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Le meurtre de Mataiea requalifié en coups mortels


Le meurtre de Mataiea requalifié en coups mortels
Tahiti, le 19 septembre – La juge d'instruction en charge de l'information judiciaire ouverte en septembre 2023 suite au décès d'un jeune homme lors d'une transaction d'ice à Mataiea a rendu, le 20 août, son ordonnance de mise en accusation. Initialement mis en examen pour meurtre, les cinq hommes mis en cause dans cette affaire seront finalement jugés pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner devant la cour d'assises des mineurs.
 
Un peu moins de deux ans après la violente mort d'un homme de 33 ans à Mataiea et l'arrestation de cinq individus, la juge d'instruction en charge de l'information judiciaire ouverte pour meurtre a rendu, le 20 août dernier, son ordonnance de mise en accusation (OMA). Les cinq mis en cause seront finalement jugés pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, la magistrate ayant, tout comme le parquet, analysé que “les faits initialement qualifiés de meurtre s'analysaient plus justement” en coups mortels.

L'affaire, qui avait choqué l'opinion publique, avait démarré le 24 septembre 2023 lorsqu'un habitant de Mataiea avait découvert le corps sans vie d'un homme de 33 ans recouvert d'une bâche sur un terrain vague. Arrivés sur place, les pompiers avaient constaté que la victime était décédée depuis plusieurs heures et n'avaient donc pas entamé de tentative de réanimation. Sur les lieux, les gendarmes de la brigade de Taravao avaient saisi une casquette, une paire de claquettes et un véhicule de location qui avait été utilisé par le défunt.

Une transaction qui tourne mal

Tel que le relève la juge d'instruction dans son OMA, la victime était un homme “connu des services de police et de gendarmerie” qui avait déjà été incarcéré et qui était, à l'époque, mis en examen pour “association de malfaiteurs” et transport d'armes dans le cadre de l'affaire de la fusillade commise aux abords du Liberty le 25 janvier 2022. Selon sa compagne, l'homme avait sombré dans l'ice cinq ans avant son décès.

Au lendemain de la découverte du corps, trois individus s'étaient spontanément présentés à la gendarmerie pour faire part de leur implication dans la mort du trentenaire. L'un d'entre eux avait notamment expliqué que ce soir-là, la victime s'était rendue chez l'un des mis en cause afin d'acheter 10 grammes d'ice pour un montant d'1,4 million de francs. L'homme avait dérobé les stupéfiants et avait ensuite tenté de prendre la fuite. Tel que l'avaient rapporté deux femmes vivant en face de la scène du crime, cinq individus s'en étaient alors pris à la victime qui avait été attachée avec une corde et frappée.

Mort par strangulation

L'autopsie pratiquée sur le corps du trentenaire avait démontré la présence de “nombreux hématomes” et avait déterminé que “les liens qui avaient enserré ses poignets et les extrémités inférieures des jambes étaient très serrés”. Le décès résultait d'une “asphyxie mécanique”. Les analyses toxicologiques avaient par ailleurs permis d'établir qu'il avait consommé de l'ice avant son décès.

Dans son OMA, la juge d'instruction justifie la nécessité de requalifier les faits de meurtre en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner en expliquant que “si le motif initial de l'altercation ne fait aucun débat”, “la qualification de meurtre, supposant l'intention d’homicide, pose davantage question au regard des circonstances de la commission des faits et de l'implication de chacun des protagonistes”. Elle relève ainsi que les cinq mis en examen ont participé aux violences “sans que ne soit démontrée, sans doute raisonnable, leur intention de tuer”.

Les cinq mis en examen, qui étaient inconnus de la justice avant les faits et dont certains étaient alors encore mineurs, seront donc prochainement jugés devant la cour d'assises des mineurs.

Rédigé par Garance Colbert le Dimanche 21 Septembre 2025 à 17:20 | Lu 1938 fois