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Le retour des Américains


Tahiti, le 16 juillet 2020 – Le premier vol en provenance des Etats-Unis depuis le confinement s'est posé jeudi matin avec 212 passagers à son bord, malgré les inquiétudes liées à la propagation du Covid-19 en Californie et aux Etats-Unis.
 
Après le premier vol commercial sans mesure de quarantaine, mais avec double test obligatoire, mercredi en provenance de métropole via Vancouver, c'était jeudi matin au tour du premier vol retour des Etats-Unis de se poser à l'aéroport de Tahiti-Faa'a. A son bord, 212 passagers parmi lesquels des touristes américains, mais aussi des résidents polynésiens vivant aux Etats-Unis ou bloqués sur place depuis le confinement. Comme pour tous les arrivants, ces passagers se sont vus remettre un kit d'auto-dépistage à retourner sous quatre jours auprès de l'Institut Malardé, via les hôtels ou les structures de santé publique.
 
Une nouvelle fois, la ministre du Tourisme, Nicole Bouteau, était présente pour constater la bonne marche des opérations et surtout défendre ce retour de touristes en provenance d'une destination particulièrement touchée par le coronavirus ces dernières semaines. Consciente de la menace de l'importation du virus au fenua, la ministre avait d'ailleurs légèrement adapté sa communication, parlant de destination "Covid-prepared" davantage que "Covid-free".
 
La Californie, deuxième Etat américain le plus touché
 
Toute la problématique des arrivants américains réside dans la reprise de la progression de l'épidémie aux Etats-Unis depuis un peu moins d'un mois. Jeudi, l'AFP annonçait un nouveau record de contaminations quotidiennes au Covid-19 avec plus de 68 000 nouveaux cas enregistrés en 24 heures, et 3,6 millions de cas diagnostiqués dans le Pays depuis le début de l'épidémie. La Californie est le second Etat le plus touché des Etats-Unis après la Floride. Le gouverneur californien a décidé en début de semaine de procéder à des mesures de re-confinement.
 
Tous parés de leurs masques, les passagers à la descente de l'avion se voulaient pourtant rassurants sur l'état de l'épidémie sur leur territoire, évoquant notamment le lourd battage médiatique lié à la campagne présidentielle américaine. Mais surtout, les touristes américains se réjouissaient, comme pour leurs homologues arrivés la veille de métropole, de se retrouver dans un Pays aujourd'hui vide de Covid. Rappelons que trois vols hebdomadaires vers les Etats-Unis sont mis en place au fenua. Un peu plus tôt jeudi matin, c'était également le premier retour d'un vol commercial French Bee en Polynésie depuis le confinement.
 

Une polynésienne vivant aux Etats-Unis : "Il faut essayer de vivre avec le Covid"

"Là où on vit tout était bien. Les résidents étaient très respectueux, tout le monde portait des masques. Les Etats-Unis n'ont jamais été aussi divisés (…). C'est vraiment une affaire politique entre les Républicains et les Démocrates qui essaient de réduire au maximum le nombre de cas de Covid. La Polynésie a fait au mieux pour assurer la sécurité de tous. Je ne peux pas parler pour les autres, mais mon petit frère et moi avons tout fait pour respecter la santé de tout le monde. Après il faut essayer de vivre avec le Covid. Il faut trouver un juste milieu (…)."
 

Un couple de touristes américains : "C'est le paradis"

"Nous avons décidé de venir ici en vacances car c'est beau. C'est la première fois que nous venons ici. Nous avons vu des cartes postales de Bora-Bora et c'est juste magnifique, c'est le paradis. On est content d'être là. Nous allons faire très attention à cause du Covid. Les mesures sanitaires mises en place ici sont bien, c'est plus sécurisant. En plus tout le monde a été dépisté, c'est une bonne idée."
 

Nicole Bouteau ministre du tourisme "On est Covid-prepared"

"L'économie touristique va reprendre lentement, mais pas au même niveau de fréquentation qu'avant la Covid. Il était important que la reprise du tourisme puisse démarrer, pour l'industrie touristique, pour les milliers d'emplois qui sont concernés. Cela représente 12 000 emplois directs, plus de 20 000 emplois indirects (…). Je n'ai jamais vu autant d'entreprises polynésiennes venir solliciter les soutiens au dispositif de réduction du temps de travail. En cascade, c'est toute notre économie qui est touchée (…). La crise est mondiale, l'industrie touristique est frappée à travers le monde (…). On pourrait se retrouver à une situation équivalente à 2019, peut-être en 2022 ou 2023. La remontée va être lente. (Sur la destination Covid-free) Au-delà de "Covid Free", c'est surtout "Covid prepared". C’est-à-dire que nous sommes une destination préparée. Nous sommes une destination qui a fait la démonstration que nous étions en capacité de maîtriser une épidémie, d'éviter son expansion."
 

Michel Monvoisin, P-DG de Air Tahiti Nui : "On va faire entre moins 55 et 60% de perte de recette"

"Je ne suis pas expert en santé, mais évidemment que le risque zéro n'existe pas. Les mesures qui sont prises sont très protectrices. L'avantage c'est qu'on est un petit pays avec des petits volumes. Donc on peut se permettre de faire tous ces contrôles. Sur le transatlantique où il y a des millions de passagers tous les jours, ce n'est pas possible de faire ça. (Sur le retour des vols commerciaux) Cela va aider toute l'industrie touristique (…). On réamorce la pompe. Il ne faut pas oublier qu'on est en haute saison (…). On a, aux Etats-Unis, jusqu'à 15 vols par semaine, et là on en n'est qu'à 3. C'est une toute petite haute saison. On va faire entre moins 55 et 60% de perte de recette. Il fallait redémarrer sinon après le risque est économique. Et c'est des risques de perte d'emploi par milliers (…).

Jean-Michel Ratron directeur de Aéroport de Tahiti (ADT) : "Nous devrons sauver les emplois"

"Cela fait du bien car on a de nouveau l'activité qui a démarré mais pas du tout au même niveau que l'an dernier. C'est une activité importante pour tous les salariés de la plateforme. Leurs emplois sont un peu plus sécurisés, à partir du moment où les passagers reviennent (…). Si la reprise n'avait pas démarré, le risque aurait été effectivement que des emplois soient perdus. Nous avons mis en place un dispositif de 80% de temps de travail jusqu'à fin novembre. C'est un gros effort qui est consenti par les salariés. C'était la seule façon pour nous de maintenir les emplois (…). Le trafic reprend (…) ça nous permet de sécuriser les emplois (…)."
 

Elvis, commerçant au marché Mapuru a Paraita : "Je suis content que les touristes soient arrivés"

"Je suis content que les touristes soient arrivés, que nous puissions reprendre notre travail comme avant. Cela fait deux mois et demi qu'on attend (…). Nous sommes dans le secteur touristique et nous vendons nos produits à destination de l'international comme le monoï, la vanille et de l'artisanat. Le fait qu'on mette une amende de 89 000 Fcfp va faire prendre conscience aux gens qu'il faut vraiment se protéger (…). Ce n'est pas de la rigolade."
 

Cliente au marché Mapuru a Paraita : "Si on veut que l'économie dans notre Pays avance, on est obligé"

"Il faut suivre les gestes barrières, il faut faire attention. Pour l'amende, c'est une bonne chose. Par contre, c'est beaucoup, c'est même trop mais il y a juste à faire attention. Il y en a qui n'écoutent pas. Le seul moyen c'est de mettre des amendes. Pour l'ouverture des frontières, c'est une bonne chose. Si on veut que l'économie dans notre Pays avance, on est obligé."
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Vendredi 17 Juillet 2020 à 10:10 | Lu 5714 fois