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Le pihiti, fierté de Ua Huka, menacé par le rat noir


(crédit : Caroline Blanvillain)
(crédit : Caroline Blanvillain)
PAPEETE, le 25 mai 2014 – Pour sauver le pihiti, un magnifique oiseau bleu proche de la perruche qui ne survit plus qu’à Ua Huka et nulle part ailleurs dans le monde, les Marquisiens se mobilisent contre le rat noir.


Dans les îles Marquises existe un oiseau proche de la perruche au spectaculaire plumage bleu. Le pihiti (lori ultramarin) ne survit plus qu’à Ua Huka après avoir été exterminé des autres îles de l’archipel. Un autre oiseau endémique survit sur cette île : le pati’oti’o, ou monarque pie, cousin du monarque de Tahiti. Les habitants de Ua Huka ont décidé de s’organiser et de prendre en main la protection de ces oiseaux avec l’expertise de la Société d’Ornithologie de Polynésie (SOP-Manu).

Des pièges à rats dans tous les points d’entrée

La lutte contre le rat est utile pour protéger les espèces traditionnelles de l’île, mais aussi pour des raisons économiques. Les cocoteraies sont très vulnérables à cette peste animale : elle représenterait une perte en coprah de 14,3 millions Fcfp par an pour les habitants de Ua Huka et de 2 millions en moins pour les deux armateurs qui se partagent le transport du coprah. Le rat est également un vecteur de la leptospirose, une maladie potentiellement mortelle.

Trois actions contre le rat noir sont menées depuis 2 ans dans le cadre d’un projet financé par l’Union Européenne, la Direction de l’Environnement (DIREN) et depuis 2014 par l’Etat français : 31 pièges à rat ont été installés aux quais de Vaipae et de Hane et à l’aéroport, et leurs appâts empoisonnés sont changés tous les mois. Les marchandises importées sont inspectées systématiquement et les entreprises à Tahiti et les armateurs ont été formés à la lutte contre le rat. La population a été mobilisée et un Groupe de Gestion Participative a rassemblé plus de 100 habitants lors de réunions à Ua Huka. Enfin, une répétition d’une alerte générale au rat noir a été effectuée fin 2013 avec succès.

Si le pihiti et le pati’oti’o batifolent à Ua Huka et que le ‘ura (un cousin du pihiti au plumage rouge jaune et vert) prospère à Rimatara, c’est que ce sont les toutes dernières îles de toute la Polynésie à être épargnées par le rat noir. Cet animal a souvent signé l’arrêt de mort pour les oiseaux qui habitaient nos îles avant l’arrivée des européens. En absence de prédateurs, ils ont en effet évolué pour ne pas être craintifs, et font souvent leur nid dans des endroits facilement accessibles.

Une ressource touristique

Et c’est bien dommage, car leur sauvegarde, en plus de préserver la biodiversité de nos archipels, est un véritable atout touristique. En extrapolant les chiffres d’autres destinations du Pacifique ayant préservé un oiseau unique, l’association Manu compte que les dernières espèces préservées en Polynésie française pourraient intéresser plus de 10 000 touristes étrangers chaque année. Un tel développement de l’écotourisme permettrait de plus de permettre aux actions de préservations des oiseaux d’être autofinancées.



(crédit : Caroline Blanvillain)
(crédit : Caroline Blanvillain)
Le Pihiti (Lori ultramarin)
Autrefois présent dans 6 îles des Marquises (Ua Huka, Hiva Oa, Nuku Hiva, Ua Pou, Tahuata et réintroduit sur Fatu Hiva) l’espèce ne survit plus qu’à Ua Huka, la dernière île habitée indemne de rat noir. Aucun Zoo ni particulier n’a jamais réussi la reproduction de l’espèce en captivité : Manu assure donc que ces oiseaux seront sauvé par la protection de l’île contre le rat noir ou disparaitront à jamais.



(crédit : Caroline Blanvillain)
(crédit : Caroline Blanvillain)
Le Pati’oti’o (Monarque pie)
Le pati’oti’o, un cousin du monarque de Tahiti et du monarque de Fatu, est présent à Ua Huka (Marquises), et nulle part ailleurs au monde. Si le rat noir s’établissait sur son île, en moins de vingt ans le Monarque pie serait aussi menacé que ses deux cousins qui sont parmi les 20 oiseaux les plus menacés de disparaître au monde. Le pati’oti’o est inscrite en catégorie A sur la liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française. Elle est classée « vulnérable » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.


Un chien renifleur de rats
La Nouvelle Zélande est devenue spécialiste du dressage des chiens détecteurs de rats. La municipalité de Ua Huka a décidé d’accorder une subvention de 1 million Fcfp au projet d’importation de ce détecteur à pattes, ce qui va permettre à la SOP d’acheter le chien en nouvelle Zélande et d’effectuer son dressage. Il reste 1,5 million Fcfp à trouver pour l’année prochaine. L’île de Rimatara vient de suivre son exemple en votant le même budget pour protéger son ‘ura.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 25 Juin 2014 à 16:09 | Lu 5263 fois