Tahiti Infos

Le président polynésien Temaru devient un soutien encombrant pour Hollande


Le président polynésien Temaru devient un soutien encombrant pour Hollande
PARIS, 3 avr 2012 (AFP) - Oscar Temaru, président indépendantiste de la Polynésie française, qui ne cesse de s'en prendre à Nicolas Sarkozy depuis deux semaines, devient un soutien encombrant pour François Hollande en servant d'angle d'attaque pour l'UMP.

Le leader indépendantiste et figure de la gauche locale a accusé à plusieurs reprises le chef de l'Etat d'avoir "les mains pleines de sang" à la suite de la guerre en Libye, insinuant dans des propos confus que Kadhafi aurait financé sa campagne en 2007.

Ces derniers jours il a aussi déploré devant l'assemblée de la Polynésie que la population de l'archipel soit atteinte du "syndrome de Stockholm", et souhaité que la première mesure de François Hollande, s'il était élu, soit de contribuer à "la réinscription de la Polynésie sur la liste de l'Onu des pays à décoloniser", le combat inabouti de sa vie politique.

Le candidat socialiste à la présidentielle avait pourtant clairement dit le mois dernier qu'il n'était "pas pour l'indépendance" de ce territoire à l'autonomie déjà très grande.

Oscar Temaru n'est pas membre du PS, mais son parti, le Tavini Huiraatira, et le PS sont liés par une convention de partenariat au nom de laquelle ils s'apportent un soutien mutuel aux élections. Interrogé sur le tort qu'il faisait à son candidat, M. Temaru est resté évasif.

Ces saillies interviennent dans un contexte de relations très tendues entre l'Etat français et ce cinquième gouvernement présidé par Oscar Temaru, en poste depuis tout juste un an. Une longévité inhabituelle en Polynésie, où 13 gouvernements se sont succédé ces 8 dernières années, sur fond de crise sociale et de dégradation économique.

L'UMP n'a pas manqué de dénoncer des "propos insultants". "Cette indignité personnelle d'Oscar Temaru est devenue un scandale collectif pour le Parti socialiste, un scandale auquel François Hollande doit mettre un terme sans délai", a asséné Nathalie Kosciusko-Morizet, la porte-parole du candidat Sarkozy, qui a réagi à plusieurs reprises aux propos de M. Temaru.

Au PS, Victorin Lurel, en charge de l'Outre-mer dans l'équipe de Hollande, a déploré "des propos maladroits, parfois outranciers" qui ne sont "pas les nôtres" et que le PS "ne partage pas".

Tout en respectant la "liberté de parole" du Tavini, M. Lurel n'a pas caché que "nous aurions préféré un soutien sobre, modéré et efficace". Mais le député PS de Guadeloupe reproche à l'UMP d'"agiter le chiffon rouge pour effrayer les Polynésiens avec la menace d'une indépendance".

Distante d'environ 17.000 km de la métropole, la Polynésie française a toujours jaugé l'élection présidentielle à l'aune des enjeux locaux. Le clivage gauche/droite a peu de sens pour la plupart des 180.000 électeurs polynésiens, qui suivent traditionnellement les consignes de vote de leurs chefs de partis.

Pour la plupart des autonomistes, Nicolas Sarkozy est le seul rempart à l'indépendance. Pour les indépendantistes, il symbolise un Etat colonialiste, qui ne "reconnaît pas le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes".

Dans l'autre sens, l'UMP et le PS ne sont pas trop regardants sur l'origine des quelques dizaines de milliers de voix qui leur sont apportées par les partis locaux.

A cet égard, le soutien apporté récemment à M. Sarkozy par Gaston Flosse -- plusieurs fois condamné pour détournement de fonds publics -- n'a pas suscité de commentaire à l'UMP.

Pourtant, le sénateur (DVD), ancien président de la Polynésie proche de Jacques Chirac et leader de l'un des principaux partis autonomistes, soutenait Dominique de Villepin, jusqu'à son retrait de la course. Il avait été très dur à l'encontre de Nicolas Sarkozy depuis 2007.

Temaru: "propos maladroits, parfois outranciers", déplore Lurel

Le président polynésien Temaru devient un soutien encombrant pour Hollande
Victorin Lurel, responsable du pôle outre-mer dans l'équipe de campagne de François Hollande, a déploré mardi les propos "maladroits, parfois outranciers" d'Oscar Temaru, président de la Polynésie français et soutien local du candidat socialiste.

M. Temaru, dont le parti indépendantiste Tavini Huiraatira est lié par une convention de soutien mutuel aux élections avec le PS, a multiplié ces deux dernières semaines les attaques virulentes contre Nicolas Sarkozy, accusé d'avoir "les mains pleines de sang", et l'Etat français.

"Nous déplorons ces propos. Ce sont des propos maladroits, parfois outranciers, ce ne sont pas les nôtres, nous ne les partageons pas", a déclaré à l'AFP Victorin Lurel.

"Nous avons une convention avec le Tavini, nous respectons leur liberté (...) Nous aurions préféré un soutien sobre, modéré et efficace mais on respecte le parti de M. Temaru", a ajouté le député de Guadeloupe.

M. Lurel a insisté sur le fait que "François Hollande a dit très clairement aux Polynésiens qu'il n'était pas pour l'indépendance et qu'il resterait attentif à l'expression de la population".

"On ne demande pas à M. Temaru de cadenasser son expression mais l'UMP n'a pas à instrumentaliser ces propos", a poursuivi M. Lurel.

"Plus il est provoqué par l'UMP et plus il répète ses propos. Ils agitent ce chiffon rouge pour effrayer les Polynésiens avec la menace d'une indépendance. L'UMP veut nous gêner", a regretté M. Lurel.

sla/mad/phc

Rédigé par Par Mike LEYRAL et Sophie LAUTIER le Mardi 3 Avril 2012 à 05:31 | Lu 5118 fois