gruss aux structures plus familiales. Selon eux, sans animaux, "il n'y a plus de cirque".
Le fondateur du collectif, Christian Caffy, a contesté les maltraitances infligées aux animaux, expliquant qu'ils étaient dressés "par le jeu et la gourmandise, et non par la violence". Pas d'ennui non plus selon lui: quand un fauve tourne en cage, "il a envie de jouer, ou alors il attend son morceau de viande".
Le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot souhaite "conduire bientôt une grande réflexion sur la condition animale avec le ministre de l'Agriculture", dans une interview à paraître jeudi dans l'Obs. "Si vous me demandez mon sentiment sur l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques, évidemment ça ne me plaît pas" a-t-il déclaré, ajoutant qu'il préférait "mener une réflexion globale plutôt que de l'interdire d’un coup".

le Mercredi 29 Novembre 2017 à 06:29 | Lu 1846 fois