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Les Fifoteurs passent à l’action


Les “vagues” des entrées et des sorties rythment le village (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Les “vagues” des entrées et des sorties rythment le village (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 4 février 2025 – Inaugurée lundi soir, la 22e édition du Fifo a officiellement ouvert ses portes au public ce mardi avec les premières projections et rencontres, qui ont déjà conquis le cœur des spectateurs et des équipes. Les ateliers pratiques et les tables rondes thématiques ont également trouvé leur public. Vous avez jusqu’à dimanche pour en profiter.

 
La semaine du Festival international du film documentaire océanien (Fifo) est officiellement lancée. Ce mardi, au lendemain de la soirée d’ouverture, les spectateurs ont afflué vers la Maison de la culture, où les projections en compétition et hors compétition se sont succédé de 8 heures jusqu’à 21 heures.
 
Sur tous les fronts, la déléguée générale de l’association du Fifo, Laura Théron, n’en gardait pas moins le sourire : “Ça se passe très bien ! On est très heureux de retrouver notre public dans les allées du Fifo. On a pu renouer lundi avec le public scolaire, avec une belle fréquentation toute la journée sur les trois théâtres et les ateliers. C’est un beau démarrage avec le grand public en plus ce mardi. L’affluence se fait au fil des projections : on a des vagues de va-et-vient en fonction des entrées et des sorties de salles. Ce sont vraiment les projections qui rythment le village. En autres temps forts, il y a les tables rondes sur le paepae a Hiro qui permettent de rentrer au cœur des thématiques traitées dans les films et autour de la filière audiovisuelle, qui fait partie des grands enjeux discutés au Fifo chaque année.”
 
La référente rappelle par ailleurs que l’entrée est gratuite pour les moins de 26 ans depuis l’an dernier. “C’est une cible hyper intéressante qu’on veut encourager à se poser des questions sur notre région, nos identités, notre histoire. Cet impact sur la jeunesse est au cœur des valeurs de l’association du Fifo”, poursuit Laura Théron.
 

Des collégiens de Paea ont passé la matinée au Fifo.
Des collégiens de Paea ont passé la matinée au Fifo.

​Émotions et partages


Malgré une programmation en pleine semaine et hors vacances scolaires, les jeunes étaient au rendez-vous. À commencer par une classe de 4e du collège de Paea, qui a passé la matinée sur place. À l’issue de la projection du documentaire Te Ta’i Hoho’a, the Image of the Sound, le verdict était sans appel. “Les élèves ont été émus par le message du réalisateur : lorsqu’on a des problèmes dans la vie, de santé ou autres, s’accrocher à ce qu’on aime ou à une passion, ça permet de surmonter les difficultés. Ils ont bien accroché et ils ont insisté pour prendre une photo avec le personnage principal du documentaire. Certains ont pleuré de le voir en vrai !”, confie leur professeure de français, Maimiti Simon.
 
Après quelques ateliers, ils ont assisté à une seconde projection, Surf, le feu sacré, avant de rejoindre leur établissement, où l’esprit du Fifo va se prolonger. “Quand on rentre, on fait un retour sur les messages de chaque documentaire et on organise des débats pour voir ce qu’ils ont retenu. Ce sont de bons supports pédagogiques. Et notre professeure-documentaliste a acheté un pass pour que les classes qui ne se sont pas déplacées puissent visionner les documentaires au CDI”, précise l’enseignante.
 
Projeté au Grand théâtre, Ura, sauver l’oiseau sacré des Australes a été généreusement applaudi par le public. La rencontre avec l’équipe du film a été marquée par de nombreuses questions, assorties de messages de soutien. À la sortie, Mila, spectatrice de 32 ans, était transportée par ce voyage à Rimatara. “Je suis admirative de l’émerveillement du père qui transmet sa passion à son fils. J’ai aussi aimé voir en toile de fond comment il s’est fait accueillir sur l’île et comment il a su s’adapter. J’ai énormément appris sur les ura : les images de près étaient superbes ! Lors de la rencontre, c’était très intéressant d’en savoir plus sur leurs parcours personnels, les chiffres par rapport au projet de conservation et le comportement de ces oiseaux”, se réjouit-elle, prête à “profiter à fond” de son premier Fifo.
 

Le succès des rencontres à l’issue des projections se confirme.
Le succès des rencontres à l’issue des projections se confirme.

Samuel Ravatua-Smith, membre de l’équipe du film Ura, sauver l’oiseau sacré des Australes : “Ça nous donne de l’espoir”

“Je suis originaire de Hawaii et je vis à Rimatara, où nous menons un effort collectif avec les associations Rima’Ura et SOP Manu, et des organisations internationales. C’est un plaisir et un honneur d’être dans les arbres et de combiner mes compétences et mes passions pour la conservation de cette espèce emblématique de la Polynésie. Présenter ce documentaire aujourd’hui au Fifo, c’est un privilège. Être face à un public et savoir que ce qu’on fait traverse les frontières de notre petite île, ça nous donne de l’espoir pour la suite. Les questions-réponses après la projection étaient très intéressantes avec des spectateurs de tous les âges. On touche vraiment toutes les catégories de la société, ce qui nous permet de porter notre message le plus loin possible”.

Coup de projecteur sur les ateliers

Initiation au stop-motion avec Nyko PK16.
Initiation au stop-motion avec Nyko PK16.
En marge des projections, le village du Fifo comporte aussi des ateliers gratuits plébiscités par le public. Depuis trois ans, les Céméa font partie des intervenants incontournables avec plusieurs activités manuelles axées sur les débuts du cinéma. “Chaque année, on essaie de varier les activités pour que le public ne se lasse pas. Par exemple, on a un atelier autour d’une pellicule que l’enfant crée étape par étape pour faire défiler l’histoire qu’il aura imaginée et dessinée”, explique Meenu Mahai, en tant qu’animatrice socio-culturelle. Fidèle au rendez-vous depuis 2014, le réalisateur et producteur Nyko PK16 a choisi d’embarquer les participants dans l’univers du stop-motion. “C’est la base de l’animation, qui a commencé comme ça, image par image. Il y a plusieurs groupes de trois à quatre personnes qui manipulent des personnages, de la pâte à modeler, des briques... C’est fun et ludique ! Ils repartent avec le film sur leur téléphone ou tablette, qu’on va aussi publier sur les réseaux sociaux”, confie-t-il, dans une ambiance décontractée, mais studieuse.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mardi 4 Février 2025 à 14:30 | Lu 652 fois