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Le marché de l’emploi se dégradait déjà en 2019


Tahiti, le 29 mars 2021 - C’était avant la crise Covid, mais on observait déjà en 2019 une légère dégradation de la situation sur le marché du travail, comme le révèle lundi une publication de l’ISPF tirée des données de l’enquête Emploi menée cette année-là.
 
Deuxième année d’observation après la restauration en 2018 par l’Institut de la statistique (ISPF) d’une enquête sur la situation de l’emploi au fenua, l’exploitation des données recueillies en 2019 montre une relative stabilité des taux d’emploi  et de chômage. Les deux indicateurs s’établissent respectivement à 52% (+0,01% sur un an) et 12,8 % (-1,7% sur un an). Mais comme le constate l’ISPF dans son bulletin publié lundi dans la collection Points études et bilans, alors qu’elle n’a pas d’incidence sur le taux d’emploi cette baisse du taux de chômage est en réalité corrélée avec une baisse du taux d’activité, en chute d’un point sur la période. Le taux d’activité mesure la part des personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi ou qui en recherche un activement. La baisse du taux de chômage en 2019 correspond ainsi au glissement de chômeurs dans le halo du chômage et de personnes comptées en 2018 dans ce halo mais ayant basculé quelques mois plus tard dans l’inactivité. En d’autres termes, "la stabilité de l’emploi en 2019 s’accompagne d’un éloignement du marché du travail par les individus sans emploi", conclut l’ISPF dans sa note. 

A noter que le "halo" du chômage est composé des individus que l’on ne compte pas comme des chômeurs, parce qu’ils ne sont pas à la recherche active d’un emploi. Mais lorsqu’ils sont interrogés, ils admettent qu’ils souhaiteraient en avoir un. Ce sont des chômeurs découragés, des mères de famille dont la situation ne permet pas d’être disponibles très rapidement pour un emploi, etc. 

En 2019, sur les 184 200 Polynésiens âgés de 15 à 64 ans, 95 700 (52%) avaient un emploi et 14 000 étaient des chômeurs à la recherche d’un travail. Parallèlement, le halo du chômage était composé de 20 800 personnes : 600 à la recherche d’un emploi mais non disponibles momentanément et 20 200 ne cherchant pas d’emploi mais souhaitant en avoir un. Au bout du spectre, les 53 700 personnes restantes entrent dans la catégorie des inactifs, c’est-à-dire en âge de travailler mais ne cherchant pas d’emploi et ne souhaitant pas travailler.

Le diplôme sésame pour l’emploi

Autre tendance confirmée par l’enquête Emploi 2019 : L’accès au marché de l’emploi pour les femmes et les plus jeunes est toujours problématique. Les taux d’emploi et d’activité des femmes s’établissent ainsi à 45,1% et 53,8%, soit un différentiel de 13,6 et 11,5 points respectivement avec ceux des hommes, alors que ces écarts sont de l’ordre de 6 points en France hexagonale. Le taux de chômage des femmes est également nettement supérieur à celui des hommes, 16% contre 10,1%, quand ce différentiel est au plus de 3 points dans les départements d’outre-mer et inexistant en France hexagonale.
Le taux de chômage des 15 à 29 ans est de 27,4 %, soit un peu plus d’un jeune sur quatre, quand celui des 30 à 49 ans est de 9,2 %. Pour les jeunes, le diplôme est un sésame pour l’emploi. Les personnes détentrices d’un diplôme universitaire sont les plus insérées sur le marché du travail. Près de 80 % d’entre elles sont en emploi et leur taux de chômage est de 5,3%. A l’inverse, l’activité des individus peu ou pas diplômés est faible avec un taux d’emploi respectivement de 38,2% et de 43,6%.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 29 Mars 2021 à 16:36 | Lu 1146 fois