Tahiti Infos

Légende de Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po, les dieux du tatouage polynésien


Tatouage par Vashee
Tatouage par Vashee
PAPEETE, le 4 décembre 2017. Le tatouage, selon une vieille légende polynésienne, serait d’origine divine. Ce serait les deux fils du dieu Ta’aroa, Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po, qui l’inventèrent pour séduire Hina Ere Ere Manua, la fille du premier homme. Les deux frères transmirent ensuite leur savoir aux Hommes qui trouvèrent cette pratique intéressante et l’utilisèrent en abondance. Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po devinrent ainsi les dieux du tatouage.

L’histoire du premier tatouage remonte à la nuit des temps quand Ta’aroa le Créateur, le père des dieux et des Mondes, ayant peuplé les cieux d’une multitude de divinités, créa le premier homme. Il le fit venir du » monde du dessous » tout habillé de sable et il le nomma Ti’i.

Hina, la fille du premier homme

Ta’aroa donna à Ti’i une infinité de pouvoirs et aussi, il lui donna une femme. Une merveilleuse compagne qui avait deux visages ; un visage devant et un visage derrière. Elle fut nommée Hina Maha’i Tua Mea (celle qui apaise toute chose). Puis tous deux prirent possession de la Terre, se désirèrent et s’épousèrent.

De leur union naquit une fille qu’ils nommèrent Hina Ere Ere Manua (Hina au caractère impétueux). Puis d’autres enfants naquirent et la Terre commença à se peupler. Quand Hina devint une jeune fille ses parents, pour la protéger du monde extérieur et préserver sa virginité, l’enfermèrent dans une vaste propriété entourée d’une solide palissade.

Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po, fils du dieu Taaroa

Un jour, Mata Mata Arahu (qui imprime avec du charbon de bois) et Tu Ra’i Po (qui réside dans le ciel obscur), les deux fils du grand dieu Ta’aroa, aperçurent Hina qui sommeillait au pied d’un arbre majestueux au milieu de l’enclos qui la préservait de tout contact.

En ce temps là, les dieux venaient souvent rendre visite aux humains pour leur porter secours ou au contraire pour leur jouer des tours. Ils furent subjugués par sa beauté et décidèrent de l’enlever. Ils se présentèrent à elle le matin suivant et lui dirent combien elle leur plaisait et quels merveilleux moments ils pourraient passer ensemble. Hina obéissant à ses parents leur répondit qu’elle n’était pas autorisée à leur parler et qu’ils ne devaient pas rester là, sous peine de provoquer la fureur de son père.

Les plus beaux cadeaux pour conquérir leur bien-aimée

Les deux frères se retirèrent et se mirent à parcourir toute la Terre à la recherche des plus beaux cadeaux que l’on puisse offrir à une vahine aussi délicate. Ils revinrent le lendemain les bras chargés de présents : des fruits rares, des colliers de perles noires, des nacres fines et des umete pleins des mets les plus délicats. Ils invitèrent Hina à accepter leurs cadeaux et à les suivre. Une fois de plus, Hina écouta ses parents et refusa l’offre des deux frères.



Les premiers tatouages

Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po faisaient partie du groupe des dieux artisans. C’est donc naturellement qu’ils allèrent demander conseil aux autres dieux. Tohu (celui qui prophétise), créateur des dessins et couleurs des poissons et des coquillages, les initia aux secrets de la beauté et créa pour eux le tatouage. Il inventa et fabriqua pour cela les outils d’os et de bois ainsi que l’encre bleutée qui les embellirait.

Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po s’ornèrent du motif appelé Tao Maro Mata. Puis ils retournèrent danser pour séduire Hina Ere Ere Manua. Ils dansèrent, le visage rougi avec la sève des feuilles du mati (lien) et le corps enduit de monoï (lien) pour mettre en valeur les dessins bleutés qui les recouvraient.

Voyant le magnifique motif symbolisant la séduction, elle fut subjuguée par sa beauté et, écoutant son coeur, trompa la vigilance de ses parents pour s’enfuir avec les deux frères. Elle fut magnifiquement tatouée. C’est ainsi que, depuis ce jour, tous les humains s’embellissent pour s’attirer la bienveillance des dieux et plaire à leurs semblables.

Rédigé par Tahiti Heritage le Lundi 4 Décembre 2017 à 10:51 | Lu 4145 fois