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Le ras-le-bol d'un apiculteur de Paea


Tahiti, le 9 octobre 2025 - Depuis près d'un an et demi, un apiculteur de la vallée d'Orofero, à Paea, n'a plus accès à son exploitation. Situé pourtant sur une parcelle du Pays et mis à disposition de l'intéressé pour une période de 9 ans, le terrain est aujourd'hui bloqué par un résident voisin. Ce dernier se revendique Pakumotu et se contente de dire aux différentes autorités : “O vau te fatu !” 
 
Colère, impuissance, agacement… Au fond de la vallée d'Orofero, à Paea, des tensions s'enlisent entre deux résidents. En effet, depuis 2023, Hector (nom d'emprunt) loue une parcelle du Pays pour sa petite exploitation agricole : un terrain de 600 m2, mis à disposition de l'apiculteur pour une durée de 9 ans, sur lequel celui-ci a installé ses ruches mais également des citronniers. Or, depuis l'installation de sa petite structure, impossible pour ce dernier d'accéder à son exploitation. En face, un autre résident, Dan (nom d'emprunt également), s'y oppose. En effet, ce dernier se revendique Pakumotu et ne reconnaît pas cette terre comme une propriété du Pays, mais la sienne. Et si les deux hommes se connaissent très bien – tous deux ont fait partie de l'association de protection de la vallée, Fa'a rahi – Dan insiste : “O vau te fatu !” (“C'est moi le chef !”) Le ton est monté à plusieurs reprises et, aujourd’hui, le “fatu” ne tergiverse plus. Ce dernier a complètement barricadé l'accès au terrain, laissant même ses “chiens méchants” afin de dissuader quiconque de s'approcher.
 
Une situation qui n'a laissé d'autre solution à Hector que de prévenir les autorités : “J'ai prévenu l'association, mais rien. Ils ont peur de lui”, explique l'apiculteur. “Ensuite, j'ai croisé un mūto'i dans le chemin et je lui ai demandé de m'accompagner pour aller voir, constater et engager une procédure. Pareil, rien.” Déçu mais pas résigné, Hector a pris la peine de mandater un huissier. Mais une fois encore, en vain : “Nous y sommes allés à deux reprises. Mais l'autre (Dan), il est intelligent. Il s'est approché, et quand on lui a demandé si on pouvait discuter, il s'est contenté de se retourner, nous tourner le dos et partir. Et personne n'est allé lui courir après. J'ai regardé l'huissier et je lui ai dit : ‘Vous voyez, il a encore gagné, là...’ À quoi ça sert de payer un huissier si même lui n'a aucun pouvoir dans ce genre de situation ?” Pour autant, l'huissier a pris la peine de saisir le haut-commissariat via un courrier officiel – datant d'avril 2024 – afin que ce dernier mette à disposition les forces de la gendarmerie de Paea pour l'accompagner dans une troisième tentative. Une requête retoquée en août 2024 par le haut-commissariat, qui estime que le litige doit être pris en charge par l'administration du Pays.
 
Un an plus tard, toujours rien. “L'autre jour, au bord de la route, j'ai vu un gars vendre des citrons. J'ai tout de suite reconnu mes citrons”, assure Hector. “Donc, non seulement je n'ai pas accès à mes ruches et à mes citronniers, mais en plus il se permet de cueillir les citrons et de les revendre ! Évidemment, pour dissiper les soupçons, il ne les revend pas lui-même. Mais vous savez comment ça marche, il demande à quelqu'un de le faire pour lui et en échange, il lui donne une partie de l'argent récolté.” Aujourd'hui, l'homme en appelle à l'intervention de la commune. En période électorale, peut-être que...
 

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 9 Octobre 2025 à 15:11 | Lu 8030 fois