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Le préservatif "French touch" que le maire de Condom ne digère pas


Le préservatif "French touch" que le maire de Condom ne digère pas
TOULOUSE, 11 janvier 2011 (AFP) - Le maire de la cité gersoise de Condom - mot signifiant préservatif en anglais - a manqué s'en étouffer : il a découvert ce week-end qu'une entreprise fondée par un véritable prince du sang français, un Bourbon-Parme, vendait une capote "de luxe" d'origine "Condom".

Bernard Gallardo a appris incidemment par un article du journal Sud-Ouest qu'une entreprise utilise le nom de sa commune "pour faire marcher son affaire commerciale" : "The original Condom company".

Ils ont une adresse, 1 rue Honoré Cazaubon, mais "il s'agit d'un bureau loué depuis plusieurs mois dans lequel il n'y a personne", une simple adresse juridique, "le produit ne transite absolument pas par Condom à ce jour", a expliqué le maire à l'AFP.

"Pour l'instant, je souhaite recueillir des éléments auprès de notre juriste pour comprendre, recevoir ces personnes et examiner l'intérêt pour Condom. S'il n'y en a pas, il faut voir si l'on peut faire quelque chose", a-t-il ajouté.

"Ce qui me désole, remarque Bernard Gallardo, c'est qu'un tel projet n'ait pas fait l'objet préalablement d'une rencontre entre les concepteurs et le maire de la commune. Je pense que c'était le minimum avant de le lancer".

"Si cela doit développer une importante activité commerciale pour Condom avec création d'emplois, on peut y réfléchir", a-t-il indiqué, toute en notant qu'il prend tout de même l'affaire "avec humour".

L'histoire pourrait au départ ressembler à une blague de potaches de deux amis d'enfance pour commercialiser ce qu'ils qualifient de "premier préservatif de luxe, chic et élégant, avec cette fameuse +french touch+", présenté dans un "écrin élégant et raffiné, inspiré du monde de la joaillerie".

Mais les hommes d'affaire à l'origine du concept sont de vrais aristocrates, amis d'enfance, le prince Charles-Emmanuel de Bourbon Parme, descendant de Louis XIV, et le comte Gil de Bizemont.

L'idée des deux compères, qui ont autrefois partagé les bancs d'un pensionnat, était de "changer l’image des préservatifs, en apportant de l’élégance, de l’humour, un soupçon de +french touch+ à un produit très conventionnel", expliquent-ils sur le site internet de leur société (www.theoriginalcondom.com.

"Nous voulons sortir la boîte de préservatifs du tiroir de la table de nuit et la poser sur la table de nuit", lance Charles-Emmanuel, tandis que Gil n'hésite pas à assurer : "Les préservatifs préservent de tout, les nôtres de la vulgarité".

En bref, ils offrent depuis 2009 un préservatif à deux euros l'unité, uniquement vendu aux Etats-Unis, pour du "+safe sex+ avec élégance, chic, et +eco-aware+", affichent-ils dans un sabir anglo-français.

Mais sur leur site, ils n'hésitent pas à affirmer que "The Original Condom vient de la ville de Condom, du sud de la France".

"C'est un bon argument de vente, mais un mensonge", note Bernard Gallardo, qui s'interroge : "A-t-on le droit d'utiliser le nom de Condom pour commercialiser des préservatifs qui sont fabriqués en Malaisie et vendus par internet ?".

Contactés par l'AFP par courriel, les dirigeants de la société n'ont pas répondu.

L'affaire ne découragera sans doute pas les amateurs américains, seuls destinataires pour l'instant de ces préservatifs à la forme "classique, en usage depuis des années en France, afin de respecter nos traditions, nos valeurs" françaises, précise le site de la société.

Rédigé par Par Guy CLAVEL le Mardi 11 Janvier 2011 à 06:58 | Lu 992 fois