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Le prêt de deux pandas de la Chine à la France, quasiment secret d'Etat


Le prêt de deux pandas de la Chine à la France, quasiment secret d'Etat
CHENGDU, 30 novembre 2011 (AFP) - Tandis que les dirigeants des grandes puissances mondiales se penchaient fébrilement sur la crise de la zone euro au sommet du G20 de Cannes début novembre, le sort de deux pandas géants était dans la balance.

Le prêt chinois, négocié au plus haut niveau de part et d'autre, devait être annoncé en marge de la rencontre bilatérale entre les présidents français et chinois, Nicolas Sarkozy et Hu Jintao. Hélas le psychodrame autour du référendum grec a escamoté les pandas chinois.

Les détails de l'accord -- notamment l'identité et l'âge des deux pandas destinés au zoo de Beauval, dans le centre de la France -- vont rester confidentiels jusqu'à ce que le chef de l'Etat chinois donne son accord au prêt, signe de l'importance accordée par Pékin à "la diplomatie du panda".

Mais pour le moment, nos deux mammifères mâchonnent tranquillement des bambous dans le centre d'élevage des pandas de la ville de Chengdu (sud-ouest), où ils doivent être séparés des autres animaux pendant trois mois avant d'aller en France.

En moyenne, pour chacun, il faut 100 kilos de bambous par jour, dont il n'avale que le coeur après avoir recraché l'écorce. Ces bambous, qui viennent des montagnes proches de cette province du Sichuan, se transforment en 30 kilos d'excréments par jour pour chaque panda.

Li Mingxi dirige le centre où 108 pandas âgés de quelques mois à 27 ans mangent, dorment et grimpent aux arbres dans des enclos verdoyants.

Li avoue ne pas savoir grand chose du couple de pandas destiné à la France, qu'il qualifie "d'affaire au niveau de l'Etat", mais lâche tout de même que les deux mammifères ont droit à "un traitement spécial" avant de partir.

faible libido

La Chine a loué des dizaines de pandas à d'autres pays ces dernières décennies: Etats-Unis, Thaïlande, Singapour, Espagne, Autriche ou Japon.

Mais il s'agira des premiers pandas géants chinois à se retrouver dans un zoo en France depuis la mort de Yen Yen en 2000 au zoo de Vincennes, près de Paris. Il avait été "donné" par Pékin sous le président Georges Pompidou dans les années 1970 avec un autre panda, mort peu après son arrivée.

On ignore quel est le coût du "prêt" au zoo de Beauval, mais l'Ecosse va apparemment acquitter un million de dollars par an (770.000 euros) pour l'envoi de deux pandas au zoo d'Edimbourg.

Les pandas seront accompagnés en France par au moins deux "experts vétérinaires" chinois qui se relaieront tous les six mois, dit M. Li.

Les animaux sont fortement encouragés à se reproduire pendant leur séjour à l'étranger, d'une durée maximale de dix ans. Tout rejeton rentrerait avec ses parents en Chine, où il ne reste plus que 1.600 individus de cette espèce menacée encore en liberté, notamment en raison des coupes de forêts de bambous, leur habitat naturel, ainsi que 300 autres en captivité.

S'ils "refusent d'avoir des rapports sexuels", ce qui n'est pas inhabituel chez les pandas, animaux connus pour leur faible libido, le zoo procèdera à des inséminations artificielles, explique M. Li.

"En terme de reproduction, la chose la plus importante est qu'ils s'aiment", dit M. Li.

"C'est la même chose pour les êtres humains -- parfois vous aimez quelqu'un, mais cette personne ne vous aime pas en retour".

Vu la durée des négociations, et le coût élevé de la location des pandas chinois, le zoo de Beauval espère que les mammifères noirs et blancs de près de 150 kilos attireront un nombre accru de visiteurs.

"L'espace d'accueil est construit", a dit début novembre la ministre française de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet qui s'est rendue dans la réserve de pandas de Wolong, près de Chengdu.

"Les Chinois l'ont visité et ils ont dit que c'était le plus bel espace d'accueil qu'ils avaient vu en dehors de celui de Chengdu".

"Le panda est un animal tellement symbolique qu'un prêt de ce type nécessite en Chine un accord du plus haut niveau. C'est la raison pour laquelle il manque encore le dernier signal", a-t-elle encore expliqué.

"J'espère qu'on pourra finaliser les choses par lettre dans les semaines qui viennent", a ajouté la ministre.

Rédigé par Par Allison JACKSON le Mercredi 30 Novembre 2011 à 05:42 | Lu 535 fois