Tahiti Infos

Le savoir-vivre, version numérique : faut-il ajouter son patron sur Facebook ?


Le savoir-vivre, version numérique : faut-il ajouter son patron sur Facebook ?
WASHINGTON, 5 juillet 2014 (AFP) - Que répondre à son patron qui veut être votre "ami" sur Facebook ? Faut-il partager les photos du mariage de votre meilleur ami ? Quand enlever ses lunettes Google ? L'ère numérique a créé de nouvelles règles de savoir-vivre.

"La technologie est source d'angoisse", explique Steven Petrow, auteur de manuels de savoir-vivre qui prodigue depuis le mois dernier des conseils sur les manières numériques pour le journal USA Today.

Il a ainsi récemment évoqué les courriels à envois multiples qui donnent le nom de tous les récipiendaires : pas bien, note-t-il. Les photos de mariage partagées par smartphones envoyées avant les images officielles : demander avant aux mariés.

"En fait, il s'agit de revenir aux principes de base: respect, gentillesse et politesse", affirme M. Petrow à l'AFP.

Les réseaux sociaux comme Facebook posent des problèmes particuliers d'étiquette : si des utilisateurs postent un message annonçant un décès, une naissance ou des fiançailles avant que les proches n'en soient informés, cela crée des tensions dans les familles.

"Sur Facebook, même si votre vie privée peut être protégée, le message peut être capté et renvoyé par quelqu'un d'autre", rappelle Emily Yoffe, qui prodigue ses conseils dans la colonne "Dear Prudence" sur Slate.

"Vous ne pouvez plus contrôler votre message une fois qu'il est posté", ajoute Mme Yoffe, qui conseille de traiter tous les messages sur les réseaux sociaux comme s'ils étaient publics.

M. Petrow remarque d'autres bizarreries, comme le "J'aime" que l'on peut cliquer à l'annonce d'une nouvelle triste.

"En fait, cela veut dire que vous avez pris connaissance de la nouvelle", dit-il, "cela peut se faire, mais je crois qu'il faut ajouter un message pour clarifier ce que vous voulez dire".

- Boulettes sur Twitter -

Les médias sociaux sont souvent utilisés pour rompre, annoncer une nouvelle relation, ce qui peut totalement surprendre la personne à qui on s'adresse. "Il vaut mieux prendre son temps, en discuter avec l'autre personne", suggère-t-il.

Quant aux demandes d'un patron, M. Petrow conseille aux personnes faisant partie de l'encadrement de se tenir à l'écart pour éviter d'éventuels conflits. Les employés ne doivent pas ignorer la requête mais doivent proposer par exemple à la place une connexion au réseau professionnel LinkedIn, selon lui.

L'ère numérique est également entrée à l'Emily Post Institute, qui enseigne depuis plus d'un demi-siècle les bonnes manières.

"Les nouvelles technologies changent la vie des gens", note Daniel Post Senning, auteur d'un livre l'an dernier sur le savoir-vivre numérique.

Il faut donc savoir éteindre son téléphone portable. "Ces outils détournent notre attention des personnes avec qui nous nous trouvons", dit-il à l'AFP, ajoutant que "la plupart des gens le savent instinctivement".

Sur Twitter, la vitesse d'exécution a causé des problèmes.

"Des gens ont perdu leur emploi à cause d'un tweet peu judicieux", affirme Mme Yoffe.

Des boulettes sur Twitter se sont transformées en cauchemars pour les communicants de grandes firmes.

La compagnie aérienne néerlandaise KLM a ainsi soulevé la colère des Mexicains après avoir tweeté "Adios Amigos" (Adieu les Amis) après la défaite du Mexique face aux Pays-Bas lors du Mondial de football. La compagnie a présenté ses excuses, supprimé son tweet, mais le mal était fait.

"Nous encourageons les sociétés à être attractives, mais les personnes doivent comprendre qu'elles parlent au nom de la marque", estime Jeanette Gibson de Hootsuite, conseil en entreprises pour les réseaux sociaux.

Le savoir-vivre est aussi mis à l'épreuve par des objets du style Google Glass, les lunettes interactives.

Google a préventivement offert quelques conseils pour bien les utiliser, et notamment les éteindre dans de nombreuses situations.

Pour M. Petrow, ce genre d'outil fait craindre d'être espionné : "Je ne crois pas que les éteindre va apaiser ces inquiétudes", dit-il, ajoutant que "chaque nouveau gadget crée ses propres problèmes de savoir-vivre".

Pour M. Senning de l'Emily Post Institute, il faut avoir une perspective historique : "Toutes les générations ont pensé que le savoir-vivre se perdait. Quand le téléphone est entré dans les maisons, on pensait que cela allait détruire la vie de famille, et cela n'a pas été le cas".

Rédigé par AFP le Samedi 5 Juillet 2014 à 09:50 | Lu 887 fois