Tahiti Infos

Le syndicat des pêcheurs s’inquiète de l’arrivée des pêcheurs chinois


Le syndicat des pêcheurs s’inquiète de l’arrivée des pêcheurs chinois
En cette période de crise, le syndicat des Pêcheurs Professionnels Polynésiens, présidé par Jaros Otcenasek, tire la sonnette d’alarme. En effet, entre le statut des marins-pêcheurs qui met à mal la profession, la concurrence déloyale de la SEM Tahiti Hui Rava’i, se rajoute un projet de location de navires aux pêcheurs chinois. "Rien n’est fait pour rassurer les pêcheurs polynésiens".

Jaros Otcenasek se dit très inquiet. Il vient d’apprendre que le gouvernement d’Oscar Temaru envisageait de louer des navires de la flotte Tahiti Nui Rava’i aux chinois et permettre à ces derniers de pêcher dans les eaux polynésiennes. Le président du syndicat veut être associé aux discussions sur le sujet. Mais pour l’instant rien ne filtre. "Qui va pêcher sur ces navires? des polynésiens ou des chinois ? Quel quota leur sera accordé ? Leurs pêches seront prévues à l’export ou viendront inonder le marché local?" s'interroge Jaros Otcenasek. Et de souligner la réputation des navires chinois qui ramassent tout sur leur passage, détruisant ainsi la faune. Ainsi Jaros Otcenasek craint des abus. Une délégation chinoise est d’ailleurs attendue par le président Oscar Temaru ce vendredi matin. Le sujet sera-t-il abordé lors de leurs trois jours de visite à Tahiti ? Rien n’est sûr.

Autre point, le statut des marins-pêcheurs, que son syndicat a validé mais sans réelle volonté. « Si on a signé c’est parce qu’on a agité le spectre du droit commun pour nos pêcheurs. Mais on s’est fait avoir. Les marins-pêcheurs ne sont pas concernés contrairement aux marins de la marine marchande », s’indigne-t-il. Pour l’instant le Pays participe à hauteur de 90% pour les charges salariales. Mais d’ici trois-quatre ans, les choses pourraient se compliquer pour les armateurs, lorsque l’aide diminuera. S’ajoute le prix du carburant qui ne cesse d’augmenter. A terme, les répercussions seraient évidemment l’augmentation du prix du poisson, ce qui pénaliserait la population.

Et pour ce qui est d’assurer les salaires minimum de 90 000 frcs, c’est un exercice de comptabilité périlleux. « Nous ne sommes pas des comptables ». Et de rajouter « dans ce statut on a oublié que la pêche est aléatoire. La paie à la part est plus juste et c’est ce que préfèrent les pêcheurs. Ils n’aiment pas être rattachés à un armateur en particulier. Ils aiment pouvoir choisir et changer de bateau », explique Jaros Otcenasek.

« De plus on doit faire face à la concurrence déloyale des navires de Tahiti Nui Rava’i », conclut-il. Ces gros bateaux devaient pêcher pour l’export mais finalement ils viennent vendre sur le marché local. « Ils sont aidés par des subventions du Pays alors que nous autres, on a emprunté ou hypothéqué pour acheter nos bateaux ». Ainsi Jaros Otcenasek et ses pêcheurs veulent être entendu et voir le statut des marins-pêcheurs évoluer et prendre en compte les spécificités du métier. « Partout dans le monde les pêcheurs sont payés à la part, comme disait Nicolas Sarkozy travailler plus pour gagner plus. Ben chez nous on aimerait que ce soit "pêcher plus pour gagner plus" ». Le syndicat veut être autour de la table des discussions pour négocier la location des navires de pêche aux chinois. Jaros Otcenasek sera reçu prochainement par le vice-président Tony Géros pour revenir sur ces points. S’il n’était pas entendu, il prendrait les décisions qui s’imposent.

le Lundi 23 Avril 2012 à 15:12 | Lu 1905 fois